La hausse du prix de l’essence au Nigéria a des répercussions au-delà des frontières du pays. C’est bien le cas du Bénin qui subit de plein fouet la crise du carburant nigérian. Décidés à ne pas s’approvisionner chez les vendeurs de » Kpayo » à un prix exorbitant, les usagers se tournent vers les stations-service. Mais cela n’est pas sans ennuis pour ces conducteurs obligés de faire les pieds de grue.
Belmondo ATIKPO
Le prix de l’essence chez les vendeurs de carburant frelaté est de 800 F, 900 F voire 1000 F le litre selon l’endroit. À la pompe, le prix du litre est plutôt est abordable. Il est à 650 F. Pour un prix différentiel de 150 F, les conducteurs de motos et d’automobiles se portent vers les stations-service. Et pour avoir le privilège d’être servi le premier au niveau des stations il faut se lever dès les premiers chants de coq. Car la demande des clients est devenue trop forte. Tout au long de la journée, on assiste à des files inhabituelles devant ces stations. Les usagers, par milliers sous le soleil et même en temps de pluie, font la queue. Des queues interminables à la quête du précieux liquide.
Des usagers fatigués de faire le rang
Un tour fait sur quelques stations-services laisse voir des usagers fatigués. Epuisés des longues attentes, ils n’ont, pour la plupart, pas de mots pour exprimer leur désarroi. « Je perds toute la journée dans le rang, alors que j’ai des bouches à nourrir », fulmine Paul, un conducteur du taxi-moto d’une cinquantaine d’années, sous le coup de la fatigue. Même son de cloche de la part de Nathalie, une caissière proche de la quarantaine. « Hier à aujourd’hui, j’ai cherché en vain où m’approvisionner en essence. Mes allers et retours, je les ai faits à » Zem ». J’ai non seulement beaucoup dépensé mais aussi j’ai accusé souvent de retard au travail. Peu importe si mon patron va se fâcher je dois faire le plein de ma moto avant de quitter ce lieu », confie-t-elle. Les autres usagers ont refusé de faire le moindre commentaire sauf un qui indique ‘’ avoir a peur de parler par peur de représailles « . Pour un autre usager, « le nouveau président du Nigeria doit revoir sa copie et revenir à la raison ». La moisson des réactions recueillies traduisent en partie l’état d’esprit de la majorité des Béninois qui souffrent le martyr face à la hausse du prix de l’essence.
Un frein à l’économie
Une économie tourne autour de la circulation des personnes et des biens. Mais le seul fait que l’essence est devenue une denrée rare, peut plomber les activités économiques. Au lieu que, les citoyens vaquent à leurs activités quotidiennes, ils passent plutôt le clair de leur journée dans les stations à la recherche de l’essence. Cet état de chose met tout le pays au ralenti. Aussi, le retard des usagers à leur lieu de travail, est-il source de manque à gagner aussi bien pour les entreprises que pour l’État. Le manque d’essence ou la cherté du carburant au Bénin a déjà laissé des fissures sociales et économiques en quelques jours. Plus les jours passent, plus la situation se complique pour les usagers.
Certaines stations sont à sec
Si s’approvisionner en carburant ces jours-ci est un véritable parcours de combattant, ne pas en trouver du tout est pire. Au moment où certaines stations continuent de tourner à plein régime et de remplir leur rôle, d’autres par contre sont à sec. Ces stations attendent à leur tour d’être pourvues en gros en carburant avant de servir les détaillants. Les motocyclistes et automobilistes sont astreints à trainer leurs engins sur de longues distances avant de trouver de l’essence. À ce tableau vient s’ajouter également la pénurie observée de plus en plus chez les vendeurs de « Kpayo » qui ont mis la plupart la clé sous la porte. Le manque ou la hausse du coût du carburant est au plus haut sommet de la pyramide source de nombreuses répercussions au plan social et économique.