À Séville, en marge de la 4ème Conférence internationale sur le financement du développement, la Banque africaine de développement (BAD) et ONU-Habitat ont signé un nouvel accord. A travers ce partenariat, les deux institutions entendent accélérer les actions en faveur d’une urbanisation durable sur le continent où l’accès aux services de base reste un défi.
S.T.
À mesure que les grandes villes africaines s’étendent sous la pression démographique, les défis urbains s’accumulent. C’est dans ce contexte que la Banque africaine de développement (BAD) et ONU-Habitat ont choisi de consolider leur collaboration, en signant, le 1er juillet 2025, un protocole d’accord à Séville. Cette initiative, officialisée en marge de la Conférence FfD4, vise à renforcer l’action conjointe des deux institutions autour de quatre piliers. Il s’agit de la gouvernance urbaine, des finances municipales, du logement et du développement d’infrastructures. À travers une combinaison de soutien politique, d’assistance technique, de renforcement des capacités et de partage de connaissances, ce partenariat entend apporter des réponses concrètes à la mutation rapide des centres urbains africains. « Je suis convaincu qu’il existe des moyens d’utiliser les marchés financiers pour améliorer considérablement le développement des villes », a affirmé Akinwumi Adesina, président du Groupe de la BAD. Saisissant l’occasion, il n’a pas manqué de plaider pour un changement de paradigme. Il a notamment appelé à orienter davantage de capitaux privés vers la ville africaine de demain, plutôt que de s’en remettre aux seuls leviers publics traditionnels. Du côté d’ONU-Habitat, l’optimisme sur le rôle de l’habitat dans le développement du continent a été réaffirmé. « L’urbanisation en Afrique peut être, soit un moteur de prospérité, soit un facteur d’aggravation de la pauvreté et de l’exclusion », a déclaré Anacláudia Rossbach, directrice exécutive de l’organisation. Pour elle, la clé réside dans des villes « moteurs de résilience, d’équité et d’action climatique ».
Vers des modèles urbains reproductibles
Ce protocole d’accord s’inscrit dans une dynamique plus large. Ces dernières années, la BAD a renforcé son portefeuille urbain avec la création d’une division dédiée et du Fonds de développement urbain et municipal. Un exemple concret : la co-construction du Plan directeur de l’EcoCity d’Eswatini, une initiative urbaine et agricole intégrée, pilotée avec ONU-Habitat, destinée à offrir des logements durables à plus de 100 000 personnes. Le contexte démographique appelle à l’action. Avec 2,4 milliards d’habitants attendus en Afrique d’ici 2050, dont une majorité en milieu urbain, la pression sur les villes se fait croissante. Or, plus de la moitié des citadins vivent aujourd’hui dans des quartiers informels, privés de services de base et d’infrastructures adaptées au climat. Dans ce paysage, le tandem BAD–ONU-Habitat affiche l’ambition de faire émerger des villes africaines durables, modernes et inclusives. Et surtout, de faire de l’urbanisation un levier de développement économique plutôt qu’un facteur de déséquilibre social.