Les agents de santé permanents et contractuels d’Etat choisissent désormais soit le privé ou le public, mais le cumul non. Tel est l’issue de la décision du conseil des ministres du 25 Juillet 2018 pour la réorganisation du secteur sanitaire Béninois.
La date butoir de l’ultimatum est fixée au 30 Aout 2018. Désormais les agents de santé ayant un contrat avec l’Etat n’exerceront plus en promoteur privé. Soit ils choisissent de conserver le contrat public et ils ferment leurs cliniques privées ou ils rompent leur contrat avec l’Etat et servent exclusivement en privé. La fermeture des centres concernés démarre le 1er Septembre 2018. Cette décision suscite beaucoup d’ovations. << La décision du conseil des ministres relative à l’interdiction de l’état de voir des médecins, agents permanents de l’état s’investir promoteurs de centres de santé privés est une décision maitresse que TALON ait prise de toutes les autres concernant le secteur de la santé >> a déclaré Eloi BOKOKPE, secrétaire général du syndicat national des agents de la santé humaine et assimilés du Benin (SYNASHA-BENIN). << Je le dis, pour la raison que l’objectif d’installer les hôpitaux que ce soit publics ou privés est de soigner l’homme tel qu’il le faut. Mais, il est constaté que certains agents publics créent leurs hôpitaux et se font indisponibles dans l’hôpital public contraignant les patients à les rejoindre en privé. Ce faisant, ils transforment ainsi le patient en marchandise. Ce qui est inadmissible>> a poursuivi BOKOKPE. Son collègue Brice DOSSOUMON abonde dans le même sens : << Cette décision est la bienvenue. En effet, nous, infirmiers, nous nous retrouvons très souvent dans les services de garde tout seul bien qu’un médecin de garde est prévu. Ils sont rares les médecins à venir faire la garde dans les hôpitaux publics. Si le gouvernement peut procéder à l’application stricte de la présente décision, il aura ainsi placé la santé humaine à sa digne place>>. Un médecin ayant requis l’anonymat confie qu’au service des urgences du centre national hospitalier et universitaire (CNHU), ils sont très rares les professeurs qui viennent faire la garde. Ceux-ci abandonnent le travail à leurs étudiants a-t-il complété. Mon neveu, poursuit le médecin a été opéré d’Ernie récemment, une nuit par un stagiaire. Cela continue jusqu’à présent de me courroucer. Le même médecin déclare ! Une jeune dame devant accoucher a été évacuée d’urgence à la CUGO du CNHU. Cette nuit, elle tombe sur une stagiaire camerounaise qui n’a pas pu affronter les difficultés puis la patiente est décédée. Le lendemain, le médecin qui devrait assurer la garde procède à la vérification de la cause et se rend compte qu’un nerf a été sectionné au cours de l’intervention. Et c’est cela la cause du décès de la dame. << Nous avons besoin de l’assainissement de notre secteur. Si le gouvernement de TALON le fait, Dieu le récompensera>> a souhaité le secrétaire général du SYNASHA-BENIN.
Ultimatum
Le conseil des ministres du 25 juillet 2018 a procédé à la suspension de la délivrance d’autorisation et révocation d’autorisation en cours pour l’exercice en clientèle des professions médicales et paramédicales par un agent public fonctionnaire ou contractuel. Cette décision prend effet dès la date de sa signature et ce jusqu’à nouvel ordre. Le conseil précise que les agents concernés ont jusqu’au 30 Août 2018 pour choisir entre se consacrer à leur activité dans le privé ou rester au service de l’état. Il ajoute qu’en tout état de cause, la date du 1 septembre 2018 marque le début des contrôles sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision vise à corriger le constat qui révèle que certains agents publics exercent en clientèle privée au mépris de la législation en vigueur. Il s’agit notamment des hospitaliers ou hospitalo-universitaires qui consacrent peu de temps aux patients des hôpitaux publics où ils sont en service assurant l’exécution de leur contrat avec l’état. A cet effet, le conseil des ministres précise que cette situation génère de graves conséquences sur la qualité des soins dans ces hôpitaux. Pire, il précise que ces mêmes médecins obligent les patients à recourir à leurs soins dans leurs hôpitaux privés. Et ceux-ci sous l’effet de la contrainte que leur impose leur état de santé se soumettent. Le même conseil révèle que se faisant le service public médical qui par principe est d’un intérêt général est transformé en un service marchand par des voies détournées. Ce qui prouve que l’insuffisance parfois décriée des ressources humaines en santé est fictive.
Décidément
Le gouvernement soucieux de garantir de meilleurs soins aux populations a pris des mesures urgentes et vigoureuses afin d’assurer une meilleure disponibilité des professionnels de la santé, agents publics dans les formations sanitaires publiques. La décision est de plus en plus approuvée par les acteurs. Eric HEKPAZO ; un pédiatre apprécie : << Cette situation que décide le gouvernement de bannir c’était posée auparavant. Et la loi du 17 juin 1997 fixant les conditions de l’exercice en clientèle privée des professions médicales et paramédicales était venue pour régler la situation et réorganiser le secteur. Hélas l’esprit malin voulant toujours dominer, nous en sommes revenus à la case de départ>>. La loi sus-indiquée, poursuit-il, prévoit la possibilité d’autorisation d’exercice en clientèle privée pour les fonctionnaires d’état. << Mais nos gars, malins ont troublé le cours. Et cette fois-ci le gouvernement est allé plus loin que ne prévoit la loi de 1997>> a conclu HEKPAZO. En effet la loi du 17 juin 1997 cité plus haut autorise le médecin à utiliser ces temps non occupés par les services publics à d’autres occupations. Mais la loi ne l’a pas autorisé à se faire indisponible au service d’état pour lequel il est bien rémunéré. Le secrétaire général du SYNASHA confie que certains promoteurs d’hôpital privé déclareront leur disponibilité dans le cadre du contrôle initié par le gouvernement mais ils ne le respecteront pas. Mais de source proche de la présidence de la république, on apprend que la liste de tous les médecins concernés est disponible. Et que le contrôle pendant et après le délai fixé sera rigoureux. Elle indique même que le gouvernement est prêt à radier des récidivistes de la fonction publique.
Marius KPOGUE