L’Inspection pour l’environnement humain et les transports des Pays-Bas note dans un rapport rendu public le lundi 09 juillet 2018 que « les carburants destinés à l’Afrique de l’Ouest sont mélangés autant que possible ». Le Bénin fait partie des pays de l’Afrique de l’Ouest concernés par ce scandale.
Au terme d’une enquête portant sur les cargaisons de 44 tankers en partance pour l’Afrique de l’Ouest, la police environnementale hollandaise constate l’usage « à grande échelle » de manganèse et de benzène, des substances hautement cancérigènes, ainsi que d’autres produits pétrochimiques interdits dans la majeure partie du monde. Elle note dans les carburants destinés à cette partie du monde « 300 fois plus de soufre qu’autorisé par les standards européens », recoupant les révélations de l’ONG Public Eye. L’enquête néerlandaise note le manque de transparence des producteurs et vendeurs de carburants sur le contenu de ce qu’ils vendent, ce qui rend les opérations de contrôle très difficile et les opérateurs ne sont pas très regardants sur la qualité des produits qu’ils achètent. L’ONG suisse public Eye avait enquêté en 2016 et analysé des échantillons de carburants dans 8 pays africains à savoir l’Angola, le Bénin, le Congo-Brazzaville, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et la Zambie. Le résultat était sans appel. Ces carburants contiennent des substances nocives pour la santé des habitants de ces pays. L’enquête de Public Eye avait relevé des taux particulièrement élevés de souffre dans le diesel. Une substance, qui selon les Nations unies, provoque des cancers, de l’asthme et d’autres maladies respiratoires. Des sociétés de négoce suisses avaient été accusées en 2016 par l’ONG Public Eye, d’exporter dans 8 pays africains (Angola, Bénin, Congo, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal et Zambie) des carburants très toxiques. Dans un rapport intitulé « Dirty Diesel », Public Eye avait accusé des entreprises comme Vitol, Trafigura et Addax & Oryx de profiter de la faiblesse des normes africaines pour y vendre des carburants de mauvaise qualité et « réaliser des profits au détriment de la santé de la population africaine ». L’accusation est grave et ne souffrirait d’aucune fausseté, car menée par des spécialistes. L’ONG suisse a prélevé des échantillons à la pompe dans les huit pays africains et a découvert que la teneur en soufre des carburants était jusqu’à 378 fois supérieure à la teneur autorisée en Europe. Il faut savoir que ces compagnies sont propriétaires d’importants réseaux de stations-service en Afrique où ces carburants sont vendus. Public Eye dont le siège est à Lausanne a mené l’enquête pendant 3 ans au bout desquels, elle dénonçait dans un rapport de 160 pages la vente en Afrique de carburant à haute teneur en soufre par ces sociétés suisses. « Les carburants, contiennent en outre d’autres substances nocives, telles que du benzène à des niveaux généralement interdits par les normes européennes. Les négociants suisses fabriquent ces carburants en mélangeant divers produits pétroliers semi-finis à d’autres substances afin de créer ce que l’industrie appelle « la qualité africaine » avait expliqué Public Eye. Selon les projections de l’International Council on Clean Transportation (ICCT), en 2030, la pollution de l’air liée au trafic routier devrait causer trois fois plus de décès prématurés en Afrique que dans toute l’Europe, les Etats-Unis et le Japon réunis. Les Pays-Bas le confirment donc les révélations de l’ONG Public Eye. La réaction des autorités béninoises est attendue.
Joël YANCLO