La rareté de la petite monnaie est source de désagréments dans les échanges commerciaux. Toutefois, la proximité entre les agents économiques permet d’atténuer les effets de cette pénurie factice sur les transactions.
Aké MIDA
La rareté de la monnaie divisionnaire affecte négativement les attitudes cognitives, affectives et conatives des consommateurs à l’égard des magasins de commerce. Plus la petite monnaie est rare, plus les clients développent une attitude non favorable à l’égard des points de vente. Mais, plus le client est proche du vendeur, moins il développe une attitude non favorable à l’égard de son magasin de commerce face à cette rareté de la petite monnaie. Ce sont les résultats d’une étude menée par Dr Abdou Kadiri Imorou du Laboratoire de recherche en marketing et bien-être du consommateur (Larem-Bec) de l’université d’Abomey-Calavi (Uac), sur le thème « Attitudes des consommateurs à l’égard des magasins de commerce face à la rareté de la monnaie divisionnaire : rôle modérateur de la proximité perçue du client avec le vendeur ».
Le chercheur affirme que la monnaie divisionnaire est émise en quantités suffisantes par la banque centrale mais que sa rareté s’explique par le comportement des agents économiques. Très souvent, fait-il remarquer, ces derniers sont en possession de grandes quantités de monnaie divisionnaire mais affirment le contraire lors des transactions commerciales. Il pointe du doigt la mauvaise foi des commerçants et leur volonté de se protéger contre les faussaires dans cette pénurie de petite monnaie souvent engendrée de toutes pièces. Face à cette situation, les agents économiques préfèrent faire des transactions avec des personnes qui leur sont familières afin de se protéger contre les malfaiteurs et les détenteurs de faux billets, notamment les grosses coupures. Ce qui a l’avantage de freiner le phénomène et de permettre la poursuite normale des activités économiques, estime Dr Imorou.
Familiarité salvatrice
La proximité perçue du client avec le vendeur modère négativement l’influence de la rareté de la monnaie divisionnaire sur les attitudes des consommateurs à l’égard des magasins de commerce, selon la recherche. Autrement, la familiarité, l’ethnie, la religion, la région d’appartenance du client par rapport au vendeur constituent des facteurs de proximité qui permettent d’atténuer les effets de la rareté de la monnaie sur les transactions commerciales. Sur le plan managérial, la proximité entre le vendeur et l’acheteur permet de réduire les énormes manques à gagner engendrés par la rareté de la monnaie divisionnaire. A en croire, Dr Abdou Kadiri Imorou, elle facilite les transactions économiques au Bénin et dans les pays africains et améliore les perceptions des consommateurs à l’égard des points de vente. Pour ce faire, le chercheur suggère que les sensibilisations à l’égard des vendeurs aillent dans le sens de l’acceptation des transactions commerciales à la fois avec des clients qui leur sont familiers ou non et détenteurs de gros billets de banque en utilisant des détecteurs de faux billets afin de se protéger contre les clients malveillants. La banque centrale, quant à elle, devra inciter les pays africains à orienter leurs politiques monétaires vers la bancarisation de l’économie en l’occurrence vers la généralisation de l’usage des cartes bancaires et surtout vers l’adoption du « mobile banking » dans les transactions économiques, ajoute-t-il.