Au 31 décembre 2024, l’encours des crédits octroyés par les Systèmes financiers décentralisés (SFD) de l’UEMOA a atteint 2 695,2 milliards FCFA, en hausse de 5 % par rapport au trimestre précédent. Toutefois, le taux de dégradation du portefeuille demeure élevé, à 8,9 %, bien au-dessus de la norme recommandée.
F.V.
Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le secteur de la microfinance continue de jouer un rôle clé dans l’inclusion financière. Selon le dernier rapport de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’encours des crédits octroyés par les SFD a augmenté de 128,5 milliards FCFA au quatrième trimestre 2024, atteignant ainsi 2 695,2 milliards FCFA. Cette progression est particulièrement notable au Bénin (+18,4 milliards FCFA, +7,7 %), en Côte d’Ivoire (+38,3 milliards FCFA, +6,0 %) et au Sénégal (+33,4 milliards FCFA, +4,6 %). Malgré cette dynamique positive, la qualité du portefeuille de crédits reste préoccupante.
Le taux brut de dégradation s’établit à 8,9 %, bien au-dessus de la norme maximale de 3 % recommandée par la BCEAO. Cette situation s’explique par une augmentation des créances en souffrance, qui ont progressé plus rapidement que l’encours total des crédits. La répartition des crédits demeure déséquilibrée. La clientèle masculine bénéficie de 52,6 % des crédits, tandis que les femmes et les groupements reçoivent respectivement 19,2 % et 28,2 %. Le montant moyen des crédits octroyés par client a connu une hausse de 3 %, atteignant 140 949 FCFA à fin décembre 2024. Par ailleurs, neuf institutions de microfinance sont sous administration provisoire, réparties entre le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo. Cette situation reflète les défis structurels auxquels le secteur est confronté, notamment en matière de gouvernance et de gestion des risques.
Vers une consolidation du secteur
Pour assurer la pérennité du secteur de la microfinance dans l’UEMOA, il est impératif de renforcer les mécanismes de gestion des risques et d’améliorer les pratiques prudentielles. Une attention particulière doit être portée à la diversification des produits financiers et à l’inclusion des populations sous-représentées, notamment les femmes et les zones rurales. La BCEAO souligne que, malgré les progrès réalisés, la maîtrise du risque de crédit demeure un défi majeur pour consolider les acquis du secteur. Une supervision accrue et des réformes structurelles sont nécessaires pour garantir la stabilité et le développement durable de la microfinance dans la région.