Autrefois exercé par certains agents au niveau des structures étatiques et bancaires de la ville de Lokossa, le métier de garde vélo gagne aujourd’hui tous les secteurs vitaux de l’économie de la cité des kotafons. On les retrouve devant ou les alentours des marchés, les églises, les hôpitaux ou autres services qui drainent de monde notamment de motocyclistes. Le rôle de garde vélo est de veiller sur les motos et véhicules des usagers moyennant quelques pièces de monnaie. Malgré sa rentabilité, ce métier présente beaucoup de risques.
Romuald NOUDEDJI
Le métier de garde vélo se crée au quotidien dans la cité des kotafons même dans certaines églises. « On n’avait pas l’habitude de faire le garde vélo pour les motos mais, certains faits nous ont poussé à cela. Par exemple, au début on distribuait gratuitement les tickets aux usagers de motos. Mais, le jour où un frère a perdu sa moto, c’est l’église qui a payé çà. Alors, nous avons mis en place un paiement de 50 FCFA par moto pour qu’en cas de perte on puisse rapidement régler », explique Roland Amoussou, responsable d’une église à Lokossa.Dans un angle sous des arbres, des motos soigneusement disposées. Deux hommes, à côté. Devant nous, l’un fait un geste de main à un usager du Centre Hospitalier Départemental (CHD) Lokossa venu rendre visite à son patient. Le visiteur stationne sa moto. Il s’approche de lui, lui tend un ticket et écrit un chiffre sur la selle de la moto. Juste après lui, c’est quelqu’un d’autre qui s’approche avec sa moto, ce dernier ne veut pas marcher suivant les principes. « Venez garer ici!! ». » Ne venez pas vous plaindre après que votre moto est perdu hein! ». Tente de faire comprendre Laurent Sossou à son client. Qui finalement a obtempéré. Comme lui, ils sont nombreux à l’entrée des marchés, églises, débits de boisson, hôpitaux, administrations ou autres services qui drainent de monde notamment de motocyclistes. L’usager de ces lieux n’a d’autres choix que de confier sa moto à ces derniers. Très imposant et parfois arrogant, ils ont pour rôle de veiller sur les matériels moyennant quelques pièces de monnaie. Les raisons qui les poussent à ce job varient d’un citoyen à un autre mais avec pour dénominateur commun le manque de travail ou le sous-emploi. Dans leur rang, on trouve parfois des gens qui ont même le Baccalauréat. « J’ai obtenu mon Bac en 2013. Après avoir travaillé pour une structure de la place des années durant sans argent j’ai décidé de quitter pour me lancer dans les petites activités. C’est ce qui m’a conduit à ce métier de garde vélo », explique Wilfried Anagonou, un agent de garde vélo. Pour Honoré Goudou, un jeune étudiant à Lokossa: «J’ai choisi ce métier parce que je n’avais pas le choix, j’ai besoin d’argent. On m’a engagé pour le faire ; c’est un job qui me permet de subvenir à mes besoins et continuer les cours puisque je suis étudiant ».
La rentabilité du métier
Le métier de garde vélo est une véritable source de revenue. Il permet à toute personne qui s’y adonne de subvenir à son besoin. C’est d’ailleurs ce que nous confirme, au niveau du tribunal de Lokossa, Luc Houssou. « Le prix de la prestation est de 100Fcfa par moto. C’est vrai il y a certaines personnes qui disent qu’ils n’ont pas de l’argent et on les laisse mais, par jour nous allons au-delà de 20 reçus. Des fois, le nombre augmente lorsque les concours sont lancés dans la localité et les gens viennent pour les légalisations. C’est rentable » affirme t-il. Au Centre Hospitalier Départemental (CHD) Lokossa, la rentabilité ne sera par la même. « En fait la rentabilité dépend de l’affluence dans chaque zone. Et au CHD quelle que soit la période on ne manque jamais de faire de bonnes affaires. Dès fois on termine le reçu de 50 et plus. Mais dans la majorité des cas, on enregistre beaucoup de motos par jour » explique Laurent Sossou. Pour ce qu’il gagne comme revenu, l’administration qui les emploie a aussi sa part à gagner. Mais, dans tous les cas ils trouvent toujours pour leur compte.
Quelques risques du métier
Avec les nombreuses reformes sur le plan sécuritaire, les pertes de moto sont de plus en plus rares mais cela n’empêche pas d’être vigilant explique Laurent Sossou, responsable du garde vélo du CHD Lokossa. « J’en ai été victime et malgré les remboursements que je verse à l’hôpital, personne ne m’a apporté une aide. Pour ce métier il faudrait avoir au moins 450.000F en réserve sinon en cas de vol tu te retrouveras en prison », ajoute-il. « Le travail de garde vélo oblige qu’on veille. De plus nous sommes confrontés à des situations parfois ingérables. Quand des clients refusent de payer les frais de gardes, ou encore volent des motos. Franchement c’est compliqué », nous explique Luc Houssou, responsable en charge du garde vélo du tribunal de Lokossa. «Il peut avoir de petits accidents sur le terrain, quelqu’un par mégarde en voulant prendre sa moto peut casser le rétroviseur d’une autre moto et toi tu n’as pas vu la scène au retour du propriétaire de la moto c’est toi qui paie, je ne vois pas trop l’importance de tout l’argent que je gagne si je ne peux en jouir, car comme tout métier, le nôtre regorge assez de risques mais beaucoup d’entre nous n’en mesurent pas l’ampleur, ajoute Laurent Sossou. Malgré les difficultés et les vols de motos par moment, le métier continue de s’étendre dans la cité des kotafons et les gens ne cessent de se confier aux agents de garde vélo pour la sécurité de leurs motos.