Dans un continent où la majorité des patrons et certains cadres d’entreprise et les politiciens corrompus se taillent la part du lion et jettent des miettes à leurs travailleurs et aux peuples affamés, malades et misérables, bon nombre de gens pensent qu’il serait inutile de se réveiller le matin pour aller se casser la tête en échange d’une rémunération minable qui disparaît après trois jours de paie. Cependant, pour ces travailleurs mal payés qui se sont surnommés esclaves, la vie continue car ils n’ont pas le choix.
Issa DA SILVA SIKITI
« Mon patron vient d’acheter un nouveau véhicule 4×4 et en possède maintenant quatre, mais il peine à majorer nos salaires qui sont restés debout depuis cinq ans. En plus de cela, il a des concubines par-ci par-là qui lui soutirent du cash de temps en temps. Voyez un peu ce niveau de mauvais cœur et d’égoïsme. Franchement je suis désemparé mais je ne peux rien faire », se confie une secrétaire de direction, célibataire et mère d’un enfant, dont le père a disparu il y a longtemps. « C’est juste un moyen de vivre pour trouver quelque chose pour nourrir mon enfant et payer ses frais scolaires, sinon j’allais quitter depuis longtemps ». Même son de cloche de l’autre côté de la frontière du Bénin, au Nigeria, où un informaticien, vient de temps en temps à Cotonou faire des « petites affaires » pour supplémenter son salaire de misère qui n’a pas été augmenté depuis dix ans. « Je me pose la question de savoir si travailler pour le compte d’un patron noir équivaut à servir le diable. Avant, c’était mieux mais maintenant avec la chute du naira et la crise économique sévère qui frappe notre pays, c’est devenu invivable. Ce n’est plus l’esclavage, c’est autre chose. J’ai perdu le goût de travailler pour cette entreprise de merde dirigée par un patron au cœur dur comme Satan qui me fait travailler jusqu’à la tombée de la nuit. Je ne suis plus motivé ».
Mourir pauvre et ostracisé
Souvent, des déclarations et des plaintes pareilles découragent les chercheurs d’emploi, dont certains prennent finalement la décision de ne pas oser entrer sur le marché du travail par peur de mourir pauvre et ostracisé par la société, surtout les femmes, qui ne fait que valoriser les gens qui « ont réussi dans la vie ». « Je m’en fous des sacrifices financiers consentis par mes parents pour payer mes frais scolaires. Je préfère faire autre chose, peut-être un petit business au coin de la rue plutôt que de me réveiller très tôt le matin et revenir le soir épuisé et stressé en échange des graines d’arachides », martèle Richard, diplômé universitaire.
« Les salaires inadéquats ont un impact négatif sur la vie et affectent plusieurs aspects de la vie. À cause d’eux, les salariés rencontrent des difficultés et doivent réfléchir chaque mois à la manière de joindre les deux bouts. Les bas salaires créent un cercle vicieux de pauvreté car les gens ne peuvent pas épargner avec un petit salaire. Ils ne peuvent pas investir dans l’éducation qui leur permettrait d’évoluer dans leur carrière et d’obtenir un emploi mieux rémunéré », souligne une analyse publiée sur le site grec Athena.sk.