Aéroports bondés et mouvementés, des passagers tendus et pressés mais contents de prendre place dans les avions qui les amèneront à leur destination, des agents aéroportuaires de tous genres veillant au grain afin que tout se passe sans incident pour le bonheur des voyageurs et la réputation des compagnies aériennes, ainsi que l’image du pays. Voilà en bref à quoi a ressemblé le paysage du transport aérien en 2023 après plus de trois ans de traversée du désert.
Issa DA SILVA SIKITI
Les chiffres de l’Association internationale du transport aérien (IATA) sont formels : environ 4,35 milliards de personnes auraient voyagé par avion en 2023, un chiffre qui se rapproche des 4,54 milliards de passagers de 2019, bien avant la pandémie mortelle de 2020 qui avait paralysé le secteur de l’aviation et réduit l’économie mondiale à sa simple expression. Comparé à novembre 2019, le trafic international aérien a affiché un taux de récupération de 99,1%. Et ce n’est que le début car cette belle histoire de reprise qui devrait s’étendre jusqu’en 2024, la période pendant laquelle l’IATA prédit que les bénéfices nets du secteur mondial du transport aérien devraient atteindre 25,7 milliards de dollars en 2024.
A en croire l’IATA, la bonne nouvelle est que les finances du secteur s’améliorent dans toutes les régions par rapport aux mauvais résultats de 2020 attribuables à la Covid-19. Cependant, ajoute-t-elle, ce ne sont pas toutes les régions qui vont obtenir des bénéfices cette année.
Défis du continent africain
Bien que les compagnies aériennes africaines aient enregistré une augmentation considérable du trafic des passagers de 22,1% à la fin de novembre 2023, par rapport à 2022, l’IATA estime que leurs pertes supplémentaires devraient atteindre 213 millions de dollars en 2023. Déjà, ces transporteurs avaient subi des pertes cumulées de 3,5 milliards de dollars au cours de la période 2020-2022.
« L’Afrique demeure un marché difficile pour l’exploitation d’une compagnie aérienne en raison des problèmes économiques, d’infrastructures et de connectivité qui se répercutent sur les résultats de l’industrie. Néanmoins, malgré ces défis, la demande demeure robuste dans la région, ce qui favorise la progression vers la rentabilité du secteur », souligne l’IATA.
Parmi les défis du secteur aérien en Afrique, on compte des coûts d’exploitation et des prix des billets trop élevés, la mauvaise connectivité, des retards de vols, des défis de sécurité et des agents aéroportuaires discourtois et paresseux.
« De nombreux aéroports africains manquent d’infrastructures modernes, telles que des pistes et des voies de circulation. Cela limite leur capacité à fonctionner efficacement et en toute sécurité. L’environnement réglementaire de l’aviation en Afrique est souvent complexe, incohérent et infesté de corruption. Cela peut créer des obstacles importants pour les compagnies aériennes souhaitant opérer dans plusieurs pays africains », déplore la Civil Aviation Authority (CAA) du Qatar.
« Les compagnies aériennes africaines ont souvent du mal à accéder aux financements nécessaires à leur expansion et à leur modernisation dû à des facteurs tels qu’un accès limité aux marchés de capitaux et un soutien gouvernemental limité », ajoute-t-elle.