Le déficit extérieur de l’Afrique devrait se creuser en 2024, pour atteindre 2,2 % du produit intérieur brut (Pib), avant de se stabiliser autour de 2 % en 2025, selon les estimations de la Bad.
Aké MIDA
La position extérieure globale de l’Afrique devrait se détériorer en 2024, en raison de perspectives moins favorables sur les marchés mondiaux des produits de base, estime la Banque africaine de développement (Bad). Selon le rapport Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique 2024 (Bad, janvier 2024), le déficit extérieur de l’Afrique devrait se creuser pour atteindre 2,2 % du produit intérieur brut (Pib) en 2024, avant de se stabiliser autour de 2 % en 2025.
Pour la Bad, ce creusement du déficit extérieur reflète les prévisions de prix élevés du pétrole et leur stabilisation autour de 80 dollars le baril, ce qui affectera gravement les économies importatrices nettes de pétrole. En revanche, cette situation pourrait profiter aux pays exportateurs de pétrole dont le compte courant devrait rester excédentaire à 1,3 % du Pib en 2024.
En ce qui concerne les autres économies à forte intensité en ressources, le déficit extérieur moyen devrait se creuser pour atteindre 3,5 % du Pib en 2024, avant de s’améliorer légèrement pour atteindre 3,3 % en 2025. En fait, la baisse des prix des matières premières non énergétiques notée en 2023 devrait se poursuivre en 2024 avant de se stabiliser en 2025.
Un profil similaire se dessine pour les économies à faible intensité en ressources et les économies dépendantes du tourisme. La position extérieure des économies à faible intensité en ressources atteindrait 5,5 % du Pib avant de s’améliorer à 4,6 % en 2025.
En ce qui concerne les économies dépendantes du tourisme, le déficit extérieur se creuserait à 12,1 % du Pib en 2024. Puis, les recettes touristiques devraient se réduire à 10,4 % en 2025, grâce à un assouplissement attendu des factures d’importation.
Aggravation
Le déficit moyen des comptes courants du continent s’est déjà creusé en passant de 1,5 % du Pib en 2022 à 2 % en 2023, selon la Bad. Cette légère détérioration, explique-t-elle, émane principalement de l’augmentation disproportionnée des importations par rapport aux exportations.
Les excédents des comptes courants des économies exportatrices nettes de pétrole ont diminué, effaçant les gains immédiats dus à la hausse des prix mondiaux du pétrole brut après la pandémie du Covid-19.
Quant au solde des comptes courants de l’Afrique, il devrait légèrement se creuser en 2023, en raison du déficit commercial qui a augmenté de 3,4 % du Pib en 2023 contre 2,8 % en 2022. Le déficit commercial s’accélérait à 3,3 % en 2024 à cause de la baisse des recettes provenant des matières premières, avant de retomber à 2,9 % en 2025. L’aggravation du déficit du compte courant est estimée à 0,5 point de pourcentage entre 2022 et 2023, principalement à cause d’une contraction de l’épargne privée nette dans les mêmes proportions qui s’avère faible par rapport à l’investissement privé. Le déficit des revenus nets resterait globalement stable à 2,3 % du Pib tout comme l’excédent des transferts courants qui s’afficherait à 3,7 % du Pib.
Comme en 2023, les efforts d’assainissement budgétaire contribueront à stabiliser et améliorer le solde des comptes courants à court et à moyen terme.