Affectée par l’invasion russe de l’Ukraine, la hausse des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers, l’économie mondiale s’éclipse lentement mais sûrement, et pourrait se tendre vers une récession dangereuse. Il y a des raisons valables de s’inquiéter.
Issa SIKITI DA SILVA
L’horizon s’est assombri depuis les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), a martelé Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), la semaine dernière lors d’une session sur les « Perspectives économiques mondiales », tenue à la réunion annuelle de 2022 du World Economic Forum (WEF).
Particulièrement préoccupée par des prix des denrées alimentaires qui ne cessent de monter en flèche et l’accès désormais difficile pour les populations vulnérables à une nourriture abordable, la responsable numéro 1 du FMI a souligné que le blocage de l’action contre la crise climatique et l’effondrement des actifs monétaires numériques assombrissaient davantage les perspectives.
Bon nombre d’experts ont fait savoir que la situation deviendrait de plus en plus intenable, surtout que le président russe Vladimir Poutine vient de conditionner l’ouverture des ports d’Ukraine à la levée des sanctions imposées à la Russie par l’Occident. Plus de 22 millions de tonnes de céréales attendent toujours d’être exportées par l’Ukraine, faute du blocage de la Mer Noire par de navires russes.
Catastrophique
L’économie mondiale va accroître de 4,4 % en 2022, selon le FMI, mais ces projections pourraient être revues à la baisse en raison des conflits et des retombées des sanctions imposées par la Russie. Si l’économie mondiale sombre dans la récession, elle entraînerait une situation particulièrement catastrophique pour l’Afrique où plus de 230 millions de personnes sont déjà sous-alimentées et 130 millions auraient besoin d’aide alimentaire pour survivre.
La situation est particulièrement préoccupante pour les États fragiles et touchés par des conflits, ont averti trois experts du FMI la semaine dernière. « Dans l’ensemble, la hausse des prix de denrées alimentaires et les pénuries potentielles de blé affectent davantage les pauvres car ils consacrent une part plus importante de leurs dépenses à l’alimentation. Cela va empirer la pauvreté et les inégalités, et augmenterait le risque des émeutes », ont expliqué Jihad Azour, Jeta Menkulasi et Rodrigo Garcia-Verdu.
Par conséquent, la DG du FMI a lancé un appel solennel aux gouvernements d’investir massivement dans l’éducation, la santé et la protection sociale – trois secteurs qui pourraient aider leurs pays à la résilience devant une crise qui annonce déjà la couleur.
En 2019, l’Afrique subsaharienne n’a consacré que 3,5% de son PIB à l’éducation et 4,95% à la santé publique, selon la Banque mondiale. Il serait peu probable que ces montants – déjà précaires par rapport à ceux des pays de l’OCDE- pourraient être augmentés à cause des manœuvres budgétaires très limitées de la plupart de ces pays.