Le chef de l’État, Patrice Talon en compagnie de son épouse a été accueilli au Vatican par le souverain pontife le vendredi 18 mai 2018. Une rencontre qui intervient au moment de la célébration des 10 ans de la mort du cardinal Bernardin Gantin qui a marqué l’histoire de l’église romaine. Lors de cette visite le Président de la République du Bénin a abordé plusieurs sujets d’ordre socio-politiques qui constituent des atouts pour la préservation de la liberté religieuse au Benin.
Le couple présidentiel a été reçu dans la curie romaine par sa sainteté, le Pape François. Cette visite de Patrice Talon au Vatican intervient au moment de la célébration des 10 ans de la mort du cardinal Bernardin Gantin, cette grande figure de l’Église béninoise. En 1957, le cardinal Bernardin Gantin était en effet l’un des plus jeunes évêques africains. A Rome, il a été successivement président des Conseils pontificaux Justice et paix et Cor unum (1976-1984), préfet de la Congrégation pour les évêques (1984-1998). Surtout, le digne fils du Bénin avait été doyen du Sacré Collège de 1993 à 2002. C’est dans une ambiance décontractée, ponctuée de discussions chaleureuses et d’éclats de rires que le président Patrice Talon et le pape François se sont rencontrés officiellement pour la première fois. Au menu de cette discussion privée à la bibliothèque, selon les précisions du Vatican, les questions de développement, de la lutte contre la pauvreté, de la réforme du pays, le dialogue inter-religieux et la situation régionale. Un communiqué du Saint-Siège précise que les deux hommes ont salué « les relations existantes entre le Saint-Siège et le Bénin » ainsi que « la contribution positive de l’Église catholique dans la société béninoise, notamment dans le champ de l’éducation, de la santé et de la promotion humaine ». Au cours de cet entretien, le président Patrice Talon a partagé sa vision pour le Bénin et le fondement de ses idéologies qui tirent leurs sources de la vie de l’icône de la lutte anti apartheid Nelson Mandela. « Pour moi, c’était un jour de grâce et cela s’est très bien passé. J’ai eu le grand plaisir de découvrir la richesse du Vatican, la grandeur et la beauté des lieux. La grandeur de l’homme, de notre Pape… Parce ce que vous l’imaginez dans vos rêves les plus lointains. On ne pensait pas avoir l’occasion un jour de se retrouver au Vatican en face du Pape… Vous savez, le Bénin est un pays très religieux. En cela la visite du président au Pape est un événement national… », a indiqué le chef de l’État, Patrice Talon pour qui, le Pape est un réformateur, qui encourage le travail pour le changement des paradigmes, pour la mutation de l’Afrique, des pays afin que le développement social, humain, économique soit une réalité… Il estime que le développement et la bonne gouvernance passent par la nécessité d’opter pour les réformes difficiles voire impopulaires. « C’est tout cela qui a motivé ce choix que j’ai proposé aux béninois d’instaurer le mandat unique pour débarrasser le gouvernant de toute tentation de populisme », a-t-il affirmé.
La liberté religieuse
Le président de la république est garant de la liberté religieuse et de la paix en tant que président de la République. Ainsi, l’engagement de Patrice Talon à préserver la liberté religieuse au Bénin montre son dévouement pour la paix sociale et le dialogue inter-religieux. « En tant que chrétien catholique, je peux déplorer l’évolution des églises qui peuvent entraîner certaines confusions. Mais, en tant que président de la République, j’ai le devoir de satisfaire cette mission en faisant abstraction de mes propres intérêts d’appartenance à une religion. Ce n’est pas facile. Mais nous agissons pour éviter les conflits, les affrontements, de sorte que chacun puisse vivre sa foi en respectant l’autre. Ce n’est pas évident… Je ne sais pas si c’est ce qu’il faut appeler un schiisme qui est apparu au sein de l’Eglise catholique béninoise… Notre rôle est de veiller à ce que ça n’entraîne pas des affrontements. Nous y veillons ! ». En bon Africain, le président Patrice Talon ne s’est pas rendu au Vatican les mains vides. Il a amené du Bénin une « récade royale », un bâton traditionnel béninois en forme de crosse, symbole de l’autorité royale dans l’ancien royaume du Dahomey, qu’il a offert au pape. A son tour, le pape a offert à son hôte une médaille en bronze représentant l’ange de la paix terrassant le dragon et symbôle, a-t-il expliqué, « de la victoire de la paix sur la guerre ». En plus de ce présent, le pape François a aussi donné au président béninois ses textes Amoris laetitia, Evangelii gaudium et Laudato si’, ainsi que son message pour la Journée mondiale pour la paix 2018, spécialement signé de lui. Patrice Talon s’est saisi de cette occasion pour s’entretenir avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican et avec Mgr Paul Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États. Aussi, Patrice Talon a rencontré le même jour le président italien Sergio Mattarella.
Félicienne HOUESSOU