Le manioc est l’aliment de base pour environ 350 millionsde personnes en Afrique subsaharienne. En 2017, la production de ‘’l’aliment des pauvres’’ en Afrique subsaharienne a atteint 156 millions de tonnes, un record, dont 4,15 millions au Bénin et 55 millions au Nigeria. Malgré ces avancées, les défis restent énormes.
Issa SIKITI DA SILVA
La dégradation des sols et la rage des insectes ravageurs qui détruisent les plantes et apportent les maladies sont, entre autres, les défis fondamentaux qui handicapent la culture du manioc en Afrique.En plus, à en croire certains experts, l’insuffisance de valeur ajoutée, l’incapacité des agriculteurs à accéder à des variétés améliorées et à la commercialisation, sont aussi à l’origine des mauvaises performances du manioc.
Et ce sont ces facteurs qui font que des millions de producteurs en Afrique subsaharienne, comme Cécile Elegbedé, du Bénin, qui dépendent de la culture du manioc pour survivre, vivent toujours sous le seuil de pauvreté.
Le manioc est une culture polyvalente car ses feuilles servent de légumes et les produits dérivants de ses racines comprennent, entre autres, du tapioca, de l’amidon, les cossettes, la farine, l’alcool alimentaire et médical et du gari.
Le manioc au Bénin
Au Bénin, la superficie nationale cultivée en manioc est passée de 186.150 hectares en 1998 à 279.513 hectares en 2014.Le manioc représente 2,8% du produit intérieur brut et 8,3% du Produit intérieur brut (PIB) agricole du Bénin.
« Il est vrai qu’on produit chaque année et nous en vendons aussi mais on ne voit pas clair, c’est comme si on tournait en rond. Les sècheresses menacent nos plantes, les insectes rongeurs sont là, les prix de vente sont très bas, il nous faut de l’aide », a déclaréCécileElegbedéprès du marché de Dantokpapendant qu’un camion déchargeait des sacs de manioc.
« Il nous faut beaucoup d’engrais pour remédier à cette situation », s’est lamentée CecileElegbedé, qui compte parmi les 500 000 producteurs de manioc au Bénin.
Ravageurs et maladies
« Bien que le manioc donne des rendements raisonnables sur des sols pauvres, de nombreuses variétés produisent plus avec l’apport d’engrais. Les rendements en Afrique, en particulier, pourraient être sensiblement améliorés si les agriculteurs avaient accès à un engrais minéral à un prix raisonnable », a indiqué la FAO, l’agence onusienne de l’alimentation et l’agriculture.
« Protéger le manioc avec un pesticide est bien souvent inefficace et n’est presque jamais économique. Plutôt, adopter des pratiques éco-systémiques telles que le paillage, la préservation de la matière organique du sol et le recours à des cultures intercalaires offrant un habitat aux prédateurs des ravageurs » a ajouté la FAO.
Les bas prix
L’Afrique est le premier producteur mondial de manioc (47%), mais cette culture est largement considérée comme un aliment pour les pauvres plutôt que comme un substrat pour la production alimentaire à valeur ajoutée et la production d’amidon industriel,renseigne le TAAT, le programme de la Banque africaine de développement (BAD) pour la transformation de la technologie de l’agriculture africaine.
« De ce fait, peu de produits africains à base de manioc sont commercialisés sur les marchés mondiaux.Un certain nombre de maladies virales graves a interrompu la production du manioc, mais après des décennies de recherche, des variétés tolérantes et des systèmes de gestion sont maintenant en place », ajoute le TAAT.