Réuni en Assemblées annuelles depuis le mardi 23 mai 2023, le Groupe de la Banque africaine de développement s’intéresse au financement des économies africaines pour renforcer leur résilience en matière de changement climatique. Avec les dirigeants du continent, le Président de la banque, Akinwumi Adesina, appelle à accroître les financements pour atteindre les objectifs urgents d’action climatique de l’Afrique.
F.V.
Alors que les besoins cumulés de l’Afrique en matière de financement climatique sont estimés à 2 700 milliards de dollars entre 2020 et 2030, les fonds ne parviennent au continent qu’à compte-gouttes. Face à cette réalité qui ne représente que 3 % du financement climatique mondial, dont 14 % proviennent du secteur privé, ce qui est le taux le plus bas au monde, la Banque africaine de développement (BAD) appelle à une nouvelle dynamique. Portant la voix de l’institution aux Assemblées annuelles de 2023, le Président Adesina a attiré l’attention sur l’énorme déficit de ressources pour l’action climatique. Placées cette année sous le thème, « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique », les Assemblées annuelles réunissent le Conseil des gouverneurs de la banque représentant ses 81 pays actionnaires, les partenaires au développement, ainsi que des représentants du secteur privé et des organisations de la société civile. Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a déclaré que les défis complexes auxquels sont confrontés les pays du monde entier, et en particulier ceux d’Afrique, nécessitent des solutions qu’il a qualifiées de créatives. « Cela nécessite des idées non traditionnelles pour explorer des options de financement, pour contribuer à faire avancer les projets indispensables, en particulier dans les domaines de la lutte contre les défis posés par les changements climatiques et du développement durable », a déclaré le président Al-Sissi.
Citant des statistiques de la Banque africaine de développement et des Nations unies, il a noté que l’Afrique avait besoin de 144 milliards de dollars par an pour faire face aux répercussions de la pandémie de Covid-19, de 108 milliards de dollars pour financer des projets d’adaptation et moderniser les infrastructures, et de 200 milliards de dollars pour atteindre les Objectifs de développement durable. « Les événements organisés dans le cadre de la présente édition des Assemblées annuelles […] représentent une occasion exceptionnelle de partager des connaissances et des expertises et de fournir le soutien technique nécessaire pour faire face aux implications des changements climatiques », a fait savoir le président Al-Sissi. Le président de l’Union des Comores et président en exercice de l’Union africaine, Azali Assoumani, a fait valoir que le ralentissement des taux de croissance du PIB à travers l’Afrique nécessitait « des ressources importantes pour les pays les plus exposés à l’impact des changements climatiques ». Pourtant, il existe encore « des opportunités de croissance économique verte, si nous mobilisons notre secteur privé », a indiqué M. Assoumani.
Pour sa part, Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine, a exprimé son accord avec le choix opportun du thème des Assemblées annuelles. Il a souligné l’impact dévastateur des changements climatiques sur l’Afrique, sous la forme d’inondations et de sécheresses, qui ont freiné la croissance du PIB du continent. Selon Adesina, l’Afrique est bien placée pour attirer des milliards de dollars d’investissements privés pour l’écologisation des systèmes de transport mondiaux, alors que le monde opère une transition vers les véhicules électriques. « En effet, l’Afrique possède 80 % des gisements mondiaux de platine, 50 % des gisements de cobalt, 40 % des gisements de nickel et d’importants gisements de lithium », a-t-il déclaré. A noter que les 58es Assemblées annuelles du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement et les 49es Assemblées annuelles du Conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement se tiennent du 22 au 26 mai dans la ville côtière égyptienne de Charm el-Cheikh.