Le Mali, leader dans la production de coton en Afrique de l’Ouest, pourrait céder sa place au Bénin à l’issue de la campagne cotonnière 2024-2025. Le pays de Patrice Talon, qui avait perdu son statut de premier producteur, ambitionne de le reconquérir, et les prévisions pour cette campagne semblent lui donner raison selon le Programme Régional de Production Intégrée du Coton en Afrique (PR-PICA).
Bidossessi WANOU
D’après les données du Programme Régional de Production Intégrée du Coton en Afrique (PR-PICA), le Mali devrait produire 569 300 tonnes de coton graine, soit une baisse significative de 17 % par rapport à la campagne précédente, où le pays avait atteint 690 000 tonnes. En revanche, le Bénin mise sur une production ambitieuse de 669 000 tonnes, ce qui le placerait loin devant son voisin malien. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse de régime du Mali. Le pays fait face à une diminution de 11 % des surfaces cultivées, tombant à 623 042 hectares. Cette contraction s’explique par les difficultés structurelles rencontrées par la filière cotonnière malienne, mais aussi par des conditions climatiques défavorables. Les récentes inondations ont touché plus de 875 000 hectares de terres agricoles, selon la FAO, provoquant la pourriture des capsules basales et compromettant gravement les rendements.
Cette baisse de production dépasse le cadre strictement agricole. Le coton est un pilier de l’économie malienne, et une telle chute aura des répercussions sur l’ensemble du système économique du pays. Les entreprises et unités de transformation, qui dépendent étroitement des performances de la filière cotonnière, risquent de voir leur activité réduite. De son côté, le Bénin se positionne stratégiquement pour reprendre la tête du classement. Outre les objectifs de production, le pays investit également dans la transformation industrielle du coton, tout comme le Mali. Pour les deux nations, la transformation locale du coton devient une priorité et personne ne pourra plus compter sur la possibilité de s’approvisionner en matière première en maintenant la dépendance vis-à-vis des marchés internationaux ou auprès de l’autre. Ainsi, le Bénin semble bien parti pour redevenir leader, tandis que le Mali devra redoubler d’effort pour surmonter les défis qui se dressent sur son chemin.