L’Afrique possède des ressources naturelles abondantes. La plupart des économies de ses pays accroissent à un rythme remarquable par rapport aux économies avancées. Les investissements directs étrangers affluent et l’aide au développement reste omniprésente. Mais ses populations sont toujours pauvres. Pourquoi et que faire ?
ISSA SIKITI DA SILVA
Selon les projections de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne concentrera en 2050 près de 90 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté.
Les chocs climatiques, la dégradation de l’environnement, l’effondrement des prix des cultures et du bétail et les conflits sont parmi les causes de la pauvreté et la faim en Afrique, selon Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies.
Cependant, les gouvernements africains ont aussi intérêt à promouvoir la paix et les droits de l’homme afin d’éradiquer la pauvreté et la faim, ce qui permettrait à créer un développement durable, ajoute le patron de l’ONU.
Phénomènes naturels
La dégradation de terres, l’une des conséquences du changement climatique, détruit l’agriculture, ce secteur si précieux qui fournit un peu plus de 60 % des emplois de la majorité des africains.
Au Bénin, 29 à 33% des terres sont dégradées, selon les chiffres du gouvernement. Les sols sont fortement dégradés au nord du Bénin, 84% des terres dans l’extrême nord et 40% dans le nord. La dégradation des terres entraine la migration, la pauvreté, et parfois les conflits.
Prix des cultures et du bétail
En 2016, le naira, la monnaie nigériane, avait perdu 30 % de sa valeur vers le mois de juin, entrainant une baisse systématique du prix du bétail dans toute l’Afrique de l’Ouest. Le Nigeria est le premier marché d’exportation pour les éleveurs des pays sahéliens, selon les experts.
Bien que la politique monétaire ou la baisse du produit intérieur brut d’un pays peuvent provoquer la chute du prix de bétail. Cependant, certaines décisions spontanées prises par les marchands de bestiaux, en particulier, peuvent aussi provoquer la chute du prix du bétail.
Selon Jean Boutrais, l’auteur du livre intitulé « Du pasteur au boucher : le commerce du bétail en Afrique de l’Ouest et du Centre », ces décisions sont prises non seulement en fonction des prix mais également de leur identité ethnique, des réseaux dans lesquels ils s’insèrent, de stratégies et d’intuitions personnelles.
Plus encore que d’autres activités en Afrique, le commerce du bétail est un domaine endogène, relativement peu influencé par des intervenants externes. Son fonctionnement est largement le résultat des décisions prises par les acteurs sur place.
L’agriculture africaine a connu apparemment un faible développement de longue période surtout si on la compare à l’agriculture asiatique, affirme Philippe Hugon dans « L’agriculture en Afrique subsaharienne restituée dans son environnement institutionnel ».
La faible productivité de l’agriculture est un facteur essentiel de blocage de l’économie, poursuit Hugon. Elle est surtout dominée par des petits fermiers qui vendent leurs petites productions à de prix très bas. Ce qui fait que l’agriculture n’est pas compétitive en Afrique.
Dictature
Bien que les phénomènes naturels et économiques provoquent la pauvreté en Afrique, les dirigeants politiques africains, nouveaux et anciens, ont aussi une grande part de responsabilité de la pauvreté de leurs citoyens.
Le continent compte plus de 30 dictateurs dont une vingtaine est restée au pouvoir au-delà de leurs mandats constitutionnels, provoquant des conflits armés, des rebellions interminables et des marches de protestation souvent sanglantes.
Corruption
Les coûts économiques de la corruption varient selon l’échelle et la fréquence des manœuvres frauduleuses.
Dans « La Corruption et ses Conséquences sur notre Système Judiciaire entre 1986 et 2008 », Inel Torchon, de l’Université d’Etat d’Haiti souligne que la corruption peut mettre en péril la réalisation des objectifs du développement durable.
« La recherche de pot-de-vin ajoute aux frais des entreprises, pèse sur les petits entrepreneurs et entraîne une mauvaise répartition du capital humain et du talent. La concurrence finit par jouer sur le pot-de-vin, ce qui prive le public des avantages de la concurrence », renseigne Inel Torchon.