Moody’s Investors Service (Moody’s) a confirmé les notes Ba2 à long terme, Ba3 à long terme et NP à court terme de la Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire de l’UEMOA (CRRH-UEMOA) à travers un communiqué publié le mardi 8 mars 2022. Egalement, la perspective de l’émetteur a été changée de stable à négative.
Félicienne HOUESSOU
L’agence de notation financière Moody’s, suite à l’évaluation autonome de la CRRH-UEMOA, a décidé de confirmer : la notation d’émetteur à long terme (devise étrangère), Ba3 ; la notation d’émetteur à long terme (devise locale), Ba2 ; les notes d’émetteur à court terme, NP ; la note de famille d’entreprise à long terme, Ba2 avec perspectives stables. L’évaluation autonome de la CRRH-UEMOA saisit également les défis de l’activité monoline de la CRRH-UEMOA qui limite considérablement la valeur et la rentabilité de sa franchise ; ainsi que de l’environnement opérationnel de l’UEMOA et du risque de contrepartie relativement élevé des banques dont elle refinance les prêts hypothécaires. En décembre 2020, la CRRH-UEMOA affichait un ratio TCE sur actifs corporels gérés de 9,2 %, avec une dette subordonnée en quasi-fonds propres supplémentaire d’environ 17,8 %. Les actifs liquides de l’entreprise par rapport au total des actifs s’élevaient à 32,4 %. Dans son communiqué, Moody’s indique que l’affirmation par des notations à long terme de la CRRH-UEMOA reflète la solide qualité des actifs de la société, soutenue par une structuration prudente de ses prêts, une échéance actif-passif assortie combinée à une liquidité solide et à une capitalisation adéquate.
Notation Ba3
La notation familiale à long terme Ba2 (CFR) de la CRRH-UEMOA intègre deux crans d’amélioration du soutien aux affiliés par rapport à l’évaluation autonome b1 de l’entreprise. Elle reflète l’évaluation de Moody’s d’une forte probabilité de soutien aux affiliés en cas de besoin de la part de son sponsor et principal actionnaire, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD, Baa1 négatif). Malgré la baisse de la participation de la BOAD à la CRRH-UEMOA (15% actuellement), l’entité reste d’importance stratégique pour la BOAD et les États membres de l’UEMOA compte tenu de son rôle dans la promotion et le développement du crédit hypothécaire résidentiel dans la région de l’UEMOA. La forte probabilité de soutien reflète également les fortes interconnexions opérationnelles et financières entre les deux institutions.
Notation Ba2
La notation d’émetteur en monnaie locale à long terme Ba2 de la CRRH-UEMOA est alignée sur son CFR à long terme Ba2. La notation d’émetteur en devises à long terme de la CRRH-UEMOA est plafonnée par le plafond du pays en devises à Ba3. Pour évaluer le plafond pays en devises applicable à la CRRH-UEMOA, Moody’s utilise le plafond moyen pondéré des pays dans lesquels la CRRH-UEMOA opère. Le plafond en devises par pays appliqué à la CRRH-UEMOA reflète le risque de convertibilité et de transférabilité des devises dans la région.
Moody’s explique que sa décision de faire passer la perspective de l’entité de stable à négative reflète l’exposition importante de la société au système bancaire et à l’environnement opérationnel maliens, via le financement fourni aux banques maliennes pour faciliter les prêts hypothécaires dans ce pays. « Suite aux sanctions économiques et financières imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et l’UEMOA début janvier 2022, le gouvernement du Mali a manqué des paiements obligataires depuis janvier 2022. Alors que la CRRH-UEMOA n’a aucune exposition directe au souverain malien, l’entreprise est exposée à l’environnement opérationnel malien (qui risque de se détériorer davantage) et le système bancaire (qui est affecté par ces sanctions, même s’il est jusqu’à présent resté globalement stable) », explique l’agence de notation. La sanction sur les paiements transfrontaliers fait en effet peser un risque important sur la liquidité du système bancaire malien, auquel la CRRH-UEMOA est directement exposée.
La pression à la hausse sur les notations est limitée compte tenu des perspectives négatives. Une pression à la baisse sur les notations pourrait résulter de sanctions économiques et financières prolongées à l’encontre du gouvernement du Mali. Elle pourrait également résulter d’une évaluation selon laquelle la CRRH-UEMOA aura plus de mal à percevoir ses cotisations auprès du système bancaire malien, ou d’une évaluation selon laquelle la solidité de la CRRH-UEMOA s’est affaiblie. Notons que la CRRH-UEMOA est une institution financière régionale qui opère comme un véhicule de refinancement hypothécaire résidentiel.