Alors qu’elle a suspendu ses opérations de lutte contre le terrorisme au Mali, la République fédérale d’Allemagne ne veut pas laisser aux forces russes le territoire malien. Jeudi 25 août 2022, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock est revenu sur le sujet.
Sylvestre TCHOMAKOU
Au Mali, l’Allemagne n’entend pas tourner le dos. En dépit des récents épisodes qui l’ont poussé+ à suspendre ses opérations militaires sur le territoire malien, Berlin a, dans une nouvelle sortie de sa diplomate en chef, indiqué qu’il n’abandonne pas le Mali dans la lutte contre le terrorisme. « Nous ne devons pas abandonner le Mali et surtout, nous ne devons pas le laisser à la Russie », a déclaré Annalena Baerbock la ministre allemande des affaires étrangères, lors d’une conférence de presse tenue à Rabat, au Maroc, à l’issue d’une rencontre avec son homologue marocain, Nasser Bourita. Pour la diplomate allemande, « il faut craindre que la situation sur place ne détériore encore dans les mois à venir. C’est pourquoi il est si important que nous travaillions contre le récit russe et que nous fassions tout, ensemble, pour minimiser les effets terribles de cette guerre-là où nous le pouvons ». Ce retournement de l’Allemagne intervient seulement deux semaines après sa décision de suspendre ses opérations militaires au Mali (12 août), en raison du refus des autorités maliennes d’autoriser le survol de son territoire par l’armée allemande. Il est important de noter que la brouille entre le Mali et ses partenaires occidentaux est devenue plus tenace depuis que Paris et ses alliés ont accusé l’exécutif malien de s’être assuré les services de la société militaire privée russe Wagner. Ce que réfute Bamako. Début mai dernier, la junte malienne avait annoncé la suspension d’un traité de coopération signé en 2014 avec la France, ainsi que des accords de 2013 et 2020 fixant le cadre juridique de la présence de la force anti-djihadiste Barkhane et du regroupement de forces spéciales européennes Takuba. La force Barkhane a quitté définitivement le Mali le lundi 15 août, mettant fin à neuf ans d’opérations militaires visant à combattre le terrorisme dans la région du Sahel. Deux jours après le départ des derniers soldats français, le ministère allemand des Affaires étrangères avait fait état de la « présence présumée de forces russes en uniforme » dans la ville malienne de Gao, qui abrite un contingent de soldats allemands, non loin de l’ancienne base occupée par la force Barkhane.