Les revenus du secteur bancaire en Afrique devraient augmenter à 129 milliards US en 2022, selon les chiffres de Statista. Pendant que le rendement moyen des capitaux propres des banques de pays développés était prévu chuter en dessous de 1,5% en 2021 à cause du Covid-19, son impact sur les banques africaines devrait être moins sévère, a rassuré McKinsey.
Issa SIKITI DA SILVA
Cette assurance semble apporter un brin d’optimisme dans un environnement déjà infesté par des créances douteuses, un plus faible degré de financiarisation et où les cadres juridiques et institutionnels laissent à désirer.
« L’approfondissement du secteur financier sur le long terme dépend en partie de la capacité des institutions financières à retracer l’historique des remboursements, ce qui nécessite un registre de crédit et le partage d’information entre les intermédiaires financiers », a prévenu la Banque africaine de développement (BAD), dans un rapport rédigé par Eugene Bempong Nyantakyi et Mouhamadou Sy.
« La difficulté d’établir la solvabilité des emprunteurs et leur volonté de rembourser, associée au manque de soutien juridique des droits des créanciers peuvent amener les banques à limiter les programmes de prêts, contribuant ainsi au faible développement financier », a ajouté le rapport.
Malgré plus de quinze ans d’approfondissement financier dans presque tous les pays d’Afrique subsaharienne, les secteurs bancaires ont encore une marge de progression importante par rapport à ceux d’autres régions, a indiqué la Banque européenne d’investissement (BEI).
Long chemin
Si les systèmes financiers africains restent résilients malgré les chocs exogènes et endogènes qui continuent de secouer les économies du continent, les banques africaines ont encore un long chemin à parcourir pour devenir financièrement et juridiquement stables capables de faire face aux défis des nouvelles réalités.
La BEI lance un appel pour améliorer la législation en matière de redressement des banques et de résolution de leurs défaillances en Afrique, arguant que cela contribuerait à réduire les coûts de financement et à faciliter l’intermédiation financière.
A en croire McKinsey, ce cabinet international de conseil en stratégies basé à New York, les banques africaines devraient mettre l’accent sur trois impératifs centrés sur la productivité, la gestion des risques et la technologie, afin de renforcer leur résilience dans la nouvelle réalité.
Si les risques ne sont pas atténués, nos estimations suggèrent que le marché bancaire africain pourrait perdre plus de 48 milliards de dollars en revenus post-risque cumulés d’ici 2024, entraînant plusieurs années de rendements inférieurs au coût du capital, ont « prophétisé » les chercheurs de McKinsey, ajoutant que la technologie a un rôle essentiel à jouer pour aider les banques à répondre à l’impératif de productivité et à débloquer la croissance future.
Dans le contexte de crise, poursuivent-ils, les banques ont un impératif d’optimisation de leur coût du risque et de réduction du coût de la gestion des risques. Les outils numériques et analytiques ont un potentiel important pour aider les banques à le faire tout en les positionnant pour un futur retour à la croissance.