La revalorisation salariale annoncée par le gouvernement ne devrait compromettre outre mesure l’équilibre budgétaire et les investissements en cours. Et pour cause, l’embellie des régies financières et la maîtrise des dépenses publiques induisent un accroissement des ressources.
Plus de 60 milliards F Cfa par an pour la hausse supplémentaire des salaires et le paiement des Aspirants au métier d’enseignant (Ame)… Le Bénin tiendra-t-il sur le long terme, sachant que de nombreux défis attendent le gouvernement en matière de sécurité, d’infrastructures sociocommunautaires, d’accès aux services sociaux de base ?
« Opérer une telle augmentation subitement peut donner l’impression que les critères de convergence ne sont pas respectés ou alors, que nous n’avons pas agi pour tenir compte des exigences macroéconomiques », admet le président Patrice Talon. Mais le chef de l’Etat a tenu à dissiper les inquiétudes qui sont tout à fait fondées, dans la mesure où l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation pour tous, la lutte contre le terrorisme et bien d’autres constituent des priorités.
« Nous continuerons d’assurer les besoins d’investissements dans tous les secteurs ; que ce soit de l’eau, de l’électricité, les infrastructures routières, pour le paiement de nos dettes ainsi que pour les investissements productifs, de sorte que ce que nous entendons aujourd’hui et qui nous donne de l’espoir, ne compromette pas l’avenir pour nos enfants », assure-t-il. Bien au contraire, s’engage-t-il, conscients de l’importance des gaps à combler, les efforts seront poursuivis de sorte à passer le cap du minimum indispensable pour asseoir le bien-être collectif.
Gestion modèle !
Face aux syndicalistes le 6 décembre, veille de la prise de décision en Conseil des ministres, le président Talon a fait savoir que « beaucoup d’efforts ont été faits, mais raisonnablement ». « L’ampleur des ressources mobilisées et des chantiers ouverts nous en donne l’assurance », a-t-il réitéré, jeudi 8 décembre dernier, face à la Représentation nationale, lors de son discours sur l’état de la Nation.
Le chef de l’Etat tire son optimisme de la politique budgétaire menée depuis six ans, laquelle met l’accent sur le recouvrement des recettes publiques et l’efficacité de la dépense publique. Cette politique est « solidement ancrée aux critères de convergence fixés par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et fait l’objet d’un suivi exhaustif », a salué le Fonds monétaire international (Fmi) dans son Rapport n° 22/111 d’avril dernier intitulé Rapport d’assistance technique—Evaluation de la transparence des finances publiques.
Mieux, il est noté une amélioration constante des ressources mobilisées par les régies financières. A preuve, les services des Impôts, de la Douane et du Trésor ont recouvré en 2021, des produits de recettes brutes pour un montant de 1 294,820 milliards F Cfa, en hausse de 190,692 milliards F Cfa correspondant à un taux de progression de 17,3 % par rapport au montant de 1104,128 milliards F Cfa réalisé à fin décembre 2020, selon le Rapport d’exécution au 31 décembre du budget de l’Etat, gestion 2021 (Rapex) de mars 2022.
Assurance
Les taux de réalisation des recettes brutes des administrations financières se situent ainsi au-delà des 100 % des prévisions contenues dans la loi de finances 2021, grâce aux réformes mises en œuvre et au recouvrement des arriérés. Et pour 2023, les recettes intérieures devraient atteindre 1 840 milliards F Cfa, soit une progression de 10,8 % par rapport aux 1 641,248 milliards F Cfa attendus en 2022.
En ce qui concerne la maîtrise des dépenses ordinaires, la loi de finances s’exécute désormais suivant l’approche de la « double commande » et ce, dans une démarche de planification, de consolidation et de rationalisation de l’utilisation des ressources. Ainsi, les dépenses d’abonnement (consommation en eau, en énergie électrique, en télécommunications) autrefois faramineuses sont mieux contrôlées. De même, l’utilisation des véhicules acquis par l’Administration en mode leasing aurait favorisé la maîtrise des dépenses, tout comme la quantification des crédits devant servir au paiement des dépenses liées aux autres achats de prestations, de fournitures et autres consommables.
Par ailleurs, seuls les projets phares et ceux qui attestent des progrès sont prioritairement éligibles au Programme d’investissement public (Pip). Les crédits pour les dépenses à caractère saisonnier et les investissements purs sont libérés conformément aux besoins préalablement validés. Ainsi, le profil du budget de l’Etat offre de mieux en mieux une maîtrise des dépenses ordinaires en vue de la stabilisation du cadre macroéconomique de l’Etat.
Aké MIDA