Les marchés boursiers du monde entier ploient sous le joug de la propagation du coronavirus. Baissant quand il y a de mauvaises nouvelles et augmentant quand il y a de bonnes, les places boursières réagissent en fonction des informations rendues publiques sur la pandémie.
Falco VIGNON
Les marchés boursiers alternent de façon régulière des tendances baissières et haussières de leurs indices, au gré des informations qui sont véhiculées. Les bourses mondiales sont mises à rude épreuve quant à leur capacité à digérer l’information qui est diffusée et à refléter la vraie valeur des titres cotés. En effet, l’efficience informationnelle s’appuie sur le principe selon lequel lorsqu’un marché est suffisamment développé et que les informations y sont connues par tous les investisseurs, ceux-ci étant rationnels, réagissent presque immédiatement et de façon proportionnée. Ainsi, les nouvelles informations jugées satisfaisantes font réagir les marchés à la hausse, par contre, les annonces accueillies comme étant défavorables orientent les marchés à la baisse. Par exemple, Lehman Brothers a fait faillite le 15 septembre 2008, dans le prolongement de la crise des subprimes. Cette banqueroute a nourri le spectre d’un effondrement total du système bancaire américain et mondial. Ainsi, au fur et à mesure des informations publiées dans le cadre de l’évolution de la crise née de cette banqueroute, les bourses mondiales ont aussi évolué. Le 15 septembre 2008, la bourse de Paris, le CAC 40 a perdu 3,92 % ; la bourse de New York, le Dow Jones a perdu 4,42 % et la bourse de Londres, FTSE, baisse de 3,78 %.
Le 19 septembre 2008, les bourses ont été en hausse car l’administration américaine avait soumis un plan de sauvetage du secteur bancaire de plus de 700 milliards de dollars US au Congrès américain. Cette initiative avait rassuré les marchés et les places boursières ont progressé avec le CAC 40 à +9,27 % ; le FTSE à +8,84% et le Dow Jones à +3,35 %. Mais le 29 septembre 2008, le Congrès américain a rejeté le plan de sauvetage de 700 milliards émis par l’administration Bush. Et les marchés sont encore tombés avec le Dow Jones à -6,98 %, le CAC 40 à -5,04 % et le FTSE à -5,30 %.
L’impact du coronavirus sur les bourses
Les informations qui renseignent sur l’évolution du coronavirus influencent les places boursières et déterminent leur évolution. Ainsi,
Le 21 janvier 2020, les bourses ont baissé parce que le gouvernement chinois a confirmé la transmission interhumaine du coronavirus. Le CAC 40 a automatiquement perdu 0,54 % ; la FTSE 100 a reculé de 0,53 % ; le Dow Jones a baissé de 0,5 % ; le Hang Seng a reculé de 2,81 % ; la Bourse de Shanghai a perdu 1,41% ; la bourse de Tokyo a baissé de 0,91 %.
Le 22 janvier 2020, les places boursières ont connu une évolution contrastée à cause de l’information selon laquelle la Chine a placé en quarantaine trois villes de la province de Hubei, particulièrement impactées par le virus et dont elles seraient le berceau (Wuhan, Huanggang et Ezhou). Cette réaction des autorités chinoises a quelque peu apaisé les craintes de pandémie et permis aux marchés asiatiques d’enregistrer des progressions : Hang Seng (+1,27 %) ; SSE Composite Index (+0,28 %) ; Nikkei (+0,70%). Contrairement aux bourses asiatiques, les marchés européens et américains continuent d’afficher un pessimisme face à la déclaration du vice-ministre chinois de la Commission nationale de la santé, M. Li Bin, qui annonçait que le virus « pourrait muter et se propager plus facilement ».
La Chine a envisagé le durcissement des mesures de confinements, le 24 janvier 2020 et les bourses ont remontés. CAC 40 +0,88 % ; FTSE +1,04 % ; DAX +1,41 % ; Hang Seng +0,15 % ; Nikkei +0,13 %. Par contre, le Dow Jones a reculé à -0,58 % suite à la confirmation d’un second cas de personne contaminée par le COVID-19 aux Etats-Unis.
Le 30 janvier 2020, les bourses sont en baisse car l’OMS a qualifié l’épidémie d’« urgence de santé publique de portée internationale ». Ainsi nous avions eu : Hang Seng -2.62 % ; Nikkei -1,72 % ; CAC 40 -1,40 % ; FTSE -1,36 % ; DAX -1,41 %. Les Bourses américaines ont réagi le lendemain, soit le 31 janvier 2020 avec le Dow Jones qui a eu -2,09 % à la fermeture.
Le 9 mars 2020, les bourses sont en baisse. En effet, L’Arabie saoudite a lancé la veille, le 8 mars 2020, la plus importante réduction de ses prix pétroliers en 20 ans, en réponse à un échec des négociations entre l’OPEP et la Russie en vue d’une réduction du volume de production du pétrole en raison de la contraction de la demande face à l’épidémie. Les marchés ont réagi à la baisse : Dow Jones -7,79% ; CAC 40 -8,39 % ; FTSE -7,69% ; DAX -7.94 % ; SSE Composite Index -3,01%; Hang Seng -4,23% ; Nikkei -5,07 %.
Le 11 mars 2020, l’OMS qualifie la crise sanitaire de ‘’pandémie’’ du COVID 19. Les marchés ont alors accentué les baisses le 12 mars 2020 : Dow Jones -9,99 % ; CAC 40 -12,28 %; FTSE -10,87 % ; DAX -12,24 % ; SSE Composite Index -1,52%; Hang Seng-3,66 % ; Nikkei -4,41%.
Le 17 mars 2020, les bourses ont connu une hausse. La banque centrale fédérale des Etats-Unis (FED) a annoncé qu’elle allait accorder des facilités de crédits destinés aux entreprises et aux ménages. Elle a procédé à une nouvelle injection massive de liquidité en mettant 500 milliards de dollars US sur le marché monétaire, et , les ventes à découvert ont été interdites sur une centaine de titres cotés, dans le contexte des bouleversements dus au coronavirus. Ces décisions ont rassuré les investisseurs. Ainsi, les marchés se sont orientés en hausse : Dow jones +5,20 % ; CAC 40 +2,84 % ; FTSE +2,79% ; DAX +2,25 % ; Hang Seng +0,87 % ; Nikkei +0,06 %.
De bonnes réactions malgré les informations
Les bourses mondiales réagissent à la hausse aux bonnes nouvelles et à la baisse aux mauvaises nouvelles. Les progressions observées montrent que l’ampleur des variations à la hausse est plus faible que celle des variations à la baisse. Les marchés semblent donc montrer plus d’inquiétude que d’assurance face à l’évolution de la pandémie. Ce comportement peut être considéré comme rationnel au regard de la propagation rapide du Covid-19, des pertes en vie humaines enregistrées et des fortes craintes sur l’évolution générale de l’économie mondiale. Les bourses s’ajusteront au fur et à mesure que les investisseurs retrouveront une certaine sérénité et que les informations diffusées seront plus structurelles.