Inaugurée en mai 2023, la raffinerie de Dangote met les bouchées doubles pour couvrir les besoins du Nigéria en hydrocarbures. D’après un récent rapport de Bloomberg, la société va se faire livrer par les USA, une importante quantité de barils de brut d’ici l’année 2025.
Falco Vignon
La raffinerie Dangote prévoit d’acheter au moins 24 millions de barils de brut américain au cours de l’année prochaine pour renforcer ses capacités de traitement. C’est ce qu’indique un rapport de Bloomberg, relayé par le média nigérian Vanguard. Selon cette publication, la raffinerie, évaluée à 20 milliards de dollars, a lancé un appel d’offres pour l’achat de 2 millions de barils par mois de brut West Texas Intermediate Midland (WTI) sur une période de 12 mois à partir de juillet, soit un total de 24 millions de barils de brut sur une année. Cette demande de pétrole américain laisse entrevoir les difficultés du Nigeria à augmenter sa propre production de brut, qui reste bien en deçà de sa capacité théorique, ainsi que la volonté de Dangote d’exploiter des approvisionnements moins chers que ceux disponibles localement. Cela illustre également l’influence potentielle de la raffinerie sur le commerce mondial du brut et du carburant. Elitsa Georgieva, directrice exécutive de Citac, un cabinet de conseil en énergie spécialisé dans le secteur aval africain, a indiqué que l’approvisionnement en brut nigérian est souvent insuffisant, indisponible ou peu fiable. En revanche, le WTI (type de pétrole brut utilisé comme standard dans la fixation du prix) est disponible, fiable et offre des prix compétitifs. « L’achat de différentes matières premières offre également de la flexibilité et des options à la raffinerie, rendant l’appel d’offres économiquement logique pour Dangote », a-t-elle déclaré. Le Nigeria n’a pas réussi à respecter son quota de l’OPEP+ depuis au moins un an. En avril, le pays a produit environ 1,45 million de barils par jour de brut et de liquides, loin de sa capacité de production estimée à 2,6 millions de barils par jour. Le vol de pétrole brut, le vieillissement des oléoducs, la faiblesse des investissements et les désinvestissements des grandes compagnies pétrolières ont tous contribué au déclin de la production.
Des mesures pour une fourniture locale du brut
Pour garantir un approvisionnement local suffisant à la raffinerie de 650 000 barils par jour, la Nigeria Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC) a récemment publié un projet de règles obligeant les producteurs de pétrole à vendre du brut aux raffineries nationales. Les compagnies pétrolières doivent fournir du brut aux raffineries locales qui ne peuvent s’en procurer localement avant d’être autorisées à exporter. Le NUPRC agira comme intermédiaire entre les raffineurs et les producteurs locaux si des accords d’approvisionnement ne sont pas conclus, facilitant ainsi un accord de vente-achat. Cette nouvelle politique pourrait bénéficier à la raffinerie de Dangote en lui permettant de s’approvisionner en pétrole brut auprès de fournisseurs locaux plutôt que de dépendre des importations. Actuellement, l’usine fonctionne à environ la moitié de sa capacité et utilise des importations de pétrole américain moins cher jusqu’à un tiers de ses besoins en matières premières. Depuis le début de l’année, elle reçoit au moins un superpétrolier transportant environ 2 millions de barils de WTI Midland chaque mois. Un responsable de Dangote a refusé de commenter le rapport, selon Bloomberg.