(Les auteurs des grossesses traduits en conseil de discipline)
Le Ministre de l’enseignement secondaire de la formation technique et professionnelle, Kakpo Mahougnon a pris par le biais de la lettre n° 685/MESTFP/DC/SGM/DETFP/DESG/SA du 05 juin 2018, une décision ayant pour but de traduire en Conseil de discipline les professeurs et élèves auteurs des grossesses en milieux scolaire. Cet état de chose est très mal perçus par certains et très apprécié par d’autres. Que faire pour que la répression dans ce domaine puisse connaitre une accélération plus accrue ?
Le Ministre de l’enseignement secondaire de la formation technique et professionnelle, Kakpo Mahougnon mène actuellement une lutte implacable contre l’épineux probleme de grossesse en milieu scolaire. Par le biais de la lettre n° 685/MESTFP/DC/SGM/DETFP/DESG/SA du 05 juin 2018 adressée à tous les directeurs départementaux des enseignements secondaire, de la formation technique et professionnelle, et à tous les chefs d’établissement, le ministre précise que cet état de chose n’est pas de nature à garantir l’égalité des chances à laquelle le Gouvernement est intimement attaché pour le développement harmonieux et durable du pays. En attendant les conséquences pénales qu’encourt tout auteur de grossesse, il est demandé aux chefs d’établissement d’engager sans délai contre les élèves et les professeurs et auteurs de grossesse sur des élèves filles, la procédure devant les conduire devant le conseil de discipline conformément aux textes en vigueur. Un compte rendu succinct de l’application de ces diligences doit être fait au Ministre de l’Enseignement secondaire sur le sujet par les chefs d’établissement et les directeurs départementaux. En tout cas, dans les départements de l’Atacora et de la Donga, au titre de l’année 2016-2017, c’est au total 333 cas qui ont été notés dans l’Atacora et 182 dans la Donga. Il faut retenir que la palme d’or tenue par les Collines avec 472 cas de grossesse. Le problème de grossesse en milieu scolaire est un phénomène énorme. Par exemple, sur le plan national, c’est 2763 cas de grossesses qui ont été enregistrées au titre de l’année 2016-2017. Que ce soit dans le Zou, le Borgou, l’Ouémé, le Littoral, l’Alibori, le Mono, le Couffo, le Plateau, le phénomène est énorme. Les chiffres font vraiment froids au dos. Dans le zou où 427 cas de grossesse ont été notés, le Borgou avec 400 cas de grossesses, l’Ouémé avec 324 cas de grossesses, le Plateau avec 224 cas de grossesses, le littoral avec 137 cas de grossesses, l’Alibori avec 131 cas de grossesse, l’Atlantique avec 282 cas de grossesse, le Mono avec 96 cas et enfin le Couffo qui s’en sort avec 37 cas de grossesse, l’on note la présence d’un phénomène qui manifestement a la peau dure. Un parent d’élève s’est exprimé sur cette épineuse question en ces termes : « Je ne sais pas pourquoi les élèves, maçons, menuisiers, ferrailleurs, mécaniciens etc… et professeurs se permettent le vilain luxe d’enceinter les filles en pleine année scolaire. Vraiment ce qui se passe ici est très triste. Ces grossesses se terminent parfois par des avortements clandestins et parfois c’est la mort qui survient. Pourquoi les filles ne peuvent elles pas attendre pour faire leurs enfants en toute quiétude ? Qu’est ce qui les chasse ? Tu envoies ta fille à l’école et un bon jour, tu l’as voit avec un ventre ballonné. Tu t’interroges, cela vient d’où ? Et elle répond que cela vient d’un élève ou d’un certain ferrailleur ou mécanicien. Franchement j’encourage le Ministre a continuer cette lutte implacable contre ce phénomène qui ne fait la fierté de personne ». En tout cas, les filles en milieu scolaire sont une proie facile pour les prédateurs sexuels. Dans certaines localités du pays, toutes les sensibilisations sur le sujet n’ont rien donné.
Les raisons de la hausse de ce phénomène
Quand on prend en compte certaines réalités sociales du Bénin, on peut expliquer aisément les raisons pour lesquelles ce phénomène connait une progression, malgré tous les efforts fournis par les autorités. Dans le département de l’Atacora par exemple, il suffit de faire un tour dans les cabarets de la ville de Natitingou, Boukombé, Tanguiéta, et autres pour comprendre ce qui se passe. On assiste malheureusement à la démission totale des parents. Un père de famille rencontré à Natitingou sur le sujet rappelle que c’est le problème d’éducation qui se pose à la base. « Les parents pour la plupart ont abandonné par rapport à la question de l’éducation de leurs enfants. Quand je vois ma fille avec des nouveaux vêtements, des chaines, des boucles d’oreilles, des parfums, des chaussures de grande classe, j’interpelle immédiatement sa mère pour en savoir un peu plus sur ce qui passe. Quand je constate qu’il y a des jeunes garçons suspects dans ma maison et qui parfois ont un comportement étrange avec ma fille, j’interpelle sa mère pour lui demander exactement ce qui se passe. A des moments donnés, je sévis et je renvoie de ma maison tout garçon suspect. Moi j’essaie de faire au moins ce peu là. Mais la question est de savoir si cela va suffir ? ». En tout cas pour bon nombre d’observateurs, ce phénomène est en hausse dans le pays à cause de la démission des parents. D’autres pointent aussi du doigt, le comportement de certains éducateurs qui n’hésitent pas à prendre en mariage leur propre élève. Cette pratique est très largement répandue dans les lycées et collages du Bénin. Sur cette question, un enseignant intervenant dans un collège de Tanguiéta déclare ce qui suit : « C’est une chose normale que d’épouser une élève. Parfois on succombe aussi au charme de ces belles demoiselles qui s’intéressent aussi à nous et qui nous font la cour ». En tout cas, ce phénomène ne connaitra une régression que si les filles prennent réellement conscience de ce qu’elles sont là pour étudier et rien d’autre que cela.
Nécessité d’appliquer la loi avec fermeté
Pour que ce phénomène puisse régresser, il va falloir appliquer sans faille les dispositions de la loi en vue de décourager ceux qui s’adonnent à cette pratique, notamment la loi n° 2015-08 portant code de l’enfant en République du Benin. Et déjà, le fait de traduire en Conseil de discipline les auteurs de grossesse en milieu scolaire est un signal fort. Aussi, l’article 1 de ce code de l’enfant stipule : « Le présent code a pour objet la désignation, la protection et les droits de l’enfant ». Et en cette matière, le Gouvernement de la Rupture et du Nouveau départ ne manque pas d’arguments sérieux. Ce n’est que par là, que les nombreux acteurs de ce phénomène vont être complètement découragés. Un parent d’élève estime même que seule, l’application rigoureuse de la loi contribuerait véritablement à la régression totale du phénomène. Mais aussi, les filles en sont pour quel que chose. La répression doit commencer aussi par aller vers ces filles qui sont prêtes à s’offrir gratuitement aux professeurs et élèves pour tout juste avoir un peu d’argent. Parfois ce n’est pas lié à l’argent, ni au bien matériel, mais cela est du à de l’ambition démesurée.
TAMPOUNHOURO T. J. Blaise