La recherche scientifique est en amont et en aval des travaux effectués dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Au Bénin, la contribution du système scientifique est, à ce jour, restée modeste. Pour combler ce déficit, plusieurs programmes de recherche relatifs aux changements climatiques ont été élaborés dans la Troisième communication nationale du Bénin (TCN).
Félicienne HOUESSOU
« Concernant les contraintes, limites, besoins et perspectives, les défis à relever dans le domaine des changements climatiques au Bénin trouvent leurs origines dans les problèmes généraux de la recherche scientifique », peut-on lire dans la TCN. Au Bénin, l’apport de la recherche scientifique est encore modeste, notamment en matière de compréhension du système climatique et du changement climatique, de modélisation du climat et des impacts des changements climatiques, de compréhension de la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels de lutte contre les changements climatiques, ainsi que dans les thématiques spécifiques de l’atténuation, de l’adaptation et de l’élaboration des facteurs d’émission et des données d’activité requis pour les inventaires nationaux de GES. Alors que les travaux de recherche scientifique sur le changement climatique visent à acquérir des connaissances scientifiques sur les phénomènes naturelles pour faire face aux incidences des variations climatiques.
Les travaux de recherche axés sur les programmes comportant des mesures visant à atténuer les changements climatiquessont réalisés dans les universités et les centres de recherche sur la séquestration du carbone, la réduction des émissions de GES, ou conduites à travers les études intégrées aux projets de développement pour la prise en compte de la composante atténuation. Au niveau régional ou international, le Bénin participe à quelques programmes et projets tels que le Programme UN-REDD mis en place en 2008 pour les pays du CILSS, le Programme de Recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire en Afrique de l’Ouest, le Projet « SustainergyNet », le Projet « Promoting Renewable Energy in Africa » (PREA), le Programme Carbone forestier, Marchés et Communautés (FCMC) développé par l’USAID en Amérique latine, en Afrique et en Asie pour soutenir la stratégie REDD+.
Les études réalisées dans les universités et centres de recherche sont consacrées, entre autres, aux causes de la vulnérabilité, aux limites des connaissances et stratégies endogènes d’adaptation ainsi qu’aux besoins de renforcement de capacités des institutions locales et des populations vulnérables. Les secteurs concernés sont surtout ceux de l’agriculture et la sécurité alimentaire, des ressources en eau et du littoral. Six principaux programmes et projets d’adaptation sont exécutés au niveau national et ayant un volet « recherche ». Entre autres: le Projet d’appui aux programmes de recherche pour la génération de technologies d’Adaptation et de Résilience des Filières Agricoles aux Changements Climatiques (ARFACC) lancé en 2016 ; le Projet de renforcement de la résilience du secteur de l’énergie aux impacts des changements climatiques au Bénin (PANA Energie) lancé en 2016 ; le Projet d’appui à la préservation et au développement des forêts galeries et production de cartographie de base numérique (PAPDFGC) financé par l’Union Européenne et le PNUD (exécuté entre 2012-2017).
Programmes de recherche relatifs aux changements climatiques
À l’instar des autres Pays les moins Avancés Parties, le Bénin, n’ayant pas d’engagement en matière de réduction des émissions de GES au titre de la CCNUCC se doit toutefois de contribuer à l’action mondiale visant à atténuer les changements climatiques en vertu de l’Accord de Paris. En outre, les mesures à prendre au niveau national dans ce sens paraissent nécessaires pour permettre au pays de parvenir à un développement socio-économique durable et lui offrir des opportunités de développement économique, social et écologique.
Il n’existe pas de véritables programmes de recherche d’envergure nationale visant à atténuer les changements climatiques. Les premiers travaux formels pour la quête de connaissance dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques remontent aux années 2006-2007, avec la mise en œuvre du Projet Pilote d’Adaptation aux Changements Climatiques pour l’exploitation durable des Bassins Versants au Nord-Ouest du pays, lancé en janvier 2006 avec l’appui technique et financier de la Coopération allemande (Villages de Kadolassi et Thiélé). Mais c’est véritablement le projet d’élaboration du Programme d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques (PANA) financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) qui a donné l’impulsion aux programmes de recherche-développement d’envergure nationale dans le domaine. Cependant, la plupart des programmes et projets de développement ayant potentiellement des incidences sur le cadre de vie, les moyens d’existence des populations et l’environnement mondial appellent des études pour la réduction des impacts négatifs ou le renforcement des impacts positifs.
De nombreux défis à relever
Les problèmes spécifiques de la recherche sur les changements climatiques proviennent surtout de l’absence ou de la faiblesse des capacités techniques, logistiques et humaines. Dans la thématique de l’atténuation, les besoins de recherche sont grands dans les sous-secteurs clés comme le transport routier, l’élevage, la gestion durable des terres, et la foresterie (terres forestières, terres cultivées et prairies). Pour la thématique de l’adaptation, les besoins de recherche s’expriment notamment dans les domaines de l’agriculture et de la sécurité alimentaire (limite de tolérance des espèces animales et végétales aux extrêmes de déficit hydrique, d’excès d’eau et de chaleur ; ajustements autonomes des communautés, etc.), des ressources en eau (reconstitution des nappes, écoulements, besoins en eau des communautés et des systèmes vivants, etc.), de la santé humaine (maladies climato-sensibles, coûts de la santé, question des doses en pharmacopée traditionnelle, etc.), des systèmes côtiers, de l’énergie et des écosystèmes. Dans la thématique de l’élaboration des données d’activité et des facteurs d’émission spécifiques, des projets de recherche sont indispensables dans les secteurs clés tels que l’énergie (transport routier, consommation de carburant, secteur résidentiel), l’agriculture (fermentation entérique et gestion du fumier, effectif des catégories clés de cheptel) et la foresterie (terres forestières, terres cultivées et prairies, application de la télédétection). Des programmes de collecte de données sont nécessaires pour combler les lacunes et améliorer la qualité des données.