Suite aux récentes alertes sur de supposée nuisances renforcés par la décision d’un tribunal américain à propos de l’herbicide glyphosate, le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche était face à la presse le jeudi 23 août 2018. Face aux hommes des médias, Cossi Gaston Dossouhoui a donné des explications sur les différents circuits formels qui consacrent le produit incriminé et qui en sous-tendent l’usage avant de rassurer l’opinion publique de ce qu’il n’y a aucun danger ou risque dûment certifié par les instances d’appréciation ou de consécration quant à l’usage de cet herbicide.
« Le glyphosate s’utilise depuis un certain nombre de temps, ça n’a jamais fait d’hécatombe, ça n’a jamais créé de cancer ». Ainsi s’est exprimé le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche Cossi Gaston qui a tenu à rétablir la vérité et à rassurer les agriculteurs dans ce contexte de psychose avancée quant à l’usage de cet herbicide. Mieux explique le ministre, le produit n’attaque que les mauvais herbes et n’a aucun inconvénient sur le sol qui plus est, la semence. En tombant d’accord sur la part toxicité qu’on pourrait reconnaitre à tout produit pharmaceutique, il va s’appuyer sur les dispositions légales en république du Bénin quant à l’usage des pesticides en agriculture, la loi phytosanitaire 91-004 du 11 février 1991 en son article 15 « pour pouvoir être importés, fabriqués, conditionnés pour mise sur le marché national et utilisés, les produits phytopharmaceutiques devront obtenir un agrément » et rassurer les béninois de ce que le gouvernement veille aux grains. La preuve, avant tout utilisation, le produit en question est d’abord homologué par le Comité national d’agrément et de contrôle des produits phytopharmaceutiques (CNAC). A cette étape, l’écotoxicité du produit, sa toxicologie, son impact sur l’environnement, son efficacité biologique et les limites maximales de résidus sont passés au crible. Le glyphosate a passé cet examen ici au Bénin comme à l’international et jusqu’à présent, il n’y a pas de soupçon qui condamne son usage ou en évoque clairement les dommages sur l’environnement et plus sur les humains. « Le produit n’attaque que l’herbe, il n’attaque pas le sol » a en effet confié Gaston Dossouhoui pour qui, le débat qui se mène est dépourvu de fondement scientifique.
A propos du Glyphosate
Les soupçons sur la capacité de nuisance de l’herbicide Glyphosate ne datent pas d’aujourd’hui. Dès lors, plusieurs laboratoires s’y sont intéressés et il a fait objet de plusieurs enquêtes au vu des prescriptions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Acide organique faible de synthèse, découverte depuis 1950, le Glyphosate est doté d’une puissante propriété herbicide. Breveté en 1974, il est fabriqué et commercialisé sous le nom commercial de Roundup. Tombé dans le domaine public depuis 2000, le Glyphosate entre dans la composition de plus de 750 produits, fabriqués par plus de 90 firmes agrochimiques. Selon les normes établies par l’Oms pour la classification des pesticides, cinq classes selon leur dangerosité, le glyphosate est de classe III, « peu dangereux». D’autres études ont également remis en cause le lien formel entre le produit et le développement d’un quelconque cancer. Le 10 mars 2015 par exemple, le Centre national de recherche sur le cancer, centre sous tutelle de l’Oms n’a donc fait que classer le glyphosate comme « cancérigène probable pour l’homme », aucune preuve n’étant établie. Et le 12 novembre de la même année, l’Agence nationale de sécurité alimentaire européenne (Circ) estime qu’il n’y a pas de lien de causalité entre l’exposition au glyphosate et le développement de cancer chez les humains ». Le Comité Sahélien des pesticides (Csp) du Comité permanent inter Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss) a aussi en mai 2018 homologué plus d’une dizaine de différents produits comportant du Glyphosate comme matière active. Et si le 10 Août 2018, la firme Monsato a été condamnée en première instance par un tribunal américain, ce n’est pas parce qu’il est cancérigène mais plutôt, pour n’avoir pas pris le soin d’inscrire sur l’étiquette il y a 20 ans, la mention « si on n’utilise pas correctement le ROUNDUP, il y a danger ». En ce qui concerne son impact sur l’environnement, le glyphosate se dégrade rapidement en acide aminométhyl puis en substances naturelles présentes comme dioxyde de carbone et les phosphates. Il a donc une décomposition rapide qui contribue à son profil favorable d’innocuité environnementale.
De l’usage du Glyphosate au Bénin
Selon les clarifications du ministre Dossouhoui, « le glyphosate est utilisé au Bénin pour le désherbage des champs avant l’installation des cultures afin de réduire la pénibilité du travail des producteurs et combler le déficit de la main d’œuvre ». Tandis que dans les pays industrialisés, le dosage est de 10litres/hectare, au Bénin c’est seulement 3 litres qui est recommandé. Malgré cela, « on n’a jamais dépassé 2L/hectare » a tout de même renchéri le ministre. C’est sans compter son épandage et sa dilution dans une certaine quantité d’eau sous forme de bouillie. Quant à l’usage dans les champs, le mélange est répandu avec un appareil à pression entretenu ou avec des appareils à très bas volume positionnés à 20 cm au-dessus des mauvaises herbes. En plus, le ministère de l’agriculture avec ses services compétents n’ont jamais marchandé leur assistance aux cultivateurs dans le bel usage des différents intrants, herbicides et autres techniques culturales. Il est donc organisé périodiquement des campagnes de sensibilisation et d’information des producteurs sur la bonne utilisation des pesticides avant, pendant et après application. Au demeurant, le ministre notifie qu’à ce jour, il n’y pas d’alternative au glyphosate et que le processus de recherche et d’homologation d’une nouvelle matière active exige au minimum 10 ans. Toutefois, le ministre avant de conclure a réitéré la bonne foi du gouvernement à combattre tout produit nuisible à la santé de la population car « Etant entendu que tout produit pharmaceutique ou phytopharmaceutique présente un minimum de risque et lorsque ce risque devient important pour la population, nous nous devons de prendre les mesures permettant d’éliminer ce risque » a-t-il conclu.
Bidossessi WANOU