Face au coût élevé de certains biens de consommation, le gouvernement béninois réuni en conseil ordinaire des ministres le 23 mars 2022 a pris une série de mesures dont l’exonération de la TVA sur plusieurs produits d’importation. Mais seulement quelques semaines après, c’est la flambée notamment pour ce qui est de l’huile végétale importée.
Bidossessi WANOU
33.000 FCFA, c’est le prix moyen du bidon de 25 litres d’huile importée au Bénin. Selon le fournisseur, on en trouve jusqu’à 37500 FCFA. Or, trois jours auparavant, c’était encore livré à 30.000 F conformément à la prescription du conseil des ministres. Au fait, dans le communiqué final du conseil des ministres du 23 mars 2022, il a été annoncé « l’exonération de la TVA sur les huiles végétales importées ou produites localement. Les prix à Cotonou passent donc de : 30.000 FCFA à 25.424 FCFA (soit 1.017 FCFA le litre au détail au lieu de 1.200 FCFA actuellement) pour l’huile de coton locale ; 27.500 FCFA à 23.305 FCFA (soit 932 FCFA le litre au détail au lieu de 1.100 FCFA actuellement) pour l’huile de palme raffinée locale ; 27.500 FCFA à 23.305 FCFA (soit 932 FCFA le litre au détail au lieu de 1.100 FCFA actuellement) pour l’huile de palme raffinée importée. Si déjà la différence chez les détaillants se limitait à l’« huile importée » et l’« huile locale d’arachide », le respect de ces prix clairement catégorisé par le gouvernement n’était pas encore effectif. Le tarif de 30.000 FCFA est retenu et appliqué chez ces détaillants qui ont sûrement tiré profit de la mesure. Mais depuis hier lundi, le marché a pris une nouvelle tournure, avec une hausse de l’ordre de 10% du prix recommandé ; passant ainsi de 30.000 à 33.000 FCFA. « Avant d’hier, j’étais à Dantokpa, c’est à 30.000 FCFA on m’a livré le bidon de 25.000L. En détail, moi je cède le litre à 1300 ». C’est ce qu’a déclaré Odette Lanha, commerçante à Womey. Selon Odette, sans encore chiffrer le transport, le litre en détail devrait déjà revenir à 1320 FCFA. « Quand j’ajoute le transport, je ne peux que livrer le litre à 1400 FCFA », a-t-elle confié. On note ainsi une hausse de 100 FCFA du prix au litre. Non loin, c’est plutôt une hausse de 200 FCFA on a souligné car, chez dame Expérance Singbè, le litre est déjà à 1500 FCFA. Selon ses explications sur l’écart entre les prix pratiqués, « c’est le marché qui définit, l’exige ». Entre la matinée et la soirée d’hier, le prix a grimpé passant ainsi de 33 .000 FCFA la matinée à 37.000 FCFA en fin de journée. Les grossistes rencontrés rejettent le tort sur leurs fournisseurs qui à leur tour, pointent du doigt le conflit russo-ukrainien qui a engendré des difficultés d’approvisionnement et même de trafic. Car, si la mesure gouvernementale d’exonération de la TVA est demeurée à ce jour d’autant plus qu’il n’y a pas eu une décision contraire, la hausse continue des prix doit inquiéter.
La production locale, l’espoir manqué
Alors que le marché étranger impose son diktat, on pourrait croire pouvoir tirer profit de la production locale. La bonne pluviométrie a fait naître les espoirs. Mais rien n’y fit encore. L’huile produite localement, connaît elle aussi une hausse. De 1100 au début du premier trimestre de l’année, le prix a grimpé rapidement à 1200 pour maintenant se situer à 1300 FCFA. Cela a impacté le ravitaillement chez les détaillants. Certains qui desservaient ou dépannaient les petites ou très petites bourses avec des ventes de 50 FCFA y ont mis un terme. « Je ne peux plus vendre pour 50 FCFA. Désormais, c’est à partir de 1/8L vendu à 175 FCFA contre 125 ou encore 100 FCFA avant cette hausse ». Il en est de même des autres produits d’importation qui ont chacun connu une majoration de l’ordre de 2000 FCFA à 5000 FCFA de leur prix chez les grossistes et 10 à 25% auprès des détaillants. Même la production locale qui devrait servir d’alternative n’est pas pour autant accessible.