Les pertes économiques enregistrées à la suite des dommages climatiques sur les infrastructures ont été multipliées par sept, passant de 198 milliards US$ pendant les années 1970 à 1 600 milliards US$ en 2021, révèle un rapport intitulé « Des infrastructures pour un avenir résilient face au changement climatique », publié mardi 16 avril par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Issa DA SILVA SIKITI
Le rapport épingle les pays en développement pour leur vulnérabilité particulière aux phénomènes météorologiques extrêmes, leurs coûts de financement élevés et d’autres défis qui entravent également leur capacité à construire des infrastructures de qualité et à atteindre leurs objectifs de développement.
« La résilience face au changement climatique et les infrastructures sont étroitement liées pour plusieurs raisons. Premièrement, la modification du climat menace directement et indirectement les infrastructures elles-mêmes et la fourniture des services correspondants, comme on le voit, par exemple, lorsque des chaussées fondent, des réservoirs s’assèchent et des tunnels sont inondés. Les effets qui s’exercent en un point peuvent se répercuter en cascade sur tout le réseau d’infrastructures et causer des perturbations économiques et sociales », souligne le rapport.
« Deuxièmement, les infrastructures peuvent aggraver les risques liés au climat, comme l’ont illustré récemment les feux de forêt déclenchés par des étincelles provenant de lignes de transport d’électricité, ou les effets catastrophiques provoqués par la rupture de digues à la suite d’intenses précipitations. Troisièmement, le changement climatique engendrera de nouvelles demandes en matière d’infrastructure, comme le renforcement des ouvrages de protection contre les inondations ».
A en croire ce rapport de l’OCDE, pour atteindre les objectifs en matière de climat et de développement d’ici 2030, un investissement annuel de 6 900 milliards US$ dans les infrastructures durables est nécessaire mondialement.
Que peuvent faire les pouvoirs publics ?
Le rapport lance un appel solennel aux pouvoirs publics d’intégrer les risques climatiques dans la planification des infrastructures et la sélection des projets. « Renforcer la coordination entre les acteurs qui réalisent et exploitent les infrastructures, identifier les interdépendances entre les systèmes d’infrastructure et mettre au point des mécanismes de partage de l’information sur les vulnérabilités aux risques climatiques entre exploitants et parties prenantes ».
Ensuite, « afin de s’assurer que la résilience climatique est prise en compte et encourager le financement, les pouvoirs publics peuvent mettre en œuvre des régimes de notification et de diffusion de l’information, mobiliser des financements et des investissements privés et explorer tout l’éventail des possibles sources de financement ».
Le rapport les exhorte également à adopter des solutions fondées sur la nature qui peuvent offrir des solutions rentables pour protéger les actifs et les services d’infrastructure, tout en contribuant de manière positive à la conservation des services écosystémiques et en offrant des avantages en matière de santé.
De plus, indique le rapport, il faudra renforcer les partenariats internationaux fondés sur le partage des connaissances et l’assistance technique, la recherche et le développement de technologies et de solutions commerciales sur mesure, accroître les investissements et les financements, et renforcer la mobilisation des banques multilatérales de développement et des institutions de financement du développement.
Enfin, adopter une approche de la résilience climatique fondée sur une gouvernance pluri-niveaux incluant les administrations nationales, régionales et locales.