(Une aubaine pour les éleveurs béninois)
Dans les tous prochains jours, les informations font état de ce que le gouvernement interdira l’importation des poulets congelés au Bénin. Cette situation constitue une aubaine pour les éleveurs béninois pour diverses raisons.
Raoul GANDAHO
La majorité des poulets surgelés provient de l’Amérique du Sud, spécifiquement du Brésil. Cependant, le pays est touché par la grippe aviaire et une série d’autres affections touchant les volailles. C’est probablement la raison qui a poussé les autorités à prohiber l’importation de poulets surgelés au Bénin. Le but est de sauvegarder la santé des populations. Dès que l’information a été diffusée, de nombreux habitants du Bénin ont débuté l’élevage de poulets. David, qui avait une formation en informatique, a décidé de changer de carrière et s’est orienté vers l’élevage de poulets. Pour réussir son commerce, il s’est rapproché des structures du projet Songhaï à Porto-Novo. C’est une institution privée qui est spécialisée dans l’élevage de différents animaux. En trois ou six mois, l’on peut acquérir des connaissances en la matière et lancer sa propre entreprise. David a acheté, il y a environ six mois, un millier de têtes de poulets Goliath qu’il élève dans son domicile à Ouando.
Son objectif est atteint, les poulets Goliath sont arrivés à maturité et il a commencé à les vendre depuis la fête de Noël. Il envisage faire ses plus gros chiffres d’affaires durant la période du nouvel an. Pour un petit exemple, il vend un poulet Goliath à 6000f CFA.
Très ambitieux, il a mis en place une couveuse artisanale pour faire incuber les œufs qui ne sont pas couvés par les poules. Il prévoit de vendre des poussins à d’autres poussins. Il aspire à se positionner comme un intervenant essentiel dans le commerce des poulets Goliath au Bénin. De nombreux distributeurs ont déjà pris contact avec lui pour se procurer ses poulets Goliath. Face à l’annonce imminente d’une décision gouvernementale, ils ont choisi de procéder à l’abattage en masse des poulets Goliath et de les stocker dans des congélateurs. Ils s’approvisionnent désormais auprès des éleveurs béninois.
Une réforme pour booster l’économie locale
Selon Maman Machoud, responsable d’une ferme qui a formé déjà des centaines de personnes : c’est une bonne réforme. Cela permettra de booster l’économie locale notamment au niveau de l’agriculture (soja et maïs) et au niveau de l’élevage avicole lui-même. C’est toute une filière qui alimente plusieurs secteurs notamment les vendeurs d’intrants et matériels d’élevage, les commerçants de volaille et œufs, les vétérinaires, les jeunes techniciens en production animale sortis des lycées techniques agricoles.
Mais, il a des doutes quant à la capacité des producteurs locaux à répondre à la demande du marché béninois. « C’est maintenant qu’il y a eu plusieurs appels de financement des idées de projets dans le secteur. J’en ai même postulé à un appel à candidatures de financement de projet. Aussi, qu’est ce qui est fait pour que les producteurs ruraux puissent augmenter leur capacité de production. Tout est mis en œuvre pour encourager la production des poulets chair qui n’est même pas apprécié par la majorité des consommateurs. Les poulets locaux dit ‘’bicyclette’’ qui ont le vent en poupe ne sont pas promus sous prétexte qu’ils ont une croissance lente et donc non rentables. Même les poulets Goliath qui constituent une invention d’un béninois n’est pas promu en tant que tel. Tous les financements sont orientés vers la promotion des poules pondeuses et poulets de chair. Aussi avec la fin des importations, les politiques publiques devraient se pencher sur l’intensification de la culture du maïs et du soja. (…) Il est bien connu qu’il existe une compétition pour la nourriture entre certains animaux et l’homme, ces derniers constituant également un aliment pour l’homme ».