Dans une interview publiée par le journal Jeune Afrique, le président Béninois Patrice Talon a abordé divers sujet dont la gestion de la dette publique. Lire quelques extraits.
« L’important n’est pas la dette en soi, même si elle doit demeurer soutenable. L’important, c’est qu’elle serve à construire une économie saine et à produire de la richesse. C’est toute la différence entre une bonne et une mauvaise dette. La nôtre est investie dans des secteurs qui boostent directement le PIB, et le taux de recouvrement de nos ressources intérieures est dix fois supérieur à la progression de la dette. C’est une dette de qualité. Une dette vertueuse. ……
Dans son entretien, le président Patrice Talon a également abordé d’autres sujets économiques.
Le Bénin fait toujours partie des pays où l’indice de développement humain est considéré comme faible et où le taux de pauvreté, bien qu’en régression, s’élève à 35 %, selon la Banque mondiale. Sur ce plan, beaucoup reste à faire…
Certainement, mais ce qui importe avant tout, c’est de répondre aux questions suivantes : le Bénin est-il sur la bonne voie ? La politique et les investissements produisent-ils leurs effets pour que la pauvreté recule ? La richesse produite est-elle mieux partagée ? Le pouvoir d’achat, le Smig, augmentent-ils peu à peu ? À chaque question, la réponse est oui. Je n’ai jamais prétendu détenir une baguette magique ni cherché à bercer les Béninois d’illusions démagogiques. Le Bénin ne peut pas gagner au loto, il n’a pas un sous-sol mirifique, ce qui ne rend que plus remarquable sa trajectoire de développement. Les Béninois sont désormais capables de construire par eux-mêmes un développement.
Le port de Cotonou souffre du maintien, par la partie nigérienne, de la fermeture de la frontière commune, mais aussi de la concurrence de celui de Lomé, qui a capté une partie du trafic. Cette concurrence vous paraît-elle loyale ?
L’économie est faite d’opportunités et je ne reproche rien au port de Lomé. Le Bénin et le Niger traversent une période de froid affectif, la frontière est fermée, et les opérateurs nigériens n’ont d’autre choix que de transiter par Lomé, même si les coûts et les risques sont plus élevés sur la partie burkinabè du trajet. Je note, par ailleurs, qu’une partie du trafic direct entre le Niger et le Bénin s’est orientée vers le secteur informel, en traversant le fleuve presque au vu et au su de tout le monde. Il fallait s’y attendre, et c’est compréhensible.
En neuf années d’exercice du pouvoir, avez-vous changé ?
On n’est jamais le même. On évolue. On se patine. On s’assouplit.
Transformer le Bénin quitte parfois à forcer la marche, oui bien sûr. Mais avec plus de patience, moins d’empressement. Sans doute suis-je passé de la fougue à la sagesse.