Dans le cadre du débat relatif à l’orientation budgétaire pour la loi de finances gestion 2023, le Ministre d’Etat, chargé de l’économie et des finances, Romuald Wadagni était ce lundi 27 juin 2022 à l’Assemblée nationale face aux députés de la 8ème législature. L’argentier national a exposé aux parlementaires, les grandes orientations du projet du budget 2023.
Falco VIGNON
Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuel 2023-2025 exposé aux députés par l’argentier national présente la trajectoire d’une économie qui se remet de l’effet de la pandémie du COVID-19 mais, qui toutefois fait face à un contexte marqué par des tensions géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine. Ce document expose les efforts d’assainissement des finances publiques et la consolidation budgétaire enregistrés au cours des trois dernières années. Il montre par ailleurs les progrès notés dans la situation financière des établissements publics, les collectivités locales et les organismes de sécurité sociale, en réponse aux actions du gouvernement. « En perspective, la conduite de la politique économique en 2022 et sur le moyen terme 2023-2025 se fera conformément au Programme d’actions du gouvernement 2021-2026 qui prend appui sur les piliers du Plan national de développement 2018-2025 et les acquis du PAG 2016-2021», peut-on lire dans le document exposé aux élus du peuple.
« A travers son budget 2023, le gouvernement s’inscrit également dans la vision 2030 des Nations-Unies pour le développement durable. Afin de renforcer les chances de succès du PAG 2021-2026, le gouvernement a conclu en avril 2022 un accord technique de 42 mois avec le FMI au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit. Ce nouveau programme, qui permet un financement exceptionnel du Bénin, est centré sur le social conformément aux engagements pris par le Président de la République », a dit le Ministre d’Etat Wadagni.
« S’agissant des finances publiques, la politique restera orientée d’une part vers l’élargissement de la base imposable, la sécurisation des recettes ainsi que l’amélioration des services rendus aux contribuables et, d’autre part, vers le renforcement de la qualité des dépenses publiques », a-t-il ajouté par ailleurs.
Poursuivant son exposé, le Ministre d’Etat Wadagni a indiqué que sur la période 2019-2021, l’activité économique est ressortie globalement robuste en dépit de la pandémie de la COVID-19. La croissance s’est en effet accélérée depuis 2016 en passant de 3,3% en 2016 à 6,9% en 2019. « Pour 2022, les espoirs suscités par la reprise économique mondiale en 2021 sont désormais entachés de fortes incertitudes liées à l’éclatement le 24 février 2022 du conflit Russo-ukrainien. Sur cette base, la prévision de croissance pour 2022 a été révisée à la baisse à 5,7% contre une prévision initiale de 7,0% prévue au budget 2022. Globalement, on retiendra que l’exécution du budget 2022 se déroule dans un contexte marqué par la poursuite de la pression inflationniste post COVID-19, la guerre en Ukraine, les mesures de soutien du gouvernement à la population face à la cherté de la vie…», indique le document présenté. Au plan de la dette, le taux de remboursement public ressort à 49,8% à fin décembre 2021. « Cette tendance qui est en-dessous du seuil dans l’espace UEMOA fixé à 70%, doit être maintenue en 2022 », a souligné le Ministre d’Etat.
Les projections pour 2023
Pour 2023, les projections de croissance ont été réalisées suivant trois scénarii. Il s’agit du scénario de référence qui se fonde sur une évolution de la croissance de l’économie suivant la moyenne observée sur la période 2017-2021 et intègre les incertitudes liées aux tensions géopolitiques et à la situation sanitaire, en considérant toutefois une amélioration du taux de couverture vaccinale de la population et la poursuite de la mise en œuvre des gestes barrières. Dans ce scénario, le taux de croissance s’afficherait à 6,2% et s’établirait autour de 6,0% à l’horizon 2025.
Dans le scénario pessimiste qui suppose quant à lui une aggravation des tensions géopolitiques et de la situation sanitaire puis la survenance d’autres risques sont les conditions financières peu propices à la célérité adéquate des grands chantiers de l’État, le taux de croissance devrait s’afficher à 4,7% en 2023 et à 4,7% à l’horizon 2025. Dans le scénario optimiste qui fait l’hypothèse d’une atténuation rapide des tensions géopolitiques et la non aggravation de la situation sanitaire et une évolution favorable des autres risques qui pèsent sur l’économie, le taux de croissance s’afficherait à 7,8% en 2023 et atteindrait 9,4% en 2025. A en croire le ministre d’Etat Wadagni, les politiques de gestion des finances publiques sur la période 2023-2025 prendra en compte les orientations de la politique budgétaire dont l’objectif global sera de renouer avec la consolidation budgétaire de manière à respecter les critères clés de convergence à l’horizon 2024, la politique de gestion des finances locales, la politique de gestion des entreprises et offices d’État, la politique en matière de sécurité sociale… « En 2023, Bénin veillera à la qualité de son portefeuille de dette », a rassuré le ministre d’Etat, Wadagni.
Préoccupations et recommandations des députés
Plusieurs députés se sont préoccupés des mesures envisagées pour la production locale d’engrais et autres intrants agricoles. Ils se sont aussi intéressés aux dispositions prises pour assurer la transformation des produits locaux et assurer la résilience de l’économie nationale face aux risques exogènes, notamment la guerre en Ukraine. Les précisions sur l’intervention du FMI dans le volet social, la possibilité de reversement à la CNSS des agents de l’État affiliés au FNRB, la mise à disposition du point des exonérations fiscales accordées dans le cadre de la gestion de la cherté de la vie…sont autant de préoccupations soulevées par les élus du peuple. Et eu égard à toutes ces préoccupations, ils ont recommandé de prendre les mesures nécessaires pour assurer la production locale d’engrais, faire bénéficier la subvention des 50% aux producteurs agricoles aux guichets des entreprises exerçant dans le domaine d’activité que la Société nationale pour la mécanisation agricole. Il a été aussi recommandé de prendre des mesures pour lutter efficacement contre la faim et surtout contre les menaces terroristes.