Le train a longtemps sifflé au Bénin. Les vestiges sont encore là, ces rails qui traversent le pays du Sud au Nord. Mais depuis plus d’une décennie on ne retrouve plus que les vestiges de ce passé glorieux. Alors que la quasi-totalité des autres pays de la sous-région ouest-africaine développent le train express, rien ne semble de dessiner au Bénin. Déjà la mort des rails ? Expert en économie des transport, Sagbo Damien Ahouandokoun s’est intéressé à la question.
Tribune libre
Forces
La situation géographique du Bénin par rapport aux autres pays de l’Afrique et surtout à la mer lui a permis de se doter d’un port en eau profonde qui dessert certains pays enclavés principalement le Niger mais aussi le Burkina Faso et accessoirement le Mali et le Tchad. Le Bénin est de ce fait un pays côtier qui constitue la porte d’accès directe à la mer des pays de l’hinterland. Il dispose d’un réseau routier classé qui couvre un linéaire d’environ 6000 kilomètres dont 2500 km de routes revêtues et d’un réseau ferroviaire global de 572 kilomètres à son apogée.il dispose des atouts considérables à cause de sa stabilité politique.
Faiblesses des transport ferroviaire au Benin
La concurrence déloyale entre le ferroviaire et les routiers a mis fin progressivement aux activités de l’OCBN créant ainsi une flambée du parc automobile facilitée par l’importation des véhicules usagées depuis les pays occidentaux. Cette flambée des véhicules poids lourds induit des conséquences lourdes à savoir la dégradation précoce des infrastructures routières, les accidents de circulation, responsables des dégâts matériels, des pertes en vies humaines (3736 cas d’accidents de routes en 2007 dont 595 tués et 3.332 blessés), (MDCTTP-PR, 2007), et la pollution atmosphérique accentuée pour donner suite à l’utilisation de carburant frelaté (mauvaise qualité). “Dans la circulation à Cotonou, vous pouvez remarquer qu’il est extrêmement difficile de respirer de l’air pur bien que des efforts soient fait par le gouvernement actuel. Le peu d’oxygène ayant été remplacé par la présence d’éléments chimiques nuisibles à la peau, aux poumons et à tout l’organisme humain. La ville tout entière aspire un air pollué issu de la fumée que provoquent les gaz d’échappement. Cotonou étant la ville qui jusque-là abrite de nombreuses industries, il en résulte l’évidence qu’elle est la ville la plus polluée du Bénin. Et les conséquences sont fâcheuses, les maladies de la peau, les cancers et de nombreuses autres maladies pulmonaires déciment à petits coups les populations urbaines” (Huguette Kassa, 2009).
Face à cette paralysie du ferroviaire et vue l’accroissement des externalités causées par le transport routier, il est urgent de redéfinir de nouvelles mesures de relance du rail béninois afin de réduire les externalités négatives du transport de marchandises. La quantité de marchandises transportées par la voie ferroviaire s’élève en moyenne à 79 069 tonnes entre 2003 et 2014. Le tonnage le plus élevé est de 427119 tonnes enregistrées en 2013 et le plus faible, 14 728 tonnes a été obtenu en 2008. Deux lignes ferroviaires sont exploitées à savoir Cotonou – Parakou (438km) et Cotonou-Sèmè (30km)
Figure 1 : Etat du réseau routier national sur la période 2013-2016
Source : Données de la DGI/MIT
Opportunité
A long terme cette ligne permettra une logistique d’approvisionnement dans les services de transports ferroviaire entre les régions du nord et du sud. Elle va améliorer considérablement le transport des passagers et surtout du fret en particulier les matières premières à partir des ressources agricoles et minérales pour les industries.
Aussi la connexion avec la république du Niger via cette ligne favorisera les échanges commerciaux entre le Niger qui est un pays enclavé ouvrant l’accès aux ports Nigérians de Lagos et Lekki à plus de 1200 Kilomètres au sud.
Aucun pays ne peut vivre en autarcie aujourd’hui face à la question de la mondialisation.
Le Sénégal et le Nigéria ainsi que d’autres pays sont entrain de comprendre l’utilité et l’urgence du transport multimodal d’ici 15 à 20 ans.
L’absence des débats d’idées sur la gouvernance du pays et les maux qui minent ce mode de transports durant des décennies ne sont plus à démontrer.
Menace
La ligne ferroviaire reliant la ville de Kano (Nigeria) à Maradi (Niger) traversera le grand centre commercial et administratif de kano en passant par d’autres pole économiques du pays comme Kazaure ;Daura ,Katsina et ira jusqu’à la ville frontalière de Jibiya et la ville de la République du Niger -Maradi constitue une menace de sécurité non négligeable dans la sous-région en ces temps de crise sécuritaire surtout l’Afrique de l’ouest
Solutions
- Faire rayonner le transport multimodal gage de la compétitivité de notre port.
- Le rôle prépondérant des députés serait de mise pour l’accélération du projet né – mort
- Notre pays le Bénin gagnerait doublement en emboitant le pas au géant du Nigéria non seulement pour accroitre sa compétitivité à cause de sa position géographique exceptionnelle mais également générer les emplois et donner vie aux logisticiens en transports.
- Le développement du transport ferroviaire va booster les activités du port de Cotonou et par ricochet va générer de devises pour le pays.
- L’attractivité de notre port avec le transport ferroviaire fera école dans les autres ports de la région ouest africaine.
Bien que Le train pose les problèmes de compatibilité internationale des infrastructures, il ne circule donc pas d’un pays à un autre souvent :
il nous faut aller plus vite pour rattraper le retard accusé et fait de ce mode de transport un grenier d’emplois et un hub pour les générations de maintenant et à venir.
Sagbo Damien AHOUANDOKOUN
Juriste-Expert en économie des transport