À travers une correspondance officielle en date du 31 décembre 2024, le Directeur du Commerce Intérieur, Rafiou Challa, a annoncé une révision à la hausse des prix de l’essence et du gasoil, qui entreront en vigueur en janvier 2025. Cette décision concerne principalement l’essence et le gas-oil.
Belmondo ATIKPO
Au 1er janvier 2025, l’essence et le gasoil passent respectivement à 685 F et 700F à la pompe sur toute l’étendue du territoire national. Cette nouvelle hausse des prix des hydrocarbures, après celle de 2022, 2023 et 2024, passe mal dans l’opinion publique. Les citoyens rencontrés par votre rédaction ont laissé parler leur cœur. Robin Franck Bessan propose « un système de régulation des coûts à travers, par exemple, des caisses de péréquation ». Dans le même ordre d’idées, Marcos Accrombessi pense que le mécanisme de régulation des coûts pourrait permettre de réaliser des économies lorsque les prix du pétrole baissent, ce qui permettrait de financer les hausses qui viendraient. Nadège Kpakpo, commerçante au marché Tokpa, estime que malgré les efforts du gouvernement, cette nouvelle hausse du prix de l’essence va forcément provoquer une augmentation généralisée des prix dans le pays. « L’impact de la hausse du coût du carburant va commencer par les transports des biens et des personnes. Et lorsque les biens et les personnes payent un surcoût, automatiquement le commerçant met l’impact sur les produits qu’il vend. En définitive, c’est le consommateur qui reçoit le choc », argumente Dossou Bertin, docteur en économie.
La plupart des consommateurs béninois préfèrent le carburant de contrebande venant du Nigéria qui était très abordable. Seulement, depuis que le président Bola Tinubu a supprimé les subventions sur les produits pétroliers, ce carburant bon marché a aussi augmenté de prix au Bénin. Les usagers des stations-service sont donc invités à prendre leurs précautions face à cette révision tarifaire et à adapter leurs budgets en conséquence. Cette révision vise également à garantir la continuité de l’approvisionnement en produits pétroliers tout en répondant aux exigences économiques nationales. Les nouvelles tarifications de l’essence et du gasoil sont effectives dès le 1er janvier 2025. Les consommateurs sont appelés à se conformer à ces ajustements, tout en veillant à planifier leurs achats de carburant selon les nouveaux tarifs.
Le Kpayo génère 50 milliards FCFA par an
Le Bénin importe les produits pétroliers en priorité de la Côte d’Ivoire mais également d’autres pays tels que le Nigéria, le Togo, l’Afrique du Sud et le Royaume Uni. Evaluées à près de 37,5 milliards de francs CFA en 1998 soit 10,0% des importations totales du Bénin en valeur, les importations d’hydrocarbures sont passées en 2007 à environ 160 milliards de francs CFA ; ce qui correspond à 22,2% des importations totales en valeur. Les activités de transit sont elles aussi en pleine évolution sur la même période d’étude. En effet, le volume de transit d’hydrocarbures est passé de 57,2 mille tonnes en 1998 à près de 454 mille tonnes en 2007 soit pratiquement 8 fois le niveau de 1998. Le volume global de produits pétroliers en transit ces dix dernières années avoisine 2,6 millions de tonnes selon les sources formelles (SEC/INSAE). En valeur, le transit de produits pétroliers a atteint en 2007 la somme de 133,4 milliards de francs CFA ; presque 25 fois son niveau de 1998. La réexportation, elle aussi a connu une évolution vertigineuse aussi bien en volume qu’en valeur. Initialement estimées à 11,3 mille tonnes en 1998, les réexportations de produits pétroliers en direction d’autres pays ont atteint 213,9 mille tonnes en 2007 ; ce qui correspond approximativement à 19 fois son niveau de 1998. Environ 4,6% des importations d’hydrocarbures étaient réexportées en 1998 contre 45,1% en 2007.
En valeur, les réexportations d’hydrocarbures se sont réalisées à 69,3 milliards de FCFA en 2007 ; ce qui fait pratiquement 64 fois le niveau de 1998. Pour mettre fin à cette situation et permettre à l’Etat de contrôler ce secteur stratégique qu’est celui de la commercialisation des produits pétroliers, le Gouvernement décida de nationaliser ledit secteur en 1974 et créa à cet effet la Société Nationale de Commercialisation des produits Pétroliers (SONACOP) à qui il accorda le monopole dans le secteur. La période de 1974 à 2000 a été caractérisée par une relative stabilité des prix des produits pétroliers fixés par l’Etat qui pouvait durer plusieurs années avant de connaître des changements. Cette stabilité des prix des produits pétroliers sur une longue période n’était possible que grâce à l’institution d’une caisse de stabilisation. Toutefois, en 1995 intervenait la libéralisation du secteur conformément au Décret N°95-139 du 03 mai 1995 portant modalités d’importation et de distribution des produits pétroliers raffinés et de leurs dérivés en République du Bénin. Elle a été marquée par l’agrément de plusieurs sociétés privées pour importer et distribuer lesdits produits et a rendu nécessaire la modification du mécanisme d’ajustement des prix afin de le rendre compatible avec l’évolution des cours du baril de pétrole et du dollar sur le marché international.
Vivement un système de régulation des prix
Le caractère dominant du gas-oil sur l’essence ordinaire dans la structure des importations d’hydrocarbures de la majorité des sociétés du secteur pétrolier se justifierait par la présence d’un marché noir d’hydrocarbures en l’occurrence le marché informel d’essence communément appelé « kpayo ». Ce dernier concurrence fortement le marché formel où le prix de l’essence, voire celui du pétrole, intègre des éléments de coûts qui le place largement au-dessus du prix enregistré sur le marché de contrebande. Malheureusement, toutes les mesures prises par les différents gouvernements pour endiguer ce phénomène se sont révélées inopérantes nonobstant les manques à gagner pour l’Etat, les sociétés pétrolières ainsi que les risques sociaux, sanitaires et environnementaux que cela engendre. Rappelons tout de même que le marché informel dont il est question nourrit un nombre incommensurable de ménages pauvres ; toute chose qui pourrait constituer des situations atténuantes dans les prises de décisions.