L’édition 2019 de l’African Green Revolution Forum (AGRF) a été officiellement lancée ce 3 septembre 2019 à Accra, Ghana. Cette rencontre place le digital au cœur du développement de l’agriculture.
Félicienne HOUESSOU
Le Forum sur la révolution verte en Afrique se déroulera sur quatre jours au Ghana. Plus de 2 300 délégués sont à Accra depuis pour l’ouverture de sa dixième édition. Au menu, des conférences, des récompenses, des réunions de haut niveau, des débats et expositions consacrés à cultiver le numérique à tirer parti de la transformation numérique pour les systèmes alimentaires durables en Afrique. Pour Agnès Kalibata, présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra), actuellement, 44% des Africains ont un téléphone mobile et ce taux devrait atteindre 50% d’ici 2025. « Les technologies digitales sont maintenant bien ancrées et il est de plus en plus important que nous continuions à trouver des utilisations à de telles innovations sur nos fermes. Allant de l’avant, la digitalisation va transcender chaque sphère de notre vie et il est fort probable que la plupart de nos investissements dans l’agriculture vont gagner en rendements de ce fait », a-t-elle déclaré.
En effet, AGRF est une alliance de partenaires qui se soucient, s’engagent et travaillent pour conduire la transformation agricole inclusive en Afrique. Il effectue chaque année une rotation dans les nouveaux pays hôtes avec des thèmes conçus pour mettre en évidence un domaine clé dans la conduite du progrès et un leadership éclairé sur les questions les plus pressantes de la transformation du secteur agricole en Afrique.
Le fort potentiel des PME
A cette occasion, le Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA) a présenté son rapport 2018-2019. Ce document a pour thème : La digitalisation de l’agriculture en Afrique n’est qu’à 6% de son potentiel. Il aborde le rôle majeur des PME qui est encore méconnu. Pourtant, les auteurs du rapport ont calculé qu’environ 40% de la valeur brute agroalimentaire du continent est créée par les PME qu’ils soient traders, transporteurs et transformateurs locaux. C’est autant que la valeur produite par sur les fermes. Les détaillants, quant à eux, représentent le reste de la valeur, soit 20%. « Le changement de situation a créé les conditions de croissance de ces PME. Parmi ces changements : les hausses de productivité agricole ce qui rend davantage de matières premières disponibles ; les investissements gouvernementaux dans les infrastructures comme les routes ; l’urbanisation rapide et massive ; le changement des régimes alimentaires avec une hausse de la demande pour des produits transformés; et les investissements en hausse de la part des entrepreneurs eux-mêmes », indique le document.
Le rapport souligne aussi que, par rapport aux PME, les grandes entreprises jouent un rôle relativement mineur dans le soutien accordé aux petits agriculteurs. Par exemple seulement 5% des fermiers sont liés directement par contrat à de grandes entreprises. Mais, avec le soutien adéquat, de grosses entreprises africaines, dont les supermarchés et les gros transformateurs (qui représentent maintenant 10 à 20% de l’économie agro alimentaire) offrent d’importantes opportunités. Par ailleurs, 70 à 80% du monde rural travaillent sur leurs propres fermes mais seulement à temps partiel et cela ne représente que 40% du temps de travail total dans les zones rurales. Ainsi, 60% du temps de travail est hors de la ferme et 40% de ces 60% est dans le système agroalimentaire comme la vente en gros, la logistique, la transformation, la vente au détail que ce soit pour soi ou en tant que salarié.