La première réunion trimestrielle de concertation au titre de l’année 2023 entre la Direction Nationale pour le Bénin de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit s’est tenue ce vendredi 24 mars 2023 à Cotonou. Trois principaux points ont été abordés à la réunion. Un point de presse avec les journalistes économiques a été organisé à la fin des échanges par monsieur Emmanuel ASSILAMEHOO, Directeur national de la BCEAO et monsieur Lazare NOULEKOU, Président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Bénin (APBEF).
L’état du système bancaire national à fin décembre 2022 ; la situation du rapatriement des recettes d’exportations et les mesures initiées par les établissements de crédit à l’endroit des sociétés exportatrices ; la mise en œuvre par les établissements de crédit, des mesures de vigilance et de déclaration à la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), des opérations suspectes en matière de LBC/FT. Ce sont les trois points abordés entre la DN de la BCEAO pour le Bénin et les directeurs généraux des établissements de crédits.
Parmi les trois principaux points abordés, ce qui a focalisé les esprits concerne les résultats du rapatriement des recettes d’exportations sur la place à fin décembre 2022 qui ont été présentés par l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Bénin (APBEF). En effet, selon les résultats, le taux d’encaissement des recettes par les entreprises est ressorti à 89,4% au lieu des 100% requis par les textes en vigueur. Les établissements de crédit ont été sensibilisés en vue d’amener les entreprises à atteindre ce taux. Dans l’intervalle, les transferts pour les paiements extérieurs en devises des entreprises en défaut de rapatriement de recettes d’exportations ne seront plus exécutés par les banques et la BCEAO. En outre, les sanctions prévues en la matière par la loi en vigueur seront prises à l’encontre des entreprises en infraction. Il faut préciser que la loi punit l’entreprise d’une amende dont le minimum est égal au montant de la valeur sur laquelle a porté l’infraction ou la tentative d’infraction et le maximum au double du montant de la valeur, sans préjudice de l’application de la même sanction aux représentants de l’entreprise comme auteurs ou complices des mêmes faits (Article 45 de la loi sur le contentieux des infractions à la Réglementation des relations financières extérieures des Etats membres de l’UEMOA). Ainsi, des poursuites seront faites au Bénin contre les entreprises en infraction au regard de cette règlementation.
Augmentation des crédits bancaires
Cette première réunion trimestrielle de concertation entre le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit, au titre de l’année 2023 a permis de faire le point des appuis financiers aux entreprises. Au titre de l’état du système bancaire, les indicateurs ont révélé que l’activité des établissements de crédit a globalement progressé au cours de l’exercice 2022. Le total bilan s’est consolidé de 12,56% en s’affichant à 5.924,5 milliards de francs CFA contre 5.263,3 milliards à fin décembre 2021. Les crédits bancaires ont cru de 33,04% pour s’établir à 2.627,4 milliards contre 1974,8 milliards en 2021. Ils ont notamment bénéficié aux secteurs « Bâtiments, travaux publics » et « Commerce gros/détail et restaurant ». La qualité du portefeuille de la place a poursuivi sa dynamique d’amélioration. En effet, le taux brut de dégradation du portefeuille au Bénin est ressorti à 7,18% à fin décembre 2022 contre 16,7% un an plus tôt. Ce taux est inférieur à la moyenne de 8,4% enregistrée dans l’Union à la même période. En outre, la place est ressortie globalement solvable avec un ratio de solvabilité de 14,65% pour une norme requise de 11,250% minimum. Toutefois, les établissements de crédit ont été invités à la vigilance quant à l’évolution de leur déficit de trésorerie et du taux débiteur appliqué à la clientèle.
Quid de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ?
A l’examen du troisième point, la BCEAO a écouté les Directeurs Généraux d’établissements de crédit sur les dispositions prises en leur sein pour se conformer à leurs obligations en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, notamment en ce qui concerne la régularité et l’exhaustivité des déclarations des opérations suspectes à la CENTIF. Par ailleurs, au cours de la séance, les directeurs généraux ont été également sensibilisés à l’effet d’éviter toute spéculation sur les nouvelles orientations de la politique monétaire dans l’Union et sur les décisions de normalisation de la régulation de la liquidité par la Banque Centrale à ses guichets. Cette première rencontre a été l’occasion pour la Banque Centrale, d’écouter des préoccupations spécifiques de la profession bancaire et des contraintes auxquelles font face les acteurs financiers au Bénin.
Abdul Wahab ADO