Le Bénin, depuis quelques années, a renforcé son modèle de lutte contre l’utilisation des sachets plastiques grâce à un cadre institutionnel plus élaboré. Ainsi, après l’interdiction formelle de faire usage de ces sachets, des ‘’biodégradables’’ ont été introduits sur le marché béninois. Sauf que ces nouveaux sachets qui pullulent au Bénin sont tout sauf ‘’biodégradables’’. C’est le constat fait par le docteur en science de gestion et praticien sénior de l’université de recherche des Nations-Unies en Suisse, en négociation commerciales et politiques internationales, Harry Vidérot. A travers une tribune libre parvenue à notre rédaction, il nous présente ce qu’il appelle « une désinformation dans la lutte contre la pollution plastique ». Lire ci-dessous, l’intégralité de ladite tribune libre.
Tribune libre de Dr Harry Viderot
Les plastiques biodégradables : une désinformation dans la lutte contre la pollution plastique… et la politique environnementale appropriée au Bénin pour la gestion des déchets plastiques
Les plastiques « biodégradables » pourraient devenir une solution idéale pour lutter contre la pollution plastique s’ils étaient réellement biodégradables. De nombreux abus de langage circulent autour des mots qui commencent par « bio » pour les matières plastiques. Il ne faut pas confondre biologique, biosourcé et biodégradable. Le terme « biologique » renvoie à un mode de production qui se veut respectueux de l’environnement, règlementée et contrôlée par les pouvoirs publics. La réglementation ne s’applique qu’aux produits agricoles ou alimentaires. En aucun cas, la dénomination de « biologique » ne caractérise la qualité écologique d’un produit ; donc non applicable pour les plastiques. Le terme « biosourcé » signifie que le produit est issu d’organismes vivants végétaux ou animaux. Un plastique biosourcé résulte donc de la fabrication d’un polymère à partir de biomasse. Un matériau est dit « biodégradable » lorsqu’il peut se dégrader sous l’action de micro-organismes (bactéries et/ou champignons) en eau, dioxyde de carbone, méthane et biomasse ne présentant aucun danger pour l’environnement. Ainsi, un plastique biosourcé peut ne pas être dégradable alors qu’un polymère pétrosourcé peut l’être. Le terme de « bio » appliqué au plastique apporte donc une confusion de langage sur l’origine et la fin de vie du plastique. Cependant, ces produits qu’on observe actuellement ne sont pas considérés comme biodégradables au regard des normes NF EN 13432 ou NF T51800 qui régissent la compostabilité des plastiques. L’année dernière, un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement révélait que le plastique présenté comme “biodégradable” par les industriels était en réalité tout autant un cancer pour la planète que son cousin pas très éloigné. Des scientifiques de l’université de Plymouth au Royaume-Uni ont publié il y a quelques jours, un édifiant rapport qui semble prouver que les sacs estampillés biodégradable ne le sont en réalité pas du tout, (Amandine Jonniaux, 2019). Si les modèles biodégradables ont visiblement du mal à se dégrader, 80% des sacs plastiques fabriqués dans le monde depuis le début du XXIe siècle nécessiteront près de 400 ans pour disparaître. 10 tonnes de plastique produites par seconde dans le monde, et depuis 1950, la production mondiale de plastique n’a cessé d’augmenter. En seulement 65 ans, l’homme a produit 9 milliards de tonnes de plastique, selon un rapport de l’ONU. Si rien ne change «on comptera environ 12 milliards de tonnes de déchets plastiques dans les décharges et l’environnement à l’horizon 2050», souligne le rapport.
Politique environnementale du Bénin, plus de deux ans après l’interdiction des sachets plastiques non biodégradables, que retenir ?
Malgré la prise de conscience des politiques traduite par l’élaboration de la loi N° 2017-39 du 26 décembre 2017 portant interdiction de la production, de l’importation, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation de sachets en plastique non biodégradables en République du Bénin, cela ne permet pas d’atteindre les résultats comme voulu dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD). Elle ne suffit pas pour pallier aux milliers cas de cancers, à l’insalubrité sources des inondations et biens d’autres aléas de l’utilisation des sachets plastiques. On devrait généraliser dans la loi les sachets plastiques et non, privilégier l’utilisation des sachets dits bio. Mettre en place une sensibilisation adéquate comme illustré dans l’étude de Harry Viderot, 2020, sans oublier l’application de la loi « dans la version améliorée proposée » avec les mesures telles que la taxation et la répression comme illustrées dans l’étude de Harry Viderot, 2019.
Dr Harry Viderot