Alors que chaque année, et Etats, et institutions internationales se mobilisent pour engager des actions pour éliminer la faim, le nombre de populations touchées par la faim ne cesse de s’accroître. D’après un nouveau rapport de l’Organisation des nations unies (ONU), 8% de la population mondiale serait touchée à l’horizon 2030.
Sylvestre TCHOMAKOU
Quoique des Programmes et projets se succèdent depuis plusieurs années, dans le seul et unique but d’assurer la sécurité alimentaire pour toutes les populations du monde, avec les actions des humains, le fossé se creuse à grand pas ; mettant une partie de la population dans l’inconfort total. Si en 2021, le nombre de personnes touchées par la faim dans le monde a augmenté pour atteindre 828 millions, soit une hausse d’environ 46 millions par rapport à 2020 et de 150 millions depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, à l’horizon 2030, la menace est plus grande. Selon l’ONU qui apporte de nouveaux éléments factuels dans l’édition 2022 de son rapport sur « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde », contrairement aux attentes, d’ici 2030, près de 670 millions de personnes soit 8% de la population mondiale pourraient être touchées par la faim même en cas de redressement économique mondial. Ce chiffre est semblable à celui de 2015, lorsque l’objectif consistant à éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition d’ici la fin de la décennie actuelle a été fixé dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Bien que le changement climatique en soit une des causes, le rapport souligne également l’effet de la guerre qui sévit en Ukraine, entre deux des plus grands producteurs mondiaux de céréales de base, de graines oléagineuses et d’engrais. Un conflit qui perturbe les chaînes d’approvisionnement internationales et fait grimper les prix des céréales, des engrais, de l’énergie ainsi que des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi destinés aux enfants souffrant de malnutrition sévère. Ces problèmes surviennent alors que les chaînes d’approvisionnement subissent déjà les effets négatifs de phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, en particulier dans les pays à faible revenu, et pourraient avoir de graves conséquences sur la sécurité alimentaire et la nutrition à l’échelle mondiale. « Le présent rapport met en lumière de manière récurrente l’intensification des principaux facteurs d’insécurité alimentaire et de malnutrition : les conflits, les phénomènes climatiques extrêmes et les chocs économiques, dont les effets se conjuguent à ceux de l’accroissement des inégalités », ont écrit les dirigeants des cinq organismes des Nations Unies dans l’avant-propos du rapport. « L’enjeu, poursuivent-ils, n’est pas de savoir si d’autres épreuves nous attendent ou non […] ; il nous faut plutôt prendre les choses en main avec plus de courage et renforcer la résilience face à l’adversité. ».
Développer des politiques agricoles pérennes
Pour éviter une crise alimentaire aiguë les prochaines années, dans un contexte où le spectre de la récession pèse sur le monde et affecte les recettes et les dépenses publiques, le rapport appelle à réorienter le soutien à l’alimentation et à l’agriculture de façon à cibler des aliments nutritifs pour lesquels la consommation par habitant ne correspond pas encore aux niveaux recommandés dans le cadre d’une alimentation saine. Mieux, indique le rapport, si les pouvoirs publics réorientent les ressources en vue d’encourager la production, la fourniture et la consommation de produits alimentaires nutritifs, ils contribueront à rendre l’alimentation saine moins coûteuse et plus abordable pour tous, de manière équitable. L’étude ne manque non plus de souligner que les États pourraient s’employer davantage à réduire les obstacles au commerce des aliments nutritifs, tels que les fruits, les légumes et les légumineuses.