La destruction de la ceinture des cocotiers sur les côtes béninoises pour y ériger des parcs de vente de véhicules « venus de France » a eu plusieurs conséquences économiques et écologiques sur les régions concernées par ce désastre. Avec l’agonie de la filière des véhicules d’occasion, différentes illusions ont fini par fondre comme neige au soleil ou sel dans l’eau.
A la différence du Nigéria et de la Côte d’Ivoire, qui, grâce aux textes administratifs pris par leur gouvernement respectif, protègent leur ceinture de cocotiers, le Bénin a détruit la sienne en faveur de l’installation des parcs de véhicules d’occasion importés. Si au Nigéria, aucune construction en matériaux définitifs n’est autorisée, en Côte d’Ivoire, plusieurs recherches faites n’écartent nullement la possibilité de mettre en place des cultures et autres technologies sur cette ceinture pour créer des variétés adaptées et à fort rendement. Pendant ce temps, le Bénin s’est inscrit dans une autre logique en négligeant cette immense ressource, bien qu’ayant été dans un passé récent, l’un des gros exportateurs ouest africain de coprah, produit sur cette ceinture.
D’immenses superficies de cocotiers ont été impitoyablement détruites afin d’ériger des parcs de vente de véhicules d’occasion importés, désignés sous le vocable « Venus de France ». Une filière, aujourd’hui en état d’hibernation et en voie de disparition, avec la réouverture de quelques ports dans des régions limitrophes à notre pays. Un incompréhensible projet qui a eu plusieurs conséquences écologiques et économiques pour la partie côtière de notre pays. La « lutte contre l’érosion côtière » en dit long sur les « énormes budgets » investis pour lutter contre cette catastrophe que l’on aurait pu éviter. Osons le dire, les parcs ainsi construits, et exploités n’avaient fait de renforcer les moyens et financiers d’une petite frange de la société et sa position oppressive au sein de celle-ci, sans offrir ni de nouveaux emplois permanents à la jeunesse des zones atteintes par ce désastre écologique et économique. Ni proposer quelques alternatives durables aux populations qui avaient toujours vécu en parfaite symbiose avec leurs cocotiers, ni même miroiter des perspectives alléchantes à la société béninoise. Et en son temps, aucune ne s’est élevée pour déplorer le sombre tableau de conséquences de ce projet combien étatique. Bien peaufinée par d’éminents cadres nationaux, l’initiative qui a consisté à la destruction de cocotiers en faveur des parcs était stratégiquement, un pas en arrière pour l’économie béninoise. Chacun a, pour sa part, laissé faire ou a adhéré à la mode avec ces machins plutôt venus de partout sous forme d’ordures ou de pourriture mécanique et métallique, pour subir sur nos côtes marines leur résurrection. Face à ce tableau d’un autre goût très amer, la question qui méritait d’être posée est celle de savoir si « l’intelligence avait déserté le forum » pour que s’installe ce total imbroglio. Au finish, l’on serait amené à faire le constat que la logique de la destruction de notre portion de cocotiers était solidement liée à la corruption et aux intérêts personnels d’une rare cupidité. Le pire était que l’existence de ces parcs était sans avenir car les échanges économiques avec le voisin de l’Est qui justifiaient leur construction sont très instables. Pour preuve, il a suffi de l’érection d’un projet en eaux profondes à Badagry pour que toutes nos illusions se mettent à fondre comme de la neige au soleil ou du sel dans l’eau.
Voilà qui pourrait justifier que l’homme est le pire ennemi de la nature, c’est-à-dire de lui-même.
Ibrahim Yarou Djibril (Coll) Parakou