Tandis qu’elle fait courir, de leur côté l’Organisation Mondiale de la Santé, l’Organisation Mondiale du Commerce qui, chacune remue ciel et terre pour s’assurer de la mise en place de bonne mesure sécuritaire dans le volet qui est le leur, la pandémie du Coronavirus ne laisse pas inactive l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Dans un récent rapport qu’elle a réalisé sur les impacts du Covid-19, l’institution signale que près de 25 millions d’emplois dans le monde pourraient être perdus.
Sylvestre TCHOMAKOU
Tout comme elle fait chuter déjà, et sans aucune forme de procès l’équilibre financière des entreprises, des pays et même des plus fortunés du monde, l’épidémie du Coronavirus pourrait entraîner une hausse drastique du chômage dans le monde entier. Près de 25 millions d’emplois sont en jeu. C’est ce que révèle le rapport préliminaire d’évaluation de l’OIT intitulé « Le Covid-19 et le monde du travail : impacts et réponses ». Selon ledit rapport qu’a rendu public l’organisation au cours de la semaine du 16 mars 2020, il est indispensable de prendre des mesures urgentes, de grande envergure ainsi que des mesures coordonnées autour de trois piliers. Il s’agit de la protection des travailleurs sur leur lieu de travail, la relance de l’économie et de l’emploi ainsi que le soutien aux emplois et aux revenus. Ces mesures, explique l’organisation selon BBC Afrique, nécessitent l’élargissement de la protection sociale, un soutien en matière du maintien des emplois comme par exemple le travail partiel, les congés payés ou d’autres aides, ainsi qu’un allégement fiscal et financier, y compris pour les microentreprises et les petites et moyennes entreprises. De plus, le rapport préliminaire suggère également des mesures en matière de politiques fiscales et monétaires. A tout cela s’ajoute la recommandation d’octroi de prêts et de soutien financier pour des secteurs économiques ciblés.
Des rapports de similitude
S’interrogeant sur les possibles conséquences de l’épidémie du Covid-19, l’institution en charge du marché international du travail s’est basée sur des scénarios passés, et dont les impacts sur la croissance économique mondiale étaient directs. Prenant en comparaison la crise financière internationale des années 2008-2009, qui a provoqué une hausse du chômage dans le monde, de 22 millions, l’OIT dans sa projection, évoque une hausse du chômage mondial entre 5,3 millions (scénario le plus optimiste) à 24,7 millions (scénario le plus pessimiste) par rapport au chiffre de base de 188 millions en 2019.
Le confinement, un facteur de sous-emploi et de pertes de revenus
A l’heure où le Covid-19 impose un confinement absolu à presque tous les citoyens des pays touchés, dans le monde du travail, les conséquences économiques selon l’OIT s’accroissent déjà et le seront davantage. Elles se traduisent par des réductions des horaires de travail et des salaires. Le travail indépendant dans les pays en développement, explique l’institution, pourrait chuter en raison des restrictions de mouvement auxquelles les populations sont soumises. La baisse du nombre d’emplois étant la résultante de tous ces corollaires du Covid-19, l’étude les estime dans une fourchette allant de 860 milliards de dollars à 3,4 millions de dollars d’ici la fin 2020. Cela se traduira par une chute de la consommation des biens et des services, qui impactera à son tour les perspectives des entreprises et des économies. La pauvreté au travail devrait elle aussi augmenter de manière significative, au fur et à mesure que «la pression sur les revenus en conséquence du déclin de l’activité économique touchera très gravement les travailleurs vivant autour ou sous le seuil de pauvreté». L’OIT estime qu’entre 8,8 et 35 millions de personnes supplémentaires dans le monde se retrouveront en situation de travailleurs pauvres, comparé à la projection originale pour 2020 qui prévoyait une baisse de 14 millions au niveau mondial.
Invite à des mesures drastiques et coordonnées
Face à ces nombreux problèmes qu’annonce la pandémie du coronavirus, des mesures urgentes et stratégiques nécessitent d’être prises selon le directeur général de l’OIT, Guy Ryder. Pour lui, «Il ne s’agit plus seulement d’une crise sanitaire mondiale, c’est aussi une crise grave en matière d’emplois ainsi qu’une crise économique majeure qui est en train d’avoir un impact considérable sur les populations». « En 2008, poursuit-il, le monde avait présenté un front uni pour s’attaquer aux conséquences de la crise financière mondiale, et le pire avait pu être évité. Nous avons besoin de ce même rôle moteur et de cette même résolution à l’heure actuelle ».
Les pays africains, de gros perdants ?
Même si le taux de contamination en Afrique n’est pour le moment élevé comme en Europe, en Asie ou aux Etats Unis où de milliers de cas sont détectés, l’étude de l’OIT semble déjà se vérifier. Pour éviter la propagation du virus, nombreux sont ces pays occidentaux et africains qui ont déjà procédé à la fermeture de leurs frontières terrestres comme aériens causant ainsi des manques à gagner aussi bien pour les compagnies, les commerçants et les Etats que pour les travailleurs. La fermeture des écoles, universités et autres centres de formations étant de mise dans certains pays comme le Togo, l’Algérie, cela ne sera pas sans conséquences sur le quotidien des acteurs de la chaîne de l’éducation, notamment ceux du privé qui vivent du travail réalisé. Au vue de la grave menace que présente ce virus, l’urgence d’une rapide action concertée se fait nécessaire.