Le rapport 2024 du Fonds monétaire international (Fmi) présente une image nuancée de l’économie africaine, marquée par des défis importants mais également par des opportunités significatives. Les recommandations portent sur les politiques économiques inclusives, l’innovation, la coopération régionale.
Aké MIDA
L’avenir économique de l’Afrique dépend de sa capacité à naviguer dans un paysage complexe tout en soutenant une croissance durable et inclusive. Le Rapport annuel 2024 du Fmi met en lumière les défis et les opportunités économiques auxquels le monde est confronté, avec une attention particulière sur le continent africain.
Ce rapport, s’inscrivant dans un contexte mondial marqué par l’incertitude économique, aborde les perspectives de croissance, les problèmes d’inflation et les questions de durabilité. Il indique que l’Afrique subsaharienne devrait connaître une croissance modérée en 2024, avec des prévisions d’une augmentation du Produit intérieur brut (Pib) d’environ 4,2 %. Cette croissance est inégale selon les régions et les secteurs, avec des pays comme le Nigeria et l’Afrique du Sud tirant les chiffres vers le bas en raison de problèmes structurels persistants et d’une instabilité politique. Par exemple, le Nigeria est confronté à des défis tels que des conflits internes et une inflation galopante atteignant 22,4 % en 2023.
« De nombreux pays vulnérables ont du mal à se remettre sur les rails après avoir subi des crises successives et risquent donc d’accumuler encore plus de retard », fait remarquer Kristalina Georgieva, directrice générale du Fmi. « Cela nécessitera des changements de politique ambitieux mais réalisables, qui s’attaqueront aux problèmes d’allocation des ressources et amélioreront la flexibilité du travail ; qui favoriseront l’ouverture des échanges commerciaux et le développement financier ; et qui amélioreront la productivité et tireront pleinement parti des technologies », poursuit-elle.
Au Sahel, la situation préoccupante liée aux conflits, aux troubles civils et à l’insécurité alimentaire pourrait entraîner, dans le pire des cas, une contraction économique de 20 %, selon une analyse du Fmi.
Inflation et dette
Si l’état actuel de l’économie mondiale est contrasté, la bonne nouvelle est que l’inflation est redescendue après avoir connu un pic au milieu de l’année 2022, en grande partie grâce aux efforts concertés des banques centrales. Cependant, l’inflation demeure une préoccupation majeure pour de nombreux pays africains, en grande partie en raison de l’augmentation des prix alimentaires et énergétiques.
Le Fmi met en garde contre les risques d’une inflation persistante, qui pourrait freiner la croissance et affecter le pouvoir d’achat des populations les plus vulnérables. En 2023, l’inflation en Afrique du Sud a atteint un sommet de 14 %, ce qui a incité la Banque centrale à augmenter ses taux d’intérêt à 8,25 % pour contrer la hausse des prix.
Le rapport appelle également à une gestion prudente des dettes publiques, soulignant que de nombreux pays africains se retrouvent en situation d’endettement élevé. Selon le Fmi, la dette publique en Afrique subsaharienne a atteint environ 61 % du Pib en 2023, exacerbée par les retombées économiques de la pandémie de Covid-19 et de la poursuite de la guerre russo-ukrainienne.
La carte des prêts indique que l’aide financière approuvée lors de l’exercice 2024 au 30 avril 2024 est de 10,484 milliards de droits de tirage spéciaux (Dts), soit près de 13,82 milliards de dollars (1 Dts = 1,31793 dollar) pour l’Afrique subsaharienne : 148,56 millions Dts pour le Bénin, 228,76 millions Dts pour le Burkina Faso, 200,20 millions Dts pour le Burundi et 23,70 millions Dts pour le Cabo Verde.
Mesures appropriées
Certains pays, notamment ceux riches en ressources naturelles et ceux qui diversifient leur économie, montrent des signes de résilience. Le rapport mentionne que les secteurs de l’agriculture, des technologies numériques et des énergies renouvelables sont identifiés comme des moteurs potentiels de croissance.
Le Fmi note que l’Afrique pourrait générer jusqu’à 12 millions d’emplois dans le secteur des technologies numériques d’ici 2025, ce qui souligne l’importance de l’innovation. Le rapport souligne également l’importance de l’intégration régionale à travers des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), qui pourrait augmenter le commerce intra-africain de 52 % d’ici 2030.
L’aggravation de la fragmentation géoéconomique menace d’accroître les disparités économiques mondiales. « Les défis nous offrent également l’occasion de nous adapter et de prospérer », estime Kristalina Georgieva.
Des efforts devront être faits pour renforcer la transparence et la gouvernance dans la gestion des finances publiques, préconise le Fonds. L’institution souligne aussi que l’Afrique possède un potentiel énorme pour attirer les investissements, notamment dans les infrastructures et les technologies vertes. Pour en tirer parti, le rapport préconise un renforcement des partenariats public-privé (Ppp) pour mobiliser les capitaux nécessaires au développement durable. Les investissements dans les infrastructures en Afrique pourraient atteindre 108 milliards de dollars par an d’ici 2030.
Il est également essentiel d’encourager les investissements étrangers directs (Ied) en améliorant le climat des affaires et en garantissant un cadre réglementaire stable. En 2023, l’Afrique a attiré environ 43 milliards de dollars d’Ied avec un potentiel d’augmentation grâce à des réformes économiques. Le développement des compétences et l’éducation restent également des priorités, car une main-d’œuvre qualifiée est cruciale pour attirer des investissements