Du vendredi 16 au dimanche 18 Août s’est déroulée à Dassa-Zoumè, la 65ième édition du pèlerinage marial à la grotte d’Arigbo. Occasion solennelle pour honorer la Vierge-Marie, ce rendez-vous constitue une incontestable saison de bonnes affaires pour nombre de béninois.
Bidossessi WANOU
Ça n’a pas raté. Le pèlerinage marial annuel de Dassa-Zoumè s’est déroulé ce weekend avec ses nombreuses opportunités économiques. Evènement unique qui réunit au mois d’août les fidèles chrétiens catholiques et autres curieux en provenance de partout en Afrique et d’au-delà des frontières continentales. Ce rendez-vous n’est pas que spirituel mais aussi commercial dont chacun profite à sa manière. Des convoyeurs aux restaurateurs en passant par les tenancières d’hôtel et tous autres acteurs économiques en particulier ceux d’objets de piété. C’est la saison des bonnes affaires. En effet, des tractations pour le convoyage des pèlerins depuis leurs paroisses en passant par le marché qui n’anime sur les lieux de l’évènement, le pèlerinage annuel s’avère une importante occasion dont profitent nombre d’acteurs. Selon sœur Marie-Hyacinthe, environ un mois avant le jour du démarrage du pèlerinage, certains pèlerins commencent déjà à faire réservation de chambre. Et pour cause, la ville n’en dispose pas assez, ce qui fait que ceux qui attendent les dernières heures font en recherchent en vain. Même au niveau du centre marial, certaines chambres sont spécialement aménagées pour accueillir les pèlerins demandeurs à 7000Fcfa la nuitée. Mais toujours est-il que cela ne permet pas de satisfaire la demande de milliers de pèlerins. C’est alors que certains ménages se proposent de combler le vide. C’est ce que rapporte Roméo Aballo, propriétaire de maison : Des chambres sont disponibles dans certaines maisons. Le coût varie par nuitée selon la distance et le confort qu’elle présente. Djigbo Hilaire se fait plus précis : on peut en trouver à partir de 2000Fcfa jusqu’à 5000Fcfa, tout dépend aussi du confort. Sur les lieux, les vendeurs de différentes denrées font leurs petites affaires, d’autres en ambulant, d’autres sur place devant leur étalage. Dans le même cadre, certains abandonnent temporairement leurs affaires, le temps d’un weekend afin de profiter du potentiel marché que constituent les pèlerins. Dans cette ambiance, le désire de faire profit l’emporte sur toute autre considération.
Des prix à la tête du client
Le pèlerinage annuel à Dassa-Zoumè intervient au lendemain de la sortie de nouvelles ignames. Cette commune étant réputée comme l’une des productrices au plan nationale, certains pèlerins en profitent pour s’approvisionner. Il en est de même du gari raffiné, produit dan la localité. Habitués à la forte demande de la période, les distributeurs eux-mêmes font leurs prévisions. « Pour cette semaine, j’ai apprêté 3 sacs de plus car, d’habitude, du retour du pèlerinage, beaucoup de personnes en demandent » confie Huberte Fanahouèdo, grossiste du gari. De part et d’autres de la voie, les tas d’ignames aussi sont exposés. Les plus curieux s’y aventurent mais rapidement, d’autres s’en retiennent du fait des prix du marché. Et pour cause, à la faveur de la foule de demandeur, la spéculation s’invite dans le jeu. Les pèlerins qui sont habitués au système préviennent : « Quand ils sentent que vous n’êtes pas autochtone, on vous taxe rapidement » ; confie en effet un pèlerin.
Les objets de piété, prisés
Sur les lieux du pèlerinage, plusieurs denrées sont disposées. Dans le lot, les objets de piété concentrent l’attention des pèlerins. Ces étalages attirent le grand nombre de visiteurs. Approchés, un client justifie: « nous sommes sur un lieu saint et c’est la raison pour laquelle beaucoup préfèrent venir payer ces objets ici. Contrairement à cette thèse, Josiane Hongbété, un autre pèlerin rapporte « il y a assez d’étalages, ce qui permet de trouver les produits à un coût abordable ». Selon d’autres pèlerins, pouvoir repartir avec des souvenirs est le principal mobile de ces achats. A partir de 100 Fcfa seulement, chaque pèlerin peur partir avec un chapelet explique à cet effet, Laurence Abitè, vendeuse. Le pèlerinage marial constitue donc une occasion de floraison économique parfois sur fond d’escroquerie des pèlerins par certaines personnes de mauvaise foi.