La Banque mondiale a publié ce 1er mars 2022 un nouveau Mémorandum économique du Bénin. Intitulé ‘’accélérer l’élan de croissance et créer de meilleurs emplois’’, le rapport relève les principaux moteurs et les limites du modèle de croissance actuel.
Félicienne HOUESSOU
En 2020, le Bénin est officiellement passé du statut de pays à faible revenu à celui de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Mais beaucoup d’efforts restent à faire pour solidifier cette position. Atou Seck, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Bénin estime que le modèle économique actuel du Bénin mérite d’être soutenu en profondeur, avec des réformes structurelles robustes pour produire une croissance génératrice de productivité du travail et d’emplois de qualité. A l’en croire, le nouveau rapport propose des pistes pour renforcer la dynamique économique lancée ces dernières années au Bénin. Le Mémorandum économique du Bénin vise à soutenir les décideurs politiques du Bénin dans leurs efforts de réforme, et à enrichir le débat sur le développement socio-économique du pays. Pour accélérer la dynamique de croissance et créer de meilleurs emplois, l’étude recommande des options de politiques fortes sur trois axes d’analyses. Il s’agit de la transition démographique, le renforcement des infrastructures et services de transport et la diversification économique. Pour Daniel Benitez, économiste principal en transport et un des auteurs du rapport, « en améliorant les infrastructures et les services de transport pour mieux relier les personnes et les marchés, réduire la distance économique, et créer des économies d’agglomération, le pays pourra devenir plus compétitif dans la région ». Il soutient que cela va de pair avec la diversification des exportations, la modernisation du commerce de transit informel et le renforcement de l’écosystème nécessaire au développement d’un secteur exportateur plus compétitif.
Miser sur la transition démographique
Le Bénin, l’une des économies montante de la région, gagnerait à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes, à renforcer le capital humain et améliorer la qualité du marché du travail, afin de tirer des avantages économiques de la transition démographique. C’est le constat que font les experts de la Banque mondiale dans le nouveau Mémorandum économique du Bénin. Ce rapport révèle, entre autres, que « pour assurer la transformation structurelle de son économie, le Bénin gagnerait à investir dans de nouveaux moteurs de croissance susceptibles d’augmenter la productivité du travail et de créer des emplois de qualité pour sa main-d’œuvre, en particulier pour les jeunes et les femmes ». Selon Nathalie Picarelli, économiste à la Banque mondiale et rédactrice principale du rapport, l’économie béninoise doit pouvoir maintenir l’élan de croissance réussie ces dernières années. Ceci permettra au pays de poursuivre le chemin de la croissance à deux chiffres et se solidifier comme une économie à revenu intermédiaire. « Approfondir les réformes en faveur du développement du capital humain, soutenir les infrastructures et les services, et intégrer plus efficacement l’économie dans les échanges mondiaux font partie des pistes à suivre», a-t-elle indiqué. En effet, le rapport analyse les modèles de croissance économique du pays. Il apporte des éléments de réponses aux questions telles que : Comment le Bénin peut-il saisir les dividendes de croissance de sa transition démographique ? Comment de meilleures infrastructures et services de transport peuvent-ils alimenter la croissance et la transformation économique ? Le commerce peut-il accroître la compétitivité du secteur privé et la diversification économique ?
Bien que la croissance économique ait augmenté pour atteindre en moyenne 5,1 % par an au cours de la dernière décennie, positionnant le pays comme l’une des économies montantes de la région, elle ne s’est pas traduite par une augmentation significative de la productivité du travail et reste volatile. En outre, cette forte croissance n’a pas entraîné une augmentation suffisante du revenu par habitant lorsqu’on analyse les dix dernières années. En effet, note le rapport, si le revenu réel par habitant du pays a augmenté, rattrapant l’écart avec la moyenne régionale, le taux moyen de 2,2 % entre 2011 et 2019, il reste insuffisant pour solidifier les acquis et gravir les échelons vers une économie à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.