Le développement d’une nation se fait à partir de celui des Petites et moyennes entreprises et industries. Fort de cela, de nombreux pays africains, depuis plusieurs années, ourdissent des stratégies pour faire des PME, le fer de lance de leurs économies. C’est ce que fait le Cameroun avec la Banque camerounaise des Petites et moyennes entreprises (BC-PME). Malgré le succès de cette initiative, les autorités béninoises ne semblent pas enclines à en faire de même.
Nafiou OGOUCHOLA
Les prouesses accomplies par la BC-PME devraient motiver les responsables en charge des PME béninoises à travailler dans le sens de la création d’une telle structure au Bénin. Après quelques années de fonctionnement, cette structure bancaire a atteint des résultats qui forcent l’admiration et obligent des responsables d’entreprises à faire leurs plus beaux sourires. En effet, le rapport de l’Institut national de la statistique (INS) a renseigné que le bilan d’activités pour le compte de l’année 2018 est reluisant. La banque des PME a ouvert une ligne de crédit de 12,367 milliards FCFA à 846 promoteurs de Petites et moyennes entreprises. Presque le double de l’année précédente. 6,448 milliards FCFA de crédits ont été accordés à 787 opérateurs économiques en 2017 et 3,3 milliards FCFA à 377 promoteurs en 2016. Pour ce qui est de la répartition des 12 milliards FCFA, il est établi que le crédit de trésorerie représente 70,6 % ; le crédit équipement entreprise, 29 % ; le crédit import-export, 0,3 % et le crédit habitat, 0,1 %.
Dotée d’un capital initial de 10 milliards FCFA à sa création en janvier 2016 avec pour unique actionnaire l’Etat camerounais, la banque des PME a subi une recapitalisation en mai 2019 par le ministère des Finances, faisant passer le capital de 10 à 20 milliards FCFA.
Le ministère des Petites et moyennes entreprises du Bénin devrait s’inspirer du modèle de financement des entreprises mis en place par l’Etat camerounais pour apporter un meilleur accompagnement aux nationaux, promoteurs d’entreprises. En effet, le financement fait partie des problèmes qui handicapent l’évolution d’une grande majorité d’entreprises béninoises. Si le Bénin se décide à mettre en place une structure similaire à la BC-PME, nul doute que d’ici à quelques années des milliers d’entreprises seraient sauvées de la faillite. Car, sans financement, aucune entreprise ne peut vivre. Toute entreprise, aussi petite soit-elle, a besoin de ressources financières permanentes pour exister. En offrant une alternative aux entrepreneurs, l’Etat camerounais a fait d’une pierre plusieurs coups. Tout d’abord, l’existence de la BC-PME a redonné de l’espoir aux jeunes porteurs d’idées d’entreprises. Ceux-ci ont pu se lancer dans la création de leurs entreprises. Ce qui est déjà important car il faut un déclic pour amener le porteur d’idée à matérialiser cette dernière en créant son entreprise.
Ensuite, des milliers d’entreprises vivent et grandissent depuis six années au Cameroun grâce à la BC-PME. Ce qui crée des emplois considérables. Car, si on suppose qu’une entreprise emploie en moyenne trois à dix individus, on peut facilement comprendre que c’est des millions d’emplois qui sont créés, chaque année, grâce aux financements de la BC-PME.
Enfin, les activités de toutes les entreprises financées par la BC-PME permettent à l’Etat camerounais d’augmenter ses recettes. Ainsi, par les taxes diverses et autres, les entreprises financées contribuent au bon fonctionnement de l’économie camerounaise.
La réussite de la BC-PME doit sonner comme un appel au gouvernement béninois afin que le ministère en charge des PME fasse diligence pour que la banque des PME du Bénin soit une réalité. Pour le bonheur des promoteurs des Petites et moyennes entreprises, de la jeunesse en quête d’emploi et du Bénin à la poursuite d’un développement inclusif.