Les évolutions économiques des quatre dernières années ont été influencées par les politiques budgétaires et monétaires mises en œuvre par les différents pays depuis la pandémie du Coronavirus. Après une période initiale d’assouplissement, la politique monétaire s’est durcie, avec de nombreuses banques centrales des pays émergents prenant les devants par rapport à leurs homologues des pays avancés. Dans sa publication Perspectives de l’économie mondiale d’octobre 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a décrypté la situation.
Bidossessi WANOU
Au cours du premier semestre de 2023, la plupart des banques centrales ont cessé d’augmenter leurs taux directeurs nominaux. Cependant, la hausse des taux réels a continué, car les anticipations d’inflation ont commencé à diminuer. Cette situation a conduit à une orientation encore plus restrictive de la politique monétaire. Actuellement, les taux directeurs réels se situent au-dessus des niveaux jugés naturels, ce qui a pour effet de modérer l’activité économique et de ramener les taux d’inflation aux niveaux visés.
Cette hausse des taux directeurs a entraîné une augmentation des taux des prêts bancaires et des prêts immobiliers, indiquant que la première phase de transmission de la politique monétaire s’est déroulée comme prévu. Bien que la transmission aux taux du marché ait été progressive, elle semble avoir atteint son terme. L’augmentation des coûts d’emprunt a alors freiné la croissance du crédit privé et l’investissement, ce qui a eu pour effet de modérer la demande globale.
En revanche, la politique budgétaire a suivi un chemin tout à fait différent. Malgré un fort regain d’activité en 2022 et des pressions inflationnistes généralisées, la politique budgétaire est restée relativement souple. Les plans de rééquilibrage des finances publiques ont souvent connu des dérapages, sauf dans les pays en développement à faible revenu, où le manque d’espace budgétaire a entravé la capacité à faire face aux crises énergétiques et alimentaires.
Entre 2022 et 2024, la politique monétaire de la plupart des pays s’est nettement durcie, tandis que la politique budgétaire a tardé à suivre, voire s’est assouplie dans de nombreux cas. Cette situation a compliqué la tâche des banques centrales, soucieuses de juguler l’inflation, et a retardé la nécessaire reconstitution des marges de manœuvre budgétaires. La coexistence d’une politique monétaire restrictive et d’une politique budgétaire relativement expansionniste, notamment aux États-Unis, pourrait être l’un des principaux moteurs de l’appréciation du dollar en 2024.
Cependant, cette dynamique est appelée à évoluer. Les coûts du service de la dette sont en hausse dans les pays émergents et en développement, et ont récemment connu une nette augmentation aux États-Unis. Dans ce contexte, le scénario de référence envisage une inversion des politiques macroéconomiques. Le rééquilibrage nécessaire des finances publiques dans de nombreux pays devrait ralentir la croissance et doit donc s’accompagner d’un assouplissement de la politique monétaire, facilitant ainsi la réduction des déficits par les pouvoirs publics.
Cette situation soulève des questions cruciales sur l’avenir des politiques économiques mondiales et leur impact sur la croissance et la stabilité financière. Les décideurs devront naviguer avec prudence pour équilibrer les besoins de croissance économique avec la nécessité de maîtriser l’inflation et de rétablir des finances publiques saines.