Un nouveau rapport conjointement publié par ONU Femmes et la Banque africaine de développement (BAD) a examiné la situation des femmes en pleine transition vers une économie verte. En Afrique subsaharienne, cette nouvelle dynamique qui devrait créer de nombreux nouveaux emplois peinent à offrir aux femmes des emplois mieux rémunérés.
Félicienne HOUESSOU
Les secteurs des énergies renouvelables, des infrastructures ou des transports concentrent de plus en plus des financements et appuis de tout genre. Mais la gente féminine profite à peine des nombreuses opportunités qu’offre la transition vers une économie verte. Le rapport intitulé Emplois verts pour les femmes en Afrique, souligne que les femmes sont bien positionnées pour bénéficier des emplois bas de gamme qui seront créés, mais pas des emplois mieux rémunérés dans les secteurs des énergies renouvelables, des infrastructures ou des transports. Et ce, en dépit du rôle essentiel que jouent les femmes africaines dans l’économie et dans la gestion du changement climatique au sein de leur communauté. Selon le rapport Emplois verts pour les femmes en Afrique, les femmes peuvent bénéficier des emplois verts. Mais à condition que les pays adoptent des politiques et des programmes forts pour y parvenir. Citée dans un communiqué de la Bad, Oulimata Sarr, directrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre indique que certains des obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans leur accès aux emplois verts dans l’énergie, les infrastructures ou l’économie circulaire sont ancrés dans les normes sociales, et changer ces dernières prend du temps. « Nous sommes à un moment d’accélération. Nous devons agir maintenant pour s’assurer que la transition vers l’économie verte dans la région ne laisse pas les femmes et les filles pour compte », a-t-elle déclaré. Au nombre des contraintes auxquelles les femmes sont confrontées, figurent la ségrégation entre les sexes dans l’éducation et l’emploi, le manque d’accès au travail dans le secteur formel, les besoins de financement endémiques, ainsi que les normes sociales qui font que les femmes doivent assumer la majeure partie des soins non rémunérés. « Les femmes jouent un rôle essentiel dans la gestion des ressources naturelles de l’Afrique et dans le renforcement de la résilience au changement climatique dans nos communautés locales. Les crédits carbone permettent de récompenser les femmes pour le rôle capital qu’elles jouent dans la protection de nos mangroves, de nos forêts et d’autres écosystèmes essentiels à la séquestration du carbone et à la durabilité environnementale à travers l’Afrique », a souligné Vanessa Ushie, directrice par intérim au Centre africain des ressources naturelles de la Bad. Ainsi, le rapport recommande la mise en place de politiques de renforcement des compétences et d’autres interventions. Les experts de la Bad et d’Onu Femmes appellent aussi à la mise en place de nouveaux instruments tels que les crédits carbone pour attribuer une plus grande valeur économique au travail non rémunéré effectué par les femmes.