Les semences renferment le potentiel génétique des espèces cultivées et de leurs variétés. Elles garantissent une amélioration de la production agricole et permettent de faire face à l’insécurité alimentaire. Mais, par défaut d’industrie semencière, les agriculteurs béninois n’ont pas souvent accès à des semences de bonne qualité.
Félicienne HOUESSOU
Au Bénin, les agriculteurs ne tirent pas encore parti des avantages de l’utilisation des semences de qualité. Et pourtant, les semences constituent l’élément le plus indispensable pour atteindre de meilleurs rendements agricoles. Compte tenu de l’importance des semences pour l’agriculture, la fondation Access to Seeds a procédé à une étude de l’industrie semencière en Afrique de l’Ouest. Cette étude s’est basée sur des critères tels que la gouvernance et la stratégie, les ressources génétiques, la propriété intellectuelle, la recherche et le développement, la production de semences, la commercialisation et le renforcement des capacités. Le rapport indique qu’il y a seulement un tiers des pays de la région qui bénéficient d’un programme de sélection variétale, permettant de créer de nouvelles variétés. Les quelques rares entreprises semencières qui existent manquent de moyens, surtout pour la recherche et le développement des nouvelles variétés. « Pour la campagne qui est en cours, c’est difficilement qu’on a eu accès aux semence de noix de palme. Pour ma zone, Ouémé-Plateau, c’est une seule structure qui nous fournit les semences », informe un producteur de palmier à huile de Sakété.
Le secteur privé doit s’impliquer
L’industrie semencière ouest-africaine est confrontée à de nombreux défis relatifs à la production, à la distribution et à l’utilisation généralisée de semences certifiées au niveau de la sous-région. Pour résoudre ces problèmes, le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le développement Agricoles (CORAF) a été mandaté par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour coordonner les activités liées aux semences. Cela s’est traduit par la création de l’Alliance pour une industrie semencière en Afrique de l’Ouest (ASIWA). La filière semences est une chaîne où tous les maillons se tiennent, mais le secteur privé est le principal maillon. Cependant, pour relever le défi des semences de qualité et booster la productivité agricole au Bénin, le secteur privé doit s’impliquer et investir dans l’industrie semencière. En général, divers groupes de parties prenantes interviennent dans la production, la distribution et la commercialisation de semences; il s’agit notamment des agriculteurs, des producteurs de semences, des petites et grandes entreprises, des instituts de recherche agricole, des distributeurs d’intrants agricoles, des sociétés civiles et des marchés locaux. C’est pour cela que des chercheurs, représentants d’organisations paysannes et de la société civile lors d’une réunion consultative régionale de l’ASIWA ont invité ce 11 avril 2019 à Dakar, le secteur privé ouest-africain à investir dans l’industrie semencière pour améliorer la productivité agricole dans la sous-région.
Les semences ont du mal à traverser les frontières. Les agriculteurs ne peuvent donc que se fier aux semenciers locaux. Aux dires des producteurs agricoles, les instituts de recherche développent des variétés qui n’arrivent pas à être mises sur le marché. Le plus souvent, ces instituts de recherche ne sont pas des entreprises privées et doivent passer par des multiplicateurs de semences pour pouvoir les développer à grande échelle. Par manque de moyens et surtout manque d’intérêt économique, il n’y a pas souvent d’engouement pour développer à grande échelle les résultats de ces recherches et les mettre à la disposition des exploitants. Il faudra donc que les entreprises fassent un travail de recherche et de vente pour que les bonnes semences soient accessibles aux petits exploitants.
Une solution contre la sous-alimentation
Selon la FAO, le taux de prévalence de la sous-alimentation en Afrique de l’ouest a grimpé de 10,4% de la population en 2012, à 15,1% en 2017. En Afrique centrale, selon la même source, ce taux est passé de 26% à 26,1%, sur la même période. La production, l’approvisionnement et l’utilisation des semences végétales de qualité des principales cultures agricole permettrait de mieux lutter contre ce fléau. Il faut améliorer les cultures et livrer aux agriculteurs semences et matériel végétal de variétés sélectionnées de qualité supérieure pour garantir une amélioration de la production végétale et faire face aux problèmes d’environnement croissants. La sécurité alimentaire passe donc par la garantie des approvisionnements en semences des communautés agricoles. A ce titre, les opérations d’urgence de la FAO dans le domaine de la sécurité des semences visent à améliorer l’accès des agriculteurs à des semences de variétés appropriées de bonne qualité, grâce à des distributions de semences ou de bons d’achat et/ ou à des foires aux semences, selon le cas. Ces opérations permettent aux agriculteurs de remettre leurs terres en culture après des crises, et ce faisant de réduire leur dépendance à l’égard de l’aide alimentaire.