Faire avancer les droits sexuels et reproductifs, en particulier le droit à l’avortement sécurisé, tel est le but du 1er Dialogue qui réunit à Cotonou les jeunes de 17 pays francophones d’Afrique. Les assises ont démarré le lundi 23 octobre 2023 à l’hôtel Novotel de Cotonou. La rencontre prévue pour durer trois jours est placée sous la facilitation du centre ODAS et de l’Alliance des Jeunes champions et championnes d’Afrique Francophone pour l’Avortement Sécurisé.
Belmondo ATIKPO
En 2003, le Bénin avait déjà perçu le danger en adoptant la loi N° 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Ce texte en son article 17, avait autorisé le recours à l’interruption volontaire de grossesse dans des conditions exceptionnelles notamment quand la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse, ou lorsque l’enfant à naître est atteint d’une affection d’une particulière gravité. Cette loi a fait son chemin, mais n’a pas pu régler la question des avortements clandestins et meurtriers réalisés dans les coins et recoins du Bénin par des non professionnels de la santé déguisés en avorteurs. Pour mettre fin toutes ses pratiques, les députés de la 9ème législature ont procédé, le jeudi 21 octobre 2021, au vote de la loi N°° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. En dehors du Bénin, le Cap-Vert, l’Afrique du Sud, la Tunisie, le Mozambique, São Tomé et Príncipe, ainsi que l’Angola (au cours des 10 semaines de gestation) et la Zambie ont adopté une législation autorisant l’avortement. Mais pour mieux cerner la problématique autour de la question 17 pays sont réunis à Cotonou pour évaluer le chemin parcouru.
Selon les jeunes, des barrières légales, sociales et économiques continuent d’entraver l’accès à des services d’avortement dans la plupart des pays africains. L’avortement sécurisé intègre pourtant des questions de santé que de droit humain, de dignité, d’autonomie, d’égalité et de justice, ont-ils précisé. Au nom de la section du Bénin des Jeunes champions et championnes d’Afrique Francophone pour l’Avortement Sécurisé, Nancylie Gbaguidi a remercié les facilitateurs pour le choix du Bénin pour abriter une telle rencontre. Le Bénin accueille le 1er Dialogue des jeunes francophones sur l’avortement sécurisé en Afrique parce que c’est un pays cité en exemple en matière de droits sexuels et reproductifs, a expliqué Aïssatou N’diaye, Coordonnatrice régionale de l’Alliance des Jeunes Champions et championnes d’Afrique francophone pour l’avortement sécurisé. « Nous allons examiner en profondeur les obstacles liés à l’accès à ces services essentiels, et nous allons partager des pratiques exemplaires, des stratégies innovantes, des histoires inspirantes qui montrent comment les jeunes peuvent être des moteurs du changement et permettre ainsi de tisser des liens plus forts, gage d’un impact populationnel à haut niveau », a indiqué Nafissatou Hassan de l’Alliance des Jeunes champions et championnes d’Afrique Francophone pour l’Avortement Sécurisé.
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Procédant à l’ouverture des travaux, le représentant du Ministre béninois de la santé Benjamin Hounkpatin a souhaité que la rencontre débouche sur « des résolutions et des recommandations pertinentes ». Il s’agit de contribuer à une planification efficace des interventions, à améliorer le service de santé reproductive, à garantir le respect et la préservation des droits humains et à renforcer la dignité des femmes, des filles et des jeunes. « Chers jeunes, je voudrais rappeler avec insistance que la meilleure option pour nous et pour vous est de ne pas recourir à l’avortement. Cela doit être un recours ultime et exceptionnel. Je vous recommande donc de ne pas restreindre le champ de la réflexion au cours de ce dialogue sur l’accès à l’avortement sécurisé ; les mesures à prendre pour prévenir les grossesses non désirées doivent occuper aussi une bonne place dans vos réflexions », a rappelé, Dr Blaise Guezo Mevo, Représentant du ministre béninois de la santé. Dr Blaise Guezo Mevo a rappelé quelques réponses concrètes apportées par le gouvernement du Bénin pour améliorer la situation des filles et des femmes. Kadidiatou Sow, la Directice de l’ODAS, a invité les jeunes à des « conversations ouvertes, respectueuses et empathiques ». « Nous sommes réunis non seulement par notre engagement commun en faveur d’un avortement sûr, mais aussi par notre détermination collective à remettre en question le statu quo, à démanteler les barrières et à défendre les droits humains fondamentaux que sont l’autonomie, la dignité et le choix », a-t-elle rappelé tout en remerciant tous les participants et acteurs qui ont contribué à l’organisation du Dialogue. Les travaux du 1er Dialogue des jeunes francophones sur l’avortement sécurisé en Afrique prennent fin ce mercredi 25 octobre 2023.