Les chiffres extraordinaires du mobile money au Kenya reflètent un secteur qui ne cesse de monter en flèche dans un continent où les populations en ont marre de l’arrogance des banques. M-Pesa, le service de mobile money qui a récemment généré 50 milliards de shillings kenyans pour Safaricom, semble représenter un danger pour la survie des banques.
Issa SIKITI DA SILVA
Les consommateurs ont déserté les agences bancaires du pays, choisissant de déposer leur argent via des plateformes d’argent mobile, et de transférer des dépôts bancaires vers leurs portefeuilles d’argent mobile. Ceci est une révélation du dernier rapport du Kenya Banking Sentiment Index 2022, cité cette semaine par plusieurs médias du pays.
Le rapport, préparé par Deloitte en collaboration avec DataEq, cite les acteurs numériques dont M-PESA, qui représentent des adversaires féroces pour les banques dont les pouvoirs semblent avoir été affaiblis.
Safaricom, le géant de téléphonie mobile du Kenya, a récemment annoncé que M-Pesa, son service de mobile money, a réalisé un bénéfice avant impôts de 50 milliards de Ksh (près de 417 millions USD) au cours de la dernière année comptable qui a pris fin en mars. Les actionnaires de Safaricom comprennent, entre autres, le gouvernement du Kenya (35%), Vodacom (35%), Vodafone (5%) et le capital flottant (25%).
Menaces
Les consommateurs ont un sentiment plus positif envers M-Pesa, par rapport aux banques, selon le rapport de Deloitte et DataEq cité par le site de Capital FM. La plupart des Kenyans ont eu une expérience numérique négative lors de leurs interactions avec les banques, principalement en raison de pannes du système ou de temps d’arrêt des applications.
La menace des acteurs numériques tels que M-PESA constitue un grand défi pour les banques. Le coût élevé de l’investissement dans de nouvelles technologies et des systèmes numériques robustes posent également un défi important aux banques qui n’ont pas envisagé de passer de manière significative à un environnement bancaire numérisé, selon le rapport, cité par l’agence des informations ANA.
Deloitte recommande aux banques d’envisager de tirer parti des innovations technologiques telles que les plateformes de Cloud, les capacités d’analyse et l’intelligence augmentée qui peuvent générer des niveaux effectifs d’engagement avec leurs clients, et d’efficacité opérationnelle qui étaient impensables auparavant.
Décrit par le Fonds monétaire international (FMI) comme « changeur de donne », le service de mobile money en Afrique comprend 621 millions de portefeuilles mobiles, soit une augmentation de 17% par rapport aux 562 millions enregistrés en 2020.
Le FMI exhorte le continent à tirer parti de ce succès pour devoir passer à d’autres services fintech et à aspirer à une économie numérique. « Une plus grande inclusion et innovation numériques stimulera non seulement la croissance économique, mais une croissance qui va s’accompagner de nouveaux emplois », a souligné l’institution de Bretton Woods basée à Washington.