Le Projet de transport urbain à Parakou a posé les bases d’une meilleure mobilité urbaine et d’une réduction des accidents, sans pour autant combler toutes les attentes. La mise en œuvre des recommandations formulées dans le rapport d’achèvement est essentielle pour garantir la réussite des futurs projets de développement urbain au Bénin.
Aké MIDA
Le Projet de transport urbain à Parakou (Ptup), initié pour améliorer la mobilité urbaine et les infrastructures de cette ville stratégique du Bénin, a produit des résultats notables en termes de réhabilitation des routes. Cependant, la composante C, axée sur le renforcement des infrastructures municipales et la gestion urbaine, reste incomplète, freinant ainsi la réalisation complète des objectifs du projet. Le Rapport d’achèvement publié par la Banque africaine de développement (Bad), partenaire financier du projet, souligne ce point.
Le Ptup visait principalement l’amélioration de la mobilité urbaine à Parakou grâce à l’aménagement des deux principales routes de la ville. La composante A, dédiée à l’infrastructure routière, a permis de réhabiliter 16,80 km de routes, couvrant à la fois la traversée urbaine (11,75 km) et la voie de contournement (5,05 km). Ces travaux ont sensiblement amélioré la fluidité du trafic, avec une vitesse moyenne passant de 15 km/h en 2013 à 46 km/h en 2020, bien au-delà de la cible initiale de 30 km/h, selon le rapport de la Bad.
Cette modernisation a aussi eu un impact positif sur la sécurité routière. Le nombre d’accidents a diminué, passant de 162 en 2013 à 119 en 2020, démontrant ainsi l’efficacité des nouvelles infrastructures en matière de sécurité.
Malgré ces avancées, la composante C, qui se concentre sur le renforcement des infrastructures municipales et la gestion urbaine, accuse un retard significatif. Prévue pour être achevée en décembre 2020, seulement 42 % des activités avaient été réalisées à la clôture révisée du projet en décembre 2023.
Retard et difficultés
Cette composante comprenait des travaux importants, tels que la réhabilitation de marchés, de centres sociaux et d’autres infrastructures locales, tous indispensables pour améliorer les conditions de vie à Parakou. Le retard dans la mise en œuvre de cette composante s’explique en partie par des difficultés dans le recrutement du maître d’ouvrage délégué (Agence d’exécution des travaux urbains – Agetur). Ce dernier n’a été recruté qu’en septembre 2020, à seulement trois mois de la date initiale de clôture du projet. Cette arrivée tardive a perturbé le calendrier d’exécution. Par ailleurs, un manque de coordination entre les différents bailleurs de fonds a également contribué aux retards dans l’exécution des activités nécessaires à l’achèvement de cette phase.
En outre, la modernisation de la gestion municipale, qui devait inclure la mise en place d’outils tels qu’un plan de déplacement urbain (Pdu), un plan d’adressage et une régie de gestion des équipements marchands, reste en suspens, limitant l’impact global du projet sur l’administration urbaine.
Un des enseignements majeurs du Ptup est la nécessité d’une meilleure coordination entre les bailleurs de fonds. L’exigence d’obtenir des avis de non-objection (Ano) multiples pour les acquisitions et la révision des biens et services ont sérieusement ralenti la mise en œuvre de certaines composantes, particulièrement la composante C. L’absence d’un accord clair entre les parties prenantes a compliqué le processus décisionnel, entraînant des retards notables.
Enseignements capitaux
Le rapport souligne également que certains indicateurs de performance n’étaient pas adaptés à la portée du projet, comme les variations du revenu moyen par ménage, qui dépendaient de facteurs externes au projet. Cela a limité la capacité à évaluer efficacement l’impact de certaines actions.
Pour les projets futurs, il est recommandé de limiter le financement conjoint à un nombre restreint d’activités afin de simplifier les processus administratifs. La signature d’un document formalisant les règles et procédures entre les co-financeurs dès la planification du projet est également cruciale pour éviter les blocages observés dans le cadre du Ptup. De plus, la supervision conjointe des missions par les bailleurs de fonds permettrait de mieux assurer le respect des délais.
Une autre leçon tirée du projet est la nécessité de constituer dès le départ une équipe de gestion dédiée, comprenant des spécialistes en acquisition et gestion financière. Le manque de personnel qualifié a contribué aux retards du projet.
Enfin, le rapport recommande une meilleure maîtrise des politiques et procédures de passation des marchés, notamment en recrutant des spécialistes dès le début du projet. Une anticipation dans l’utilisation des économies dégagées lors des passations de marchés est également cruciale. Le Ptup a permis de générer des économies importantes grâce à des passations avantageuses pour les travaux routiers, mais l’incapacité à réaffecter ces fonds à temps a conduit à leur annulation.