Enfin, l’accès au financement des projets répondant aux besoins environnementaux, sociaux et aux impératifs de développement durable, ne sera plus un casse-tête dans l’espace de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa). Le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) vient de mettre en place un guide pour l’émission d’obligations vertes (« Green, social and Sustainable Bonds »).
Félicienne HOUESSOU
L’espace UMOA vient de se doter d’un levier important pour le financement de l’environnement, l’écologique, socialement responsable et durable. S’adressant aux émetteurs d’obligations qui souhaiteraient bénéficier d’un label vert, social ou durable « label GSS » pour leurs obligations, ce guide a pour vocation de promouvoir la création et le développement des marchés financiers, en détaillant les engagements et le cahier des charges auxquels les émetteurs doivent s’astreindre. Ainsi, les émetteurs souhaitant que leurs obligations bénéficient d’un label vert, socialement responsable, ou durable sur le marché financier de l’Uemoa, doivent se conformer à l’ensemble des éléments décrits dans ce guide. L’outil, établi en partenariat avec le Groupe de la Banque mondiale, s’appuie principalement sur les principes édictés par l’Association internationale des Marchés des capitaux (ICMA), l’un des deux référentiels de finance durable dans le monde. Tout ceci en prenant en considération les spécificités du marché financier régional.
Le CREPMF propose 4 différents types d’obligations GSS en fonction de la nature du recours des créanciers. Il s’agit des obligations vertes, socialement responsables ou durables (Use of proceeds bonds); des obligations vertes, socialement responsables ou durables garanties par les revenus (ou ‘Use of proceeds revenue bonds’); des obligations vertes, socialement responsables ou durables spécifiques à un projet (ou ‘Project bonds’) et des obligations vertes, socialement responsables ou durables titrisées (ou ‘Securitized bonds’). Rappelons que dans le domaine de la finance environnementale, les « obligations vertes» sont des instruments financiers à revenu fixe proposés comme l’un des moyens de financer la transition énergétique et/ou l’atténuation des effets du changement climatique et de la pollution ou des bulles de chaleur urbaines. Selon le Climate Bond Standards Board (CBSB), les obligations Climat permettent d’emprunter en fonction d’avantages économiques futurs espérés, pour permettre les investissements nécessaires aujourd’hui en vue d’obtenir ces avantages futurs.
Energies renouvelables
Le Bénin augmente sa capacité de 3 GW en 2019
En 2019, au Bénin, la capacité installée du secteur des énergies renouvelables a augmenté de 3 gigawatts (GW). C’est ce qu’indique le rapport annuel de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), « Statistiques de capacité renouvelable 2020 ».
Félicienne HOUESSOU
L’expansion des énergies renouvelables au Bénin passe essentiellement par les énergies solaire et photovoltaïque. En 2019, solaire et photovoltaïque ont contribué largement à la capacité renouvelable totale installée. Le rapport annuel de l’Irena montre que cette performance a permis d’atteindre les 1500 GW installés à fin 2019. En effet, face à l’urgence écologique, le Bénin amorce depuis 2016, sa transition énergétique. Ainsi, pour réussir le pari de la promotion des énergies renouvelables en remplacement de l’électricité conventionnelle, des micros centrales solaires ont été mis en service dans plusieurs contrées du Bénin. A travers plusieurs projets de valorisation des sources d’énergies renouvelables, le ministère de l’énergie dont Dona Jean-Claude Houssou a implanté et mis en service soixante dix neuf (79) mini centrales solaires, pour alimenter des localités rurales en énergie électrique. Aussi, plus de 20.000 lampadaires solaires ont été déployés pour l’éclairage public, principalement dans les localités rurales enclavées ou difficiles d’accès. De plus, un chantier de 50.000 lampadaires viendra relier des rues auparavant plongées dans le noir à partir de 18 heures.
Les ambitions vertes s’affichent
L’État béninois confronté à la question de la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, mais aussi, et surtout, à l’accès des populations à l’électricité, a mis en œuvre des programmes de développement de l’énergie solaire. Selon le ministre béninois de l’Energie Jean-Claude Houssou, le programme vise l’amélioration des conditions clés pour la mise en place d’un marché de l’électricité respectueux du climat en vue d’un approvisionnement en énergie à la fois durable et efficace. Il en résulte une atténuation du changement climatique et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. A ce titre, l’Assemblée nationale a adopté le mardi 4 février 2020, un nouveau Code d’électricité en République du Bénin. Désormais l’Etat n’a plus le monopole sur le segment de la production, le transport, la distribution et la commercialisation de l’énergie électrique. Cette innovation vient marteler l’émergence d’une économie verte, de la diversité des sources d’énergie et plus encore l’indépendance énergétique du Bénin. Elle met l’accent sur la diversification des ressources énergétiques notamment les énergies renouvelables. Le rapport « Statistiques de capacité renouvelable 2020 » atteste des réformes audacieuses entreprises par le gouvernement béninois. Si l’on s’en tient au directeur général de l’IRENA les ambitions vertes doivent d’avantages s’affichés en dépit de la crise sanitaire qui sévit actuellement dans le monde. Il informe qu’« en répondant à la crise actuelle, les gouvernements peuvent être tentés de se concentrer sur des solutions à court terme. Pourtant, les distinctions entre les défis à court, moyen et long terme peuvent être trompeuses ». Il poursuit : « les mesures de relance économique doivent également englober les objectifs portant sur durabilité et le climat. J’espère que ce rapport de statistiques annuel aidera les pays et les communautés à renforcer leur engagement envers les énergies renouvelables, à prendre des décisions énergétiques avisées ». Cet appel est mondial et concerne tous les pays. Car, en 2019, l’installation de sources d’électricité non renouvelable se poursuivait mais, avec une tendance forte à la décroissance en moyenne au niveau mondial. La croissance des énergies non renouvelable augmente uniquement en Asie, et au Moyen-Orient et en Afrique, tandis que l’Amérique du Nord et l’Europe démantèlent leurs vieilles centrales thermiques sans en construire (ou très peu) de nouvelles.
Juste Ecolo !
Plus dangereux que le Covid-19 !
Changement climatique et Coronavirus sur un ring ! Il n’y a pas match. Le double ‘’C’’ du Changement climatique illustre déjà le plus fort des deux. Sous l’angle de ‘’nature’’, nous sommes d’accord qu’il s’agit de deux catastrophes : l’un qualifié de naturel et l’autre sanitaire. La crise du coronavirus et le changement climatique possèdent évidemment de quelques traits communs, leur caractère mondial, la nécessité de réponses urgentes, les alertes scientifiques. Mais le changement climatique est d’une grande complexité, tandis qu’une pandémie virale a une cause unique.
De même que le changement climatique, le coronavirus fait aujourd’hui partie du quotidien de milliards d’humains. Cette maladie est combattue par les médecins du monde entier. Le danger c’est qu’il n’existe ni vaccin ni médicament et, la propagation qui se fait par voie respiratoire et par contact physique échappe à tout contrôle. Pour éviter la contagion, de nombreux gouvernements ont fait le choix de mettre en place des mesures radicales pour contenir l’avancée de l’épidémie, avec un impact économique sans précédent.
Le stress et la peur ont débordé les vases. A tel enseigne qu’on risque de laisser échapper l’essentiel. Tôt ou tard, la crise du coronavirus prendra fin contrairement au changement climatique. La crise climatique et la disparition de la biodiversité sont bien plus inquiétantes pour l’humanité qu’une infection virale de plus, aussi menaçante et potentiellement létale soit-elle. En 2008, un tremblement de terre de magnitude 7,9 avait fait 87.000 morts et disparus en une seule nuit dans la province du Sichuan en Chine. Sur un total de 81.620 cas confirmés de Covid-19 en Chine, seulement 3.322 personnes sont mortes de la maladie dans l’intervalle de 4 mois. La différence est nettement grande. Les modifications de l’environnement ont un impact profond sur les sociétés humaines. Elles affectent la production agricole et halieutique, les ressources en eau et tout autre être vivant. Conséquences, « plus de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté et, près de 600 millions pourraient souffrir de malnutrition d’ici 2080 », annonçait la Banque alimentaire et l’ONU. Le changement climatique n’est pas une crise: c’est une transformation irréversible. Il n’y aura pas de retour à la normale, pas de vaccin contre le changement climatique.
Pour mémoire, les projets de lutte contre le réchauffement climatique manquaient de financement. Mais, sous la menace du virus, tout ce que les intérêts financiers empêchaient de réaliser, devient désormais possible. La crise du coronavirus a démontré la capacité des Etats à prendre des mesures drastiques et rapide. On aurait tort de croire que l’épidémie de coronavirus est le plus grave. Le réchauffement climatique est bien plus dangereux. Les mesures pour lutter contre le changement climatique devront être choisies. Le climat a besoin d’une baisse soutenue et régulière des émissions de gaz à effet de serre. Au-delà des frontières, le changement climatique nous demande davantage de solidarité. L’argent ne devrait pas être un problème. Il faut à tout prix renoncer au cap catastrophique suivi jusque-là. Il est indiscutable d’adopter un mode de vie plus respectueux de l’environnement, quels que soient les coûts de sa mise en œuvre. Le chemin reste étroit mais, il n’est pas tard pour une prise de conscience mondiale.
Félicienne HOUESSOU