En prélude à la 27è conférence des parties (COP27), les ministres des finances des pays africains ont tenu une rencontre au Caire en Egypte. Un communiqué final rendu public au terme de cette assise a insisté sur l’urgence d’accroître le financement vert accordé à l’Afrique avec plus de conditions préférentielles et à donner priorité aux énergies fossiles.
Bidossessi WANOU
Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la COP27 qui aura lieu en novembre 2022 en Égypte sera l’occasion « de porter la voix des dirigeants africains, afin de mobiliser plus de soutien international pour un rétablissement écologique de l’Afrique ». Lors d’une rencontre préliminaire à la Cop 27, 24 pays africains se sont retrouvés en Egypte d’où ils ont invité les pays développés à accorder davantage de moyen à l’Afrique. « Nous exhortons les pays développés à tenir leurs promesses en matière de financement du climat et du développement, et à respecter leurs engagements de doubler les financements alloués à la transition écologique, en particulier pour l’Afrique ».
Au total, 24 Etats d’Afrique ont appelé les nations développées à tenir leurs engagements financiers en appuyant conséquemment l’Afrique face aux effets du changement climatique. Selon les données, disponibles, l’Afrique est confrontée à de réels problèmes de financement. En plus, sa vulnérabilité se trouve aggravée par le choc climatique. « La structure du financement climatique aujourd’hui est en fait biaisée contre les pays vulnérables au climat. Plus vous êtes vulnérable, moins vous recevez de financement climatique », croit savoir Kevin Chika Urama, économiste en chef à la Banque africaine de développement (BAD).
A l’en croire, l’Afrique était chaque année confrontée à un déficit de financement climatique d’environ 108 milliards de dollars. Il y a donc lieu d’aider le continent à faire face au défi climatique et surtout à s’adapter. A peine 5,5 % du financement mondial au climat est allé à l’Afrique, et pourtant, son empreinte carbone reste faible et le Continent souffre de manière disproportionnée du changement climatique. Dans leur communiqué, les Etats africains ont souligné « l’impact disproportionné du changement climatique (…) sur le continent compte tenu de sa faible empreinte carbone, l’Afrique contribuant à moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre » alors même que les « forêts du bassin du Congo » sont, avec l’Amazonie, le principal poumon vert de la planète et « captent le carbone ». Ensemble, les 24 pays africains ont exhorté à « réduire le coût de l’emprunt vert » et ont évoqué « le rôle déterminant des organisations financières internationales et des banques multilatérales de développement ».
Ayant pris part aux travaux, John Kerry, émissaire américain pour le climat a souhaité que la COP27 libère « l’énergie dont nous avons besoin pour changer le monde » car « nous sommes en difficulté », a-t-il reconnu. Zainab Ahmed, ministre nigériane des finances est intervenue elle aussi notamment sur la question de la transition et surtout du gaz. « Si nous n’obtenons pas de financement à un prix raisonnable pour développer le gaz, nous privons les citoyens de nos pays des possibilités d’atteindre un développement de base », a-t-elle affirmé. A cette assise, les ministres ont émis le vœu de la création d’un centre de la dette souveraine durable en vue de réduire le coût du capital pour les États en développement et soutenir les échanges dette-nature.